Publié par : youcefallioui | février 9, 2009

De l’utilisation de la littérature orale kabyle

Un exemple :

Du jeu des énigmes à la télévision et à la radio et… en classe

J’ai été heureux de constater que certains animateurs radio et télévision et radio  utilisent  mes livres sur les énigmes pour animer certaines de leurs émissions.

J’ai été également surpris que ces derniers ne citent jamais la source des énigmes qu’ils mettent en avant. Le recours aux sources est nécessaire à plus d’un titre. Je passe sur les aspects scientifiques que draine toute transmission. Par delà cet aspect, il est important que l’enseignant ou l’animateur restitue d’abord aux enseignés et aux auditeurs ou téléspectateurs les sources où ils peuvent approfondir le sujet traité pendant le cours ou l’émission.

L’étalage de l’énigme ou du conte ou du proverbe n’a de sens que s’il est restitué dans la situation qui a présidé à sa création. Quant un animateur de radio ou de télévision lance sans préambule une énigme à un téléspectateur ou un auditeur sans l’avoir explicitée auparavant, la personne à qui elle est ainsi exposée est incapable de saisir la globalité de l’énigme ainsi proposée : elle restera donc pour lui un mystère sans qu’il ait compris les tenants et les aboutissants de sa création. Ce qui provoquera alors en lui ou en elle un total désintéressement puisque le jeu ainsi proposé est complètement sorti de son contexte, voir désossé ! C’est pour cela que je m’étais appliqué à chaque fois à expliquer et à expliciter comment jouer et comment pouvoir créer ensuite soi-même une énigme : en s’appuyant notamment sur les mêmes règles de création que celles que j’expose dans mes ouvrages.

C’est pour rendre à la vie une partie de notre littérature orale que j’expose à chaque fois dans mes ouvrages sur les énigmes les règles de jeu, de création ainsi que toutes les situations qui concourent à la création et au maintien de ce jeu littéraire majeur.

Il est donc indispensable que l’animateur cite non seulement les sources d’où il a tiré son énigme (ou son conte), mais également d’expliciter d’abord à l’auditeur les règles de jeu et les autres paramètres qui peuvent permettre aux jouteurs de saisir la profondeur d’un tel jeu qui n’est pas un jeu ordinaire. Sans cela, le jeu n’a évidemment aucun sens, puisqu’il est privé des ses fondations.

Aussi, quant un animateur expose une énigme qui a été créée (par mon propre père) sans expliquer à l’auditeur le pourquoi de la syntaxe et de la morphologie générale de l’énigme, c’est une erreur étendue à plus d’un titre :

– Premièrement,  il a omis de citer l’ouvrage et l’auteur de l’ouvrage qui lui sert d’appui ; ce qui peut attirer davantage l’attention de l’auditeur ;

– Deuxièmement,  il omet de reprendre tout ce qui fait la profondeur et l’intérêt d’un tel jeu à travers les règles instaurées par les Anciens à la fois pour jouer et pouvoir en créer d’autres pour que la langue se perpétue ;

– Troisièmement, il ne rend aucunement service à sa communauté linguistique ni à sa langue qui est menacée de disparition. Si l’auditeur est à chaque mis en situation d’échec parce que l’animateur lui-même n’a pas respecté une certaine démarche qui est à la fois déontologique et scientifique, il commet un acte illégal en travaillant sur des pages photocopiées indûment. Plus grave encore, il porte ainsi atteinte à l’objectif même de l’auteur : maintenir et développer les liens dont a besoin la langue amazighe pour continuer de vivre et de se perpétuer.

Enfin, il suffit de prendre exemple sur les animateurs français des radios et et des diverses télévisions pour comprendre comment faire le travail tout en respectant l’auteur et les efforts qu’il avait fournis pendant de longs mois avant de proposer l’édition son ouvrage. Ce n’est qu’ainsi que l’animateur ou l’enseignant peut se dire qu’il a rempli entièrement son rôle de transmetteur et de faiseur de liens entre l’auteur, son ouvrage, et les auditeurs qui peuvent alors être appelés à découvrir par eux-mêmes l’objet des « jeux » (de la joute oratoire) qui leur sont proposés. C’est la condition première pour que les uns et les autres – locuteurs amazighes – concourent au maintien de cette langue millénaire plus que jamais menacée de disparition.

C »est aussi uniquement à cette condition que la langue kabyle peut continuer de créer encore des énigmes, des contes, des dictons et d’autres formes de littératures orales telles qu’elles ont été créées par le passé. Ce n’est donc qu’ainsi que la science avance ! Et dans le cas de tamazight, ces préalables sont de dernier recours, car je le répète avec force !, notre langue est menacée de disparition. L’animateur doit oeuvrer pour son maintien et sa diffusion en respectant les règles les plus élémentaires de transmission linguistique et littéraire. C’est une règle d’or instituée par les Anciens qui ont mis en application l’esprit des droits d’auteur avant même l’existence des ces dits-droits. Pour cela, il leur a suffit d’une pensée : « Qui énonce ce qui ne lui appartient pas, doit dire de qui il le tient ! » (win yennan maççi d-ayla-s ad yini ansi d-yekka !)

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