Publié par : youcefallioui | octobre 28, 2011

BRTV ou la voix amazighe

TAMYAGGERT N TEFSUT IMAZIGHEN

Manifestations pour saluer

le printemps berbère

Tasga n wedli amazigh di tilizri-amazighe (BRTV)

1 – Salon du livre berbère : 26 et 27 mars 2011

Venez nombreux encourager les éditeurs et les écrivains berbères.

Soyez avec nous les 26 et 27 mars 2011 au siège de BRTV 1 ter rue des Marais Montreuil.

Laârc yeddan di temγwer ittallay ansi d-yekka !

Tout peuple digne de ce nom doit se pencher sur sa culture et son histoire !

La culture d’un peuple est un miroir dans lequel il se voit.

Les Kabyles sont venus nombreux… les femmes et les enfants aussi étaient nombreux au rendez-vous, avec beaucoup de joie et avec une certaine soif, conjuguée bien souvent par les visiteurs avec cette fierté (bien kabyle !) de découvrir encore de plus près ce que cette BRTV a de magique et de kabylité et d’amazighité en elle.  Même les plus sceptiques se sont rendus à cette raison. Ils ont fini par comprendre que malgré les insuffisances d’un moment, la culture est toujours réfléchie, comme dans un miroir. Nous avons échangé dans notre langue (cela mérite d’être souligné),  dans le respect, la joie et le bonheur, de redécouvrir cette langue amazighe de Kabylie et d’ailleurs et de discuter, d’échanger – et même de « jouter » dans notre langue –  à propos de notre culture et de notre peuple.

Cette communion montre que le peuple kabyle est capable de se montrer exemplaire lorsqu’il s’agit d’une manifestation qui dit et porte haut sa langue et sa culture.

C’est vous dire que j’étais heureux, que nous étions heureux de communier ainsi autour de notre langue et de notre culture. Du coup, pendant deux jours, deux jours pleins d’échanges, de voix, de plaisir et de bonheur palpable chez tous les visiteurs qui ont eu la chance de participer à cet événement majeur organisé par BRTV, son fondateur, ses dirigeants et son personnel dévoués qui, malgré la fatigue, travaillent et abordent éditeurs et écrivains avec un grand sourire et une grande amabilité. Chacun d’eux – et chacune d’elles – a donné le meilleur de lui-même et d’elle-même.

Chacun par son nom, qu’ils en soient tous remerciés. Les visiteurs n’ont pas manquer de leur exprimer leur gratitude pendant nos échanges…

Les premières phrases sont toujours pleines de joie et de spontanéité. Elles  expriment d’emblée ce bonheur partagé ! Enfin, ce ne sont plus les autres qui font que nous nous rencontrons – nous nous retrouvons –  mais les nôtres  qui ont oeuvré (durement) pour nous permettre de vivre cet instant magique ensemble ; un moment qui a duré pour le bonheur de tous deux jours pleins…

NON PAS POUR DANSER MAIS POUR DISCUTER ET ECHANGER AUTOUR DE NOTRE LANGUE ET DE NOTRE CULTURE SANS LESQUELLES LE PEUPLE AMAZIGH NE SAURAIT EXISTER.

En effet, il est temps que – comme disait ma pauvre mère – nous ressemblions aux autres peuples : ils dansent aussi bien que nous, mais ils écrivent et ils lisent aussi dans leur langue.

La danse seule, malgré ses apports, nuit à l’élévation culturelle d’un peuple… La danse seule n’est pas synonyme de culture, mais de folklore !

Je voudrai rassurer mes frères et soeurs en leur disant que moi aussi j’aime la danse. C’est tellement beau de voir une femme berbère et notamment kabyle danser ! C’est une image qu’il est difficile de ne pas aimer…

J’étais enfant quand pour la première j’ai vu ma  propre mère se saisir d’un foulard et se mettre à danser sous les youyous et les applaudissements de sa tribu : les femmes. J’ai été émerveillé de constater ô combien ma mère était belle et farouchement belle ! Elle tournoyait sur ses pieds comme si elle venait de rajeunir de 20 ans ! Ses cheveux roux flamboyants s’évadèrent du foulard qui les tenait prisonniers… J’avais devant moi une femme heureuse et magnifiquement belle et j’ai compris pourquoi ma mère était si douce et si aimante envers nous et son mari, mon père…

Bien des années après, j’ai eu le plaisir de lui montrer mon premier livre qui venait d’être édité.  Je le lui ai dédicacé en kabyle, et comme elle ne savait pas lire, je lui ai lu la dédicace qui reprenait l’un de ses poèmes chanté, un poème qui mettait en avant l’importance de notre culture à travers le conte, le mythe et la poésie :

Ô parole qui se fait entendre

Faite de mythes et de légendes

Les pays qui t’abandonnent

En hiver de froid succombent !

Ô parole qui se fait entendre

Paroles sacrées et de poésie

Les pays qui t’abandonnent

Succombent sous la canicule de l’été !

Elle s’était mise à pleurer et finit par me dire quelque chose qu’elle n’a jamais osé exprimer jusque-là : »Tu vas te moquer de moi, mais j’ai de plus en plus envie d’apprendre à lire et à écrire en kabyle ! »

Elle avait alors 74 ans quand elle avait appris à écrire pour la première fois de sa vie.

Après avoir appris à écrire son nom, son prénom et celui de ses enfants et de mon père et son adresse, je lui ai posé la question suivante : « Si je te disais : quel est le mot le plus important que tu aimerais apprendre à écrire  maintenant ?

Elle m’avait répondu aussitôt : « Je souhaite apprendre à écrire le mot « conte » (tamacahutt).

Elle finit par me dire : » Je comprends maintenant pourquoi ton père te disait : « Ecris ce que tu peux en kabyle, tes enfants le trouveront. Cela te permettra également de mieux comprendre le monde et les autres ».  Grâce à l’ écriture  (en kabyle) nous serons comme tous les autres peuples qui parlent et écrivent dans leur langue. Et nous, quand nous mourrons, nous serons toujours là… »

Ma mère savait danser et faire tellement d’autres choses : c’était une grande poétesse, une grande chanteuse; une grande artiste : elle peignait les murs de sa maison de façon admirable ; elle faisait de la poterie de façon tout aussi magnifique et admirable… ; MAIS elle avait compris AUSSI que l’écrit était bien plus important que la danse !

Je voudrai donc dire à ceux qui, comme moi, aiment la danse kabyle :

VOUS aimez danser ? LISEZ AUSSI !!

ET VOUS AIMEREZ ENCORE DAVANTAGE LA DANSE…

Car comme disait un fameux grand danseur russe : « Ce que j’aime dans la danse, c’est la lecture… »  !

En termes de culture…

En 1995,  je rencontre un grand écrivain sud-américain.  Au cours de notre conversation, il me dit :  « J’aime beaucoup la danse kabyle… mais en dehors du folklore, j’imagine que vous avez autre chose à montrer au monde… Je parle en termes de culture… ».

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