Publié par : youcefallioui | novembre 23, 2012

LES GARDIENS DE LA CITE – IΣESSASEN N TADDART

LES GARDIENS DE LA CITE

IΣASSASEN N TADDART

Depuis plusieurs années, beaucoup de problèmes socio-politiques et de déviances sociopsychologiques et culturelles minent la Kabylie . Et cette situation va en s’empirant. Insécurité dans tous les domaines. Agressions multiples. Enlèvements. Drogues. Incendies ravageurs des forêts et des champs d’oliviers et de culture qui minent aussi la santé des femmes et des hommes ainsi que des enfants en bas âge. Traumatismes divers qui mènent vers le suicide des jeunes qui n’ont plus de repères visibles et rassurants.

(Il me revient en mémoire ce conte où un figuier,  dont les parents prenaient grand soin, ramenait à la vie leur jeune garçon qui venait de se suicider.) 

La Kabylie fait face à un ensemble de faits aliénants et réifiants qui la remettent dans des circonstances analogues à celles auxquelles elle avait face pendant la colonisation. Pourquoi ne réagit-elle pas de la même façon pour se défendre ? Pourquoi les Kabyles se sentent-ils démunis (surtout les femmes) face à toutes ces destructions et ces déstructurations qui touchent tous les âges et toutes les familles ?

Mille et une questions surgissent devant la tragédie que vit la Kabylie aujourd’hui. Mille et une questions qui resteront sans réponse tant que les Kabyles n’iront pas les chercher dans leur langue et leur culture. Mille et une questions qui correspondent aux mille et un maux que vivent les Kabyles et leur province.

La réponse est dans notre langue et notre culture. Imaginez un instant que chaque village s’organise – comme l’avait fait la Kabylie pendant la guerre d’Algérie. Comme l’avait fait notamment l’Arch des Awzellaguen, quand il fallait accueillir les organisateurs du Congrès de la Soummam (Agraw n Welma Asemmam).

Chaque village des Awzellaguen avait commencé par désigner les jeunes qui devaient prendre la responsabilité de devenir, comme dans les temps anciens, « Les Gardiens » du village (Iâassasen n taddart) ;Dés lors, tout ce qui se passait dans l’Arch des Awzellaguen était su et contrôlé par ses « Jeunes Gardiens » en liaison étroite avec les 2000 maquisards des Awzellaguen. Grâce à cette organisation, le Congrès de la Soummam s’était passé dans une sécurité absolue et au nez de l’armée française et de ses services secrets.

Sans cette organisation, connaissant les services secrets de la France coloniale, quelques traîtres auraient vite fait de porter la nouvelle. Or, l’organisation avait permis de sensibiliser tous les habitants de l’arch qu’il fallait qu’ils conservent ce secret, car il y allait de la vie des organisateurs et des maquisards des Awzellaguen qui assuraient leur sécurité. Ceux qui étaient tentés de faillir au devoir de résistance avaient certainement réfléchi à deux fois devant une telle organisation : ils devaient se dire : « Les jeunes gardiens de la révolution » vont vite le savoir… ».

C’est ainsi qu’il faut nommer ces jeunes qui ont permis que le Congrès de la Soummam se passe dans une totale sécurité. Aucun historien n’en fait aujourd’hui mention, et pour cause ! Ils ne sont au courant que des faits et des évènements qui avaient cours en français. Seule la langue kabyle et l’organisation ancestrale de la cité berbère de Kabylie pouvaient donner une réponse adéquate à la tragédie que vivait l’Algérie face au colonialisme français, féroce et barbare.

Aujourd’hui que la Kabylie fait de nouveau face à une tragédie analogue, mais plus funeste et plus dommageable car elle émane de « l’intérieur », chaque village doit de nouveau faire appel à notre langue et à notre culture qui, seules, peuvent remettre debout l’ancienne organisation héritée de nos ancêtres. Chaque village ou chaque arch (dans le cas ou les villages, comme aux Awzellaguen, ont été détruits par les Français, doit s’organiser de la même façon.

Ce n’est qu’ainsi que la Kabylie s’en sortira face à ce grand danger qui, telle une pieuvre, l’entraîne chaque jour vers la mort. L’organisation kabyle ancienne est incontournable si on veut que la Kabylie se ressaisisse et s’épargne toutes les déviances et les violences qu’elle est en train de subir ; violences qui rappellent celle de la guerre d’Algérie dont la Kabylie a été le fer de lance face au colonialisme.

Ce n’est qu’en s’appuyant sur la langue, les Institutions et l’organisation traditionnelles kabyles que la Kabylie sera en mesure de combattre tous les dangers avec succès et ce quels qu’ils soient et d’où qu’ils viennent ! Comme disaient si bien nos mères : « C’est dans la langue de ta mère qu’il y a sauvegarde ! » (Di tmeslayt g_emma-k, i’gella leslak !)

Que nos politiciens arrêtent de se taper dans les pattes et déclarent une union sacrée pour que la Kabylie continuent de vivre ; car, cela n’est un secret pour personne : on veut la tuer !

J’entends quelques ahuris – qui se comportent en « grands savants des institutions modernes » – critiquer cette organisation dont ils ne connaissent rien, absolument rien ! Sinon ce qu’ils ont lu ici et là… et l’on devine sans mal chez qui. Ces « grands savants » à la petite semaine ne connaissent ni le Kabyle, ni la Kabylie et encore moins cette organisation qui avait permis une résistance sans faille, pendant près d’un siècle et demi contre le colonialisme  !

Aujourd’hui, certains villages possèdent déjà des « Comités citoyens ». Il existe d’autres termes kabyles qui peuvent remplacer ces expressions venues d’ailleurs. Néanmoins, ces comités peuvent revenir à l’essence de l’organisation ancienne de la cité kabyle et commencer par désigner les jeunes qui peuvent assurer le rôle et la responsabilité de « Gardiens » (Iεassasen) que nous avons hérité de nos pères.

C’est un préalable indispensable pour mettre fin à la tragédie que vie la Kabylie (Tamawya, comme disaient les Anciens). Seules la langue et la culture des ancêtres peuvent sauver la Kabylie !

Imaginons un instant (aussi !) que l’on rende obligatoire Lounis Aït Menguellet, Slimane Azem, Matoub Lounès et Ferhat Mhenni dans les écoles, dans les cars, tous les lieux publics, y compris les Mairies et la rue kabyle.

Un rêve ? Il faut faire des rêves pareils !

Les enseignants de tamazight doivent soigner leur kabyle – qui est une langue magnifique – en commençant leurs cours par des chants, des poèmes kabyles anciens ou de Si Mohand. Reprendre tout ce que véhicule la langue kabyle à travers sa culture. Faire connaître les textes de Mouloud Mammeri, de Jean Amrouche et de bien d’autres qui ont oeuvré leur vie durant pour leur pays.

C’est un travail de recouvrance indispensable, donc de longue haleine, pour que la Kabylie reprenne vie, à travers sa langue et sa culture.

Au fronton des écoles, des mairies et des Universités devront être inscrite – ici et là – comme un credo, un slogan, quelques devises :

« Ecoutez  Aït Menguellet, Slimane Azem, Matoub Lounès et Ferhat ! »« Wlac azal nnig tutlayt tamazight ! »

 Cette devise – inscrite sur tous les frontons des écoles et des Universités Kabyles – redonnera vie à la Kabylie. Elle lui redonnera aussi la paix et la prospérité ainsi que la fierté qu’elle a su cultiver et sauvegarder au fil des siècles ! La terre d’Algérie est une terre sacrée (akal ademghi). La Kabylie est capable de faire de notre pays, selon l’expression des anciens Kabyles : « Une Algérie des lumières » (Lezdayer n tafat).

Un rêve ? Il faut faire des rêves pareils !

D’aucuns me traiteront de naïf. Je revendique cette naïveté. Nous disons en kabyle : « Il n’y a pas plus rusé que le chacal, mais il n’a jamais réussi à se construire une maison ! »

 Les anciens Kabyles disaient « naïvement » : « Anda wlac nniya, temmut lefhama ! » Akken qqaren daγen Imezwura : « Anda yella wul n teqvaylit ad awden Iqvayliyen » !

Un rêve ? Il faut faire des rêves pareils !

Nos jeunes se suicident parce qu’ils n’arrivent plus à rêver. Pire encore, pour paraphraser Lounis Aït Menguellat : « On est entré dans leur rêve et on l’a transformé en cauchemar ! »

Comme me disait l’un des Anciens centenaires des Awzellaguen, Dda Lakhdar Udjaâbi, que nous appelons « Grand-père » (Jeddi) et qui vient de nous quitter : « Sans rêve, point de rigoles d’une vie décente ! » (Mebla tirga, wlac tiregwa ! »)

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Réponses

  1. azul a mass Allioui,

    je vous ecrit d un pays tres lointain, j ai pu voir vos conference que j ai trouvé par hazard sur google lorsque je resent la nostalgie qui deborde dans un pays oú tu entend tres peu une voie parlant berbere, et meme arabe ( surtou l arabo-algerien).je vous remerci vraiment du fond de coeur pour vos recherches qui sont inestimable, car vous essayez de recuperer ou disons sauver notre langue, l une des plus vieille au monde, du naufrage.
    moi de mon coté, je sensibilise ma mère de me rappeler ce dont elle se souvient pour sauvegarder les mots et expression ancienne que nous les jeune nous n avons pu enregistrer faute d indifference et l effet du system algerien combiné avec notre grande tendence à etudier intencement les langue etrangeres, et delaissant notre belle langue maternelle.on nous a inculqué cette idée fausse qui consiste à considerer les langue des pays ddvelopées superieures à la notre.alors que la linguistique presente toute les langue dans le meme niveau puisqu elles sont arbitraires, ayez la liberté de me corriger si je me trompe.
    nous avons perdus trop de mot, nous avons denaturé bocoup d autres, créé des doublons qui viennent de l atabe et du français.c est une catastrophe linguistique et culturelle.
    je vie dans un milieu hispanique, et croyez moi que j ai decouvert bocoup de mots espagnoles et qui ont une origine berbere, car eux ils descendent des mores qui sont alle conquerir l endalousie, mais maintenant ils ont tout oublié, ils se sont mêlé avec d autres races et se sont metissé avec eux.
    je fais ce que je peu avec ce j ai comme temp et information dans ce monde difficil, etranger, inpitoyable.j essaye d utiliser le peu dd savoir en lague que j ai et l appliquer afin de depoussierer les mots originel amazigh.

    tanmirt s watas atas

    • Azul a Abderzak !

      Tanemmirt af awalen-ik izidanen, iferzen fersen di tegwnitt yettwaghen fell-agh assagi. Atas n igerrujen i d-jjan Imezwura nnegh ur nessin ara ! Assa neghli-d ar kra LES MODERNISTES i-qqaren belli ayakw ttiqdimin ! Amuzun nutni bnan ddunnit ggwdhen ar tegwnaw ssarden-t sinna ughalen-d ar tmurt ! Wigi-ni irran iman-sen d-Imetraren, nutni iban belli d lqella n tmusni isen igan akka. Deg’wayen ur ssinen, bac ad inin : Ur nessin ara, nagh d-aya kan i nessen, qqaren : « Nekwni nessen kulci ! » Nutni ur nezri d-acu i d-snulfan !
      Ihun Ugellid Ameqqwran llan wid yufraren, fehmen kkan-d sennig-sen !

      Llan daghen widak nnidhen ikerzen di tismin ! Ad afen argaz bac a-t-id ssalin, asel ! Ad wwten bac as kksen awal yerna as reglen iberdan !

      Llan daghen wiyadh, erran-t i ccrab ttissit, ur zrin anda yteddu wasif, netta i ttawi deg’sen ar txessart !

      Llan wiyadh, cegwlen kan d-usurdi ! Asurdi ur nesaî lmaâna : ur bennun sbiter, ur bennun tasdawit, tamkartidh, nagh tamsizegt zdat wasif nagh ighzer bac ad seffin aman deg’dhuman ! Akken qqaren zik nni, ittak Rebbi irden i yar tughmas ! D-acu ixeddmen ? Bennun lejwamaâ ! Werjin yiwen deg’sen as yini d-acu ilaqen i taddart-iw, i yemgharen, i warrac imectuhen, i tlawin ur zrint and’ara ffghent !
      Ur xeddmen iberdan, ur berrzen tamurt iccuren d-idhuman s ccrab d lbirra !

      D-acu i d-iqqimen ger wigi ixeddmen di txessart ?

      Qqimen-d IRGAZEN ! Irgazen iteddun af tmurt ! Irgazen iteddun af tmusni ! Irgazen ikkaten af izerfan n wegdud amazigh ! Irgazen ittnadin af tmusni ttusna i d-jjan Imezwura ! I-mi zzran belli AGDUD YEDDAN DI TEMGHWER, ITTALLAY ANSI I D-YEKKA ! Akka iqqaren Imezwura !
      Acugher ! I-mi wlac ayen ara d-iqimen di ddunnit ! Wid isâan asurdi nwan ur ttemmmaten ara !

      Ala wid yedda af ugdud nsen am Tawes Amruch, Jean Lmuhub Amruc, Maâtub Lwennas, am Sliman Azem, am Dda Lmulud, am Kateb Yacine NAGH ASSA FERHAT : WIGI WERGIN AD MMTEN ! Acugher ! Axater nagh acku : AGERRUJ NSEN ICCUR T-TAMUSNI N IMEZWURA NNEGH – ICCUR S TMUSNI, s-izerfan yakw d webrid UZEKKA : WIN N TMAZIGHT TTUDERT ISAAN AZAL TTAFAT N DDUNNIT !

      Argaz yellan d-argaz – tamettut yellan t-tamettut ttwalin tafat, teddun di tafat bac agdud-nsen yiggwas a d-iffegh si tlam !

      Nekwni nettkel af tlawin d irgazen am keccini – Dgha nedda deg’wsirem i-gh d-jjan Imezwura ! AGDUD YUHWAJ TILAWIN D IRGAZEN ITEDDUN AF TAFAT, di TAFAT ! Macci d-asurdi i’gettawin agdud ar lebda d webrid yelhan : kullec t-tamusni !
      Ar tufat, lehna tafat af tlawin n tafat af Irgazen n tafat n Tmazgha – anda ma llan – I-mi kra ggwin iddan af tidett ttmusni ttusna yessawadh !

      Akken qqaren daghen Imezwura : ANDA YELLA WUL YETTNADIN TAFAT KRA UR T-ITTFAT !


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