Publié par : youcefallioui | mars 27, 2012

Berbères, selon Marie Foissy

A  Madame Marie Foissy

Conservatrice en chef du Patrimoine – Musée de L’Institut du Monde Arabe.

Déléguée au Ministère de la culture.
Déclaration de madame Marie Foissy rapportée par Sonia DESPREZ dans le magazine « A NOUS PARIS N° 558 DU 26/03/2012 au 01/04/2012.

« Les Arabies » englobe une extraordinaire diversité que traduit notamment la multitude des langues : « Le berbère, l’araméen, parlée par un demi-million de chrétiens du monde arabe, le kurde, le soudanais… « Le premier  thème de l’exposition s’interroge sur la façon dont s’est élaborée cette identité, et à quand elle remonte, autour de quoi se reconnaissent les Arabes : une langue, une culture, un héritage commun, et pas une confession. »

En lisant votre article dans lequel vous effacez d’une phrase le peuple berbère, j’ai été saisi de frayeur pour ne pas dire d’effroi ! Je n’ai pu m’empêcher de penser à beaucoup de choses. Mais, mon éducation et mon identité (berbères ou franco-berbères, ne vous en déplaise) m’interdisent d’utiliser  la violence verbale ou épistolaire vis-à-vis d’une personne de votre qualité, même si consciemment, elle commet un véritable ethnocide au travers d’une simple phrase.

Tout en vous faisant le chantre de l’arabité, au détriment d’autres identités. J’ai remarqué, en passant, que vous vous êtes montrée plus prudente à propos  des Turcs et  des Iraniens ! Comme je vous comprends : il est plus facile de s’en prendre à des peuples qui n’ont pas d’Etat pour les défendre ! L’auriez-vous fait si le peuple berbère avait un Etat prêt à le défendre ? Assurément non ! Mais, cela viendra, vous savez ! Il y a a peine une vingtaine d’années, le berbère était interdit de cité partout en Afrique du Nord !

Vous savez mieux que moi que le mot « Arabies » est d’invention récente. Il est apparu il y a quelques années comme nom d’un magazine d’informations en Tunisie. Par conséquent, ce lexème factice et « sans racines historiques »  ne porte aucunement la sémantique et le sens historique et anthropologique que vous lui attribuez. Au demeurant, j’aurai dit que c’est de votre plein droit si vous n’en faisiez pas un procédé douteux et a-scientifique, médiatique et idéologique, une sorte « d’anamorphose linguistique », un stratagème de contournement des faits historiques par lequel vous prenez la liberté (au nom de l’arabisme) d’effacer les peuples berbères et Kurdes d’un jet d’encre !

Egarement passager et opportuniste ? Racisme latent et inconscient ? Fausse conscience non maîtrisée ? Je ne cesse de m’interroger sur votre attitude.

Votre déclaration (qui peut semblait anodine !) est donc d’une  violence sans pareille pour  mon peuple qui aspire à vivre son identité pleine et entière. Pour les miens qui se battent un peu partout en Afrique du Nord pour qu’on le reconnaisse le droit à vivre comme un peuple différent, car ce n’est que comme cela qu’il peut enrichir l’humanité de sa propre identité, de sa culture et de sa langue.  C’est au nom de cette liberté universelle que la déclaration des droits de l’Homme reconnaît aux peuples à disposer d’eux-mêmes que je me permets de vous rappeler que 130 jeunes et moins jeunes berbères de Kabylie ont été assassinés de sang froid en Algérie en 2001, parce qu’ils se disaient Amazighs et non pas Arabes. Je me permets également de vous rappeler que les  Kurdes ont été  gazés parce qu’ils se disent Kurdes et non pas Arabes ! La liste est longue et vous la connaissez sans doute mieux que moi, même si… Chaque jour qui passe des Berbères sont brimés (quand ils ne sont pas assassinés). Vous le savez sans doute, même si…

Comme vous le savez, chère madame, l’évacuation des faits historiques – si  chers à tout historien sérieux et objectif – empêchent la juste compréhension des événements et des hommes. Pire encore, quand ces événements sont faussés et transformés en « fabliaux » pour paraphraser l’historien et père de la sociologie moderne, Ibn Khaldoun.

Je vais donc me réfugier derrière quelques historiens que vous connaissez sans doute.  Charles André Julien (que je cite de mémoire) écrit  dans « Histoire de l’Afrique du Nord » : « Les habitants de l’Afrique du Nord sont tous des Berbères que l’on nomme ABUSIVEMENT  DES ARABES » (Souligné par moi).

Il est vrai que beaucoup de Berbères sont aujourd’hui arabisés, mais ne se disent pas forcément « Arabes » : je vous renvoie au grand et regretté Kateb Yacine qui nous a quittés ou à Boualem Sansal qui, heureusement, est encore parmi nous  Mais près de 40 millions de personnes (de berbérophones (amazighophones) parlent encore la langue amazighe, c’est-à-dire, la langue berbère.

Vous dites avoir vécu en Tunisie. Alors vous avez certainement vu la statue d’un grand historien qui s’appelle Ibn Khaldoun. Permettez-moi de vous engager à lire ces lignes qui viennent de lui ; de son « Histoire des Berbères » (que certains Arabes n’apprécient guère !)

« L’Histoire est une noble science. Elle présente beaucoup d’aspects utiles. Elle se propose d’atteindre un noble but. » Disait Ibn Khaldûn dans son introduction à l’ouvrage  » : Discours sur l’Histoire universelle » connu davantage  sous le nom arabe « Al-Muqaddima ». Pour Ibn Kahldûn, l’Hisoire est une discipline qui doit être d’un apport positif à l’humanité. Il estime que celles et ceux qui écrivent l’Histoire doivent être animés d’un esprit réfléchi tout en disposant de nombreuses sources et de connaissances très variées, car il faut surtout éviter l’erreur. Par ailleurs, pour Ibn Kahldûn, l’historien doit avoir la maîtrise des principes fournis par la tradition, les fondements de la politique ainsi que la nature même de la civilisation et les conditions qui régissent la société humaine.

Selon Ibn Kahldûn, certains historiens arabes ont commis bien des erreurs. Dépourvus de toute réflexion et critique, « ils s’égarent loin de la vérité pour se trouver perdus dans le désert de légèreté et de l’erreur ».
Ces derniers ont écrit sur l’origine des Berbères (Imazighen). Ces écrits sont qualifiés par Ibn Khaldûn « de fables ». L’on devine que ces fables ont pour but de faire venir les Berbères de la péninsule arabique et leur trouver des ancêtres arabes ! Quid de cette fable ? Interdire aux Berbères de se revendiquer comme peuple différent et entier que l’on veut à tout prix arabiser : ce que vous faites d’une ligne !!

Ces écrits, qualifiés de « fables » par Ibn Khaldûn ont pour but de faire disparaître, « de faire diluer » (comme vous le faites si bien !) le peuple berbère-amazigh, sa langue, sa culture, son identité en somme dans quelques « arabies », portées par « l’idéologie pétrolière », où les mots de « liberté », de « diversité linguistique et culturelles », « identités diverses et variées » doivent être bannies.
Ibn Khaldoun avait écrit que « Les Berbères sont une grande nation dont Dieu prendra à jamais soin ». Nous revendiquerons à jamais (et dans la paix) le droit à notre différence et à notre identité (et à ce « soin divin »).

Le peuple berbère est l’un des premiers peuples venus sur cette terre. Peuple autochtone d’Afrique du Nord, il ne demande rien d’autre que de vivre en paix, dans sa langue, sa culture et son identité.

Nombreux sont les historiens qui affirment que les  Berbères témoignent d’une civilisation de plus de 9000 ans. Savez-vous, chère madame, que des dynasties berbères avaient édifié les premières pyramides ?  Aujourd’hui, des millions de Berbères (Imazighen) se revendiquent de cette histoire,  d’un présent fertile, d’un avenir meilleur et d’un renouveau berbère qui va  encore défier ceux qui veulent les faire disparaître comme vous le faites d’un trait nonchalant, inconséquent et absurde.

Les Berbères aiment la culture et l’amour. Ils travaillent dans le silence, la paix et le respect des pays qui les accueillent. Je vous invite à vous pencher sur tout ce que les Berbères réalisent aujourd’hui en termes de recherches scientifiques, de culture  sur leur terre, en Afrique du Nord (Tamazgha), en France (en leur qualité de Franco-berbères)  et dans le monde (que ce soit aux USA ou au Canada).

Il vous suffit, chère madame, de vous pencher sur les Mouvements Associatifs Berbères en France et à travers le monde pour que vous preniez conscience (du moins je l’espère !) ce que votre discours peut contenir comme mépris et dédain à notre égard. Savez-vous, chère madame, que la langue amazighe est langue officielle au Maroc et qu’elle est enseignée comme telle et comme langue nationale en Algérie ?

Je ne voudrai pas prendre trop de votre temps si précieux car vous le consacrez  manifestement à une œuvre plus réifiante et déréalisatrice. Mais est-ce normal de tenir des propos aussi irresponsables sous prétexte que vous êtes payée par l’IMA ? Dois-je vous rappeler – avec tout le respect que je vous dois – que vous vous honorerez davantage par votre objectivité et votre probité ?

A la fin de votre déclaration, vous dites : « Je suis sortie de l’institution pour aller à la rencontre d’anthropologues, d’historiens, de chercheurs au CNRS, en tout, plus de 70 personnes ! Avant de décider, j’avais besoin de comprendre. »

Soudainement, un doute affreux m’envahit  concernant l’impartialité de ces historiens que vous auriez rencontrés. Sont-ils dignes de ce nom ?… S’ils l’étaient, chère madame, ils vous auraient invitée à la mesure. Ils vous auraient  guidée pour mieux comprendre que les identités que vous citez ne se réduisent pas comme vous  l’énoncez de façon légère à une arabité idéologique et idéologisante.

Beaucoup d’Arabes sont mes amis et je considère ceux qui sont arabisés comme mes frères. Certains d’entre eux cherchent aujourd’hui à renouer avec cette langue et cette identité, qu’ils ont perdues à cause de l’arabisation. J’ai bien peur qu’en vous lisant, ils se disent : « à quoi bon ! »

Si l’arabité se résumait à l’aune de votre analyse, chère madame, alors nous tomberions dans cette arabité que Boualem Sansal a qualifiée « d’un racisme d’une  effroyable monstruosité. »

Une idéologie certaine et chosifiante semble vous guider ; et contrairement  à ce que vous affirmez, permettez-moi, chère madame, de vous dire que vous n’aviez rien compris !

Souffrez que j’abuse encore de votre  temps pour vous faire connaître quelques pensées du peuple berbère autochtone qui est viscéralement attaché à son identité. J’ose espérer  qu’elles vous  feront méditer ; et pourquoi pas vous ramener à la science et à la raison que l’idéologie ignore.

–  « Ô Souverain Suprême ! Si j’ai quelque considération à tes yeux, laisse-moi comme tu m’as fait ; comme je suis né ; comme ma mère m’a élevé » (Ay Agellid Ameqqwran, ma yella âazizeγ γur-ek, anef-iyi akken i-yi-d tejnid ;  akken i d-luleγ ; akken i-yi-d sekker yemma ! »

–  « Celui qui a une langue se sent en sécurité car il sait ce qu’il est et ne se confond pas dans une autre identité. » (Win isâan iles yetwennes : yehsa d-acu yella ; ur ifessi di tnekwa g_wayed  !)

–  « Si Dieu te réclame ton cœur, donne-le lui ! S’il te réclame ta langue et ta terre, dis-lui : Non ! Car sans ta langue et ta terre, tu n’as plus ni  cœur ni foi ! » (Ma yessuter-ak-d Ugellid Ameqqwran ul-ik, efk-as-t ! Ma yessuter-ak-d iles-ik d wakal-ik, in-as : Ala ! Mebla iles-ik d wakal-ik, ur tesâid ul, ur tesâid tasa !) 

Lien : Interview de Marie Foissy, Conservatrice en chef du Patrimoine – IMA.

Youcef Allioui – – Ecrivain berbère – Psychologue   (le mardi 27 mars 2012).

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Réponses

  1. Cher monsieur Allioui,

    Je découvre votre magistrale réponse à cette dame qui se permet de nier notre existence, nous les Imazighen. Et personne ne bouge ! Votre article est d’une telle rigueur ! J’espère qu’elle a fini par comprendre que les Berbères – comme vous dites – ne se diluent pas dans « Les Arabies », mot, comme vous le précisez si bien, est d’invention récente.
    Malheureusement, les Imazighen se confondent en gesticulation au lieu de construire et de veiller à leur survie. Ils font de beaux discours, de belles manifestations en criant ; mais ils oublient toujours l’essentiel. Là où j’ai été heureux de vous découvrir c’est à travers votre livre sur les Archs : jamais je n’ai lu une livre aussi intéressant sur la Kabylie ! Et puis, la cerise sur le gâteau : le chapitre à la fin de votre livre sur « Le projet de société » que doivent construire les Archs. Malheureusement, nous avions eu à faire à un semblant de Jésus – Barbichette et cheveux longs – qui n’avaient rien compris au problème des Archs car sa connaissance de la Kabylie est très limitée. La suite avait démontré qu’il était – j’oserai dire – à côté de la plaque ! Je pense que vous avez parfaitement raison de mettre l’accent sur la langue et la culture kabyle et c’est tout là notre survie et notre avenir. Je me permets de redire que le reste n’est que gesticulations : il suffit de jeter un coup sur Internet. Votre dernier livre est attendu par ma famille et mes amis avec impatience car je sais qu’il sera exceptionnel comme les précédents, surtout celui que vous aviez déjà consacré aux Enigmes et aux joutes oratoires. C’est beau, riche et d’un Espoir sans fin ! Je me suis amusé à lire quelques énigmes et quelques joutes oratoires à ma mère : je ne l’ai jamais vue aussi joyeuse ! Savez-vous ce qu’elle avait dit à propos de l’auteur : « Cet homme est d’une lumière semblable au soleil ! » (Argaz-agi icba tafat n yitij ! Ay asaâd g_emma-s !) Je vous quitte avec le grand respect que j’éprouve pour vous. Je voudrai tellement vous rencontrer !
    M. Idir.

    • Cher ami,

      Il faut faire attention, sinon je vais finir par prendre la grosse tête !
      Je pense que l’article auquel vous faites allusion est très blessant pour les Imazighen. Mais ma réponse n’est malheureusement pas suffisante ; il aurait fallu qu’à chaque fois qu’une telle bêtise circule sur nous qu’une Association prenne le relais. Un écrit individuel ne vaut rien ! Quand les Imazighen veulent faire valoir quelque chose, ils doivent – dans le cadre associatif – emboîter le pas, si je puis dire, à l’initiative individuelle – que ce soit la mienne ou bien celle des autres, comme par exemple ce docteur kabyle qui vient d’écrire à Obama. Notre réaction ne vaudra que si notre interpellation est suivie par une autre plus collective. Vous savez, j’ai souvent écrit à des gens – journalistes, écrivains, historiens et même des hommes politiques – je n’ai jamais un DROIT DE REPONSE. Tous les articles que j’avais fait en réponse à des manquements à notre identité (je ne vous cite que le dernier en date : Jean Daniel qui traitait Mouloud Mammeri et Mouloud Féraoun d’Arabes, dans « Le nouvel observateur » de février 2011). Mon droit de réponse n’a jamais été publié ! Ceux que j’avais adressés à d’autres n’ont jamais été publiés. SEUL François BAYROU m’avait un jour répondu sur ce problème d’amazighité et d’identité berbère.
      C’est vous dire que nous avons besoin plus que jamais d’UNION ! Je vous remercie de « lire » l’un de mes ouvrages avec votre mère. Ce qui montre que j’ai parfois bien fait – au grand dam de certains amis – de m’être censuré de façon à ce que la lecture puisse être familiale.
      Je vous remercie pour vos encouragement et que Matoub Lwennas, Dda Lmulud, Slimane Azem, mon ami d’enfance Massine Haroune fassent que je reste toujours dans les voie(x) qu’ils nous ont tracées et faits entendre !

      A vous et à tous les Imazighen – où qu’ils soient – mes salutations les plus fraternelles.

      YA

  2. Ut mattaten ara yergazen ama krend wiyad, nous sommes comme ça, nous sommes des amazigh, A dda youcef vous faites un travail remarquable, j’ai hâte de lire votre dernier ouvrage consacré aux énigmes kabyles, je vous souhaite une longue et heureuse vie, plus que jamais la Kabylie a besoin de nous tous, nous devons construire l’avenir, mon voeux est que la Kabylie soit autonome ou du moins un Etat fédéral, et notre culture rayonnera, car il y a un danger éminent, et vous le savez mieux que moi, notre identité est menacée de toutes parts. Bon courage a dda Youcef.

    • Azul a Hacène !
      Tanemmirt af awal-ynek azidan. Ayen ttarugh i yergazen am kecci d wid ttid i-k icuban. D-ayen ibanen, atas igh-d iâussen ttrajun a-nemmet. Nekwni seg Igduden Imezwura ; akken qqaren Imgharen nnegh : nekwni d-Att-murt (nous sommes des autochtones). Mais à la différence des indiens qu’on a exterminés et que l’on continue d’exterminer, nous avons des traditions et une langue qui véhicule un système de pensée capable de faire face à tous les dangers. Le seul danger que nous courrons est interne : il est propre aux Kabyles et aux Imazighen en généra. Mais je pense d’abord aux Kabyles qui manquent de discernement et d’union. Nos partis politiques sont là pour nous tenir éveillés : rien n’a été fait pour la Kabylie. Il faut donc que nous nous battions sans nous laisser impressionner par ceux qui veulent notre disparition. Notre résilience est au-dessus de tout ce que l’on peut imaginer. Si les Français n’ont pas réussi à nous faire disparaître, aucun ennemi – fut-il de l’intérieur, comme l’arabo-islamisme – ne pourra le faire. Tel est le message de nos ancêtres : Aucune pensée, aucune main et aucune religion ne nous effacera !

      Tanemmirt-ik. Lehna tafat, ar tufat a gma-ynu !

      Yusef Alliwi.

  3. azul fellek a Mass Yucef
    c’est avec un grand honneur que je m’adresse à vous par le bais de fb pour vous dire toute mon admiration devant le grand homme de culture que vous êtes ,homme que j’ai découvert pour la première fois sur le plateau de brtv .
    j’ai beaucoup aimé votre simplicité relationnelle quand vous évoquez votre grand-père , votre père , votre grand-mère et votre mère ………vous dégagez un profond respect pour la structure familiale kabyle en particulier et par delà la vie sociale kabyle dans les archs en général.
    votre réponse à Marie Foissy est encore plus édifiante et celle-là qui m’a poussé à vous écrire ce soir .
    pour terminer , je voudrais vous annoncer qu’un groupe de jeunes du village LUDA , arch n’at waghlis ( Chemini ) vient d’inaugurer une stèle imposante de MASSENSEN à l’entrée de la daira de chemini au dessus de laquelle flotte désormais le drapeau de TAMAZGHA .
    pour vous dire que le flambeau n’est pas encore éteint , même si l’école algérienne fait tout pour travestir l’histoire ……….vous êtes de ceux qui ont perpétué le combat ………
    merci encore une fois de me compter parmi vos amis
    muhend tayeb n’at amara
    Mohand tayeb AMEUR

    • Azul a Muhend Teyyeb !

      Siwel (s tmazight) Rebbi a-k d-isel !

      S zznaf i d-tfegh awal-ik. S zznaf i sligh s taâncurt i tessulim i later d-usmekti n Ugellid Masensen. Ssaramegh yiggwas a d-asegh ghur-wen i wakken ad zuregh amkan-agi di lâarc (n imawlan yakw d-imdukal d ljiran) n’At Weghlis.
      Ar tufat, lehna tafat !

      Yiwen wedris i kecc yakw d-Imazighen anda ma llan.

      Les Berbères – Imazighen et leur culture

      « Qui sont-ils ces Berbères qui se disent « Hommes libres » (Imazighen) ? Une nation ? Une langue et une culture ? Une ethnie étrange et mythique ? » Tant de questions qui reviennent encore à travers de nombreux écrit !

      Depuis leur participation active à la guerre contre le colonialisme français, les Imazighen se voient attribuer d’innombrables tares ! Les pseudo-spécialistes occidentaux (notamment français) et certains individus qui passent pour des intellectuels alors qu’ils sont mus par l’idéologie dominante semblent s’être donné le mot sur ce vaste et riche monde berbère. Ils s’entendent pour noyer le peuple berbère dans un monde réifié et réifiant, après lui avoir octroyé une sorte d’existence folklorique, sans consistance et sans avenir ; une sorte d’existence mythique où le mythe signifierait, à leurs yeux, illusions et mensonges.
      Ignorance, mépris, racisme ou vengeance, ou tout cela à la fois ? Sheshonq, réveille-toi ! Ton peuple va disparaître !
      La réponse serait trop longue ; elle entre dans ce que Joseph Gabel appelait « la théorie du globalisme » où le partage géopolitique du monde doit correspondre à des blocs monolithiques, car les grandes puissances voient d’un mauvais œil les différences.
      Pour nous, le mythe amazigh – le mythe de nos ancêtres – signifie davantage une force de vivre sans cesse renouvelée ; ces extraordinaires et nombreuses guerres et insurrections contre les envahisseurs qui les animent depuis plus de deux mille ans pour défendre leur terre. Comment méconnaître les combats d’un Jugurtha (Yugurten), d’une Kahina (Damya Dihya At Tabet) ou la fabuleuse aventure des Kotamas (Igu-Tamen) de la Kabylie des Babors (Ababur) aidés des nations de la Soummam et du Djurdjura ?

      Comment ignorer la conquête de l’Espagne par Tariq et Youssef Ibn Tachfin ou les insurrections d’El Mokrani (Mohand Ameqqwran) – héritier du grand royaume kabyle dont l’aura et la puissance s’étendait sur presque toute l’Algérie, au point d’avoir un ambassadeur en Espagne et à la cour ottomane ?
      Comment oublier le grand et sage Abdelkrim qui fondit la république du Rif ?

      Comment oublier l’œuvre d’un Massinissa qui avait donné tant de terres et de jardins fertiles à son peuple ? Tout ceci renvoie vers un passé encore plus lointain mais encore plus glorieux, celui de Sheshonq 1er, roi berbère qui devint grand pharaon d’Egypte, fondateur de la XXIIème dynastie.

      Et si l’histoire de l’Afrique du Nord était contée (enseignée) aux enfants à l’école ?
      Nous aurions eu une Afrique du Nord fière de ses origines et de sa culture à laquelle beaucoup de peuples avaient emprunté. Et si l’histoire de l’Afrique du Nord était contée aux enfants à l’école ? Ils auraient su que beaucoup de valeurs mises en place par la cité berbère étaient en avance sur leur temps : le droit d’asile, la démocratie, la séparation de la religion et du politique, la laïcité fondée sur les valeurs universelles auxquelles chacun doit croire ce qu’il a envie de croire.
      Car, aux yeux des Imazighen, la liberté de chacun dépasse toutes les croyances sur lesquelles les anciens Kabyles prêtaient serment : « Chaque pays a ses visages, mais Dieu est partout le même ! » (Yal tamurt s wudmawen-is, ma d Rebbi yiwen i’gellan !)

      (Extrait du livre : Y. Allioui, Histoire d’amour de Sheshonq 1er – Roi berbère et pharaon d’Egypte – Editions L’Harmattan, mai 2013).


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