Publié par : youcefallioui | juillet 19, 2013

Awzellaguen – L’arch roi et le Congrès de la Soummam

Ouzellaguen – Organisateurs du Congrès de la Soummam

Awzellaguen – Imsuddas n Wegraw n Welma Asemmam

(Juin à septembre 1956)

PREMIERE PARTIE

 

Appel à témoins :

 –  QUE SONT DEVENUS SI LAKHDAR ET FIFI ?

La préparation du Congrès de la Soummam commença très tôt dans les villages des Awzellaguen. Des groupes de jeunes d’excellence furent mis sur pieds pour veiller à la sécurité de tous les villages. Les villages ont ainsi replongés dans l’histoire ancienne de la Kabylie. Comme cela se passait jadis, notamment pendant l’insurrection nationale de 1871, chaque Assemblée de village désignait « Les Gardiens de la cité ». Les jeunes ainsi nommés et désignés doivent veiller aux moindres mouvements qu’ils fussent étrangers, extérieurs ou intérieurs pour que l’événement qui allait être l’acte fondateur de l’Algérie indépendante ait lieu dans une sécurité absolue et des conditions idéales pour les membres du Congrès.

En ce temps-là, Si Amirouche avait habité quelques semaines à Ibouziden dans la maison familiale (qui est aujourd’hui un amas de pierres surmontés de quelques buissons sauvages). Un maquisard qui répondait au nom (ou plutôt) au surnom de Si Lakhdar vint un jour accompagné d’une jeune fille – aux cheveux courts, habillée à l’européenne – qui répondait au prénom, plutôt au diminutif de FIFI.  

J’ai cru comprendre – en écoutant un jour mon père – que Si Lakhdar s’appellerait en réalité : Rabah. S’agit-il de monsieur Rabah MOKRANI, l’un des congressistes ?

 

Si vous êtes encore vivants – FIFI comme Si Lakhdar – je m’étonne que vous ne soyez jamais revenus aux Awzellaguen qui vous aviez reçus, guidés, nourris, logés et protégés !

Nous serions donc heureux de vous revoir un jour à Ighzer Amokrane, car, à l’heure où certains s’improvisent « secrétaire d’Amirouche », nous avons besoin de vous pour mettre de la lumière sur quelques coins d’ombre qui entourent encore ledit Congrès de la Soummam.

Rappelez-vous : Fifi avait élit domicile chez mes parents. Elle avait disposé d’une chambre au premier étage de notre maison. Elle jouait avec une machine qui me fascinait : en fait, avec l’âge, j’ai fini par comprendre que la machine extraordinaire qui écrivait était une simple machine à écrire sur laquelle la jeune fille aux cheveux courts et noirs dactylographiait les documents qui allaient servir aux congressistes quelques semaines après.

Je me souviens aussi quand vous veniez avec Si Amirouche. Mais lui, dont le souvenir tenace nous habite encore et nous habitera à jamais, serait sans doute revenu nous rendre visite s’il était encore vivant ; bien qu’il restera à jamais vivant dans notre cœur !

 

 SECONDE PARTIE : Changement de programme !

Changer d’avis mène souvent plus loin !

W’ur nettneqlab ar iqres !   (Cf. article – Souvenirs d’enfance).

 

 

TROISIEME PARTIE

 

Arguments au sujet d’un âne qui répond au nom d’un canard boiteux :

un canard boiteux – isem-is d-awal-is ! – et d’un âne crasseux et bâté : B. Abrika : « Vous avez donné une maison, nous avons donné des hommes » (Tefkam-d axxam, nefka-d irgazen ).

 

A l’occasion de cet événement majeur qui a coûté tant de sacrifices humains et matériels à l’arch des Awzellaguen (près de 2000 combattants tombés au champ d’honneur (dont des dizaines sont encore dans des fosses communes : une insulte innommable à leur mémoire ! 1000 veuves éplorées et esseulées et à jamais brisées ! Et combien d’orphelins et d’orphelines ? Nous avions vu nos pères, nos frères et nos proches brisés par la torture physique et psychologique. Nous avons vus nos parents et nos frères tués, dont les corps déchiquetés étaient exposés au stade ruisselants de sang… à qui ils manquaient souvent une partie de leur corps… Que dire de nos cauchemars qui durent encore… Que dire de cette peur chevillée au corps et au coeur qui fait de nous des fantômes vivants ; je devrais dire « des morts-vivants ».

 

Nous avions vécu l’après Congrès de la Soummam dans la plus grande tragédie. Et pourtant, nos parents et nos frères nous disaient – à nous enfants qui vivions la mort et la peur dans le cœur et l’âme – « Que la liberté de l’Algérie valait tous les sacrifices ! »

Les habitants de l’arch des Awzellaguen furent déportés vers des camps de concentration entourés de barbelés après la destruction de tous les villages qui avaient organisé le Congrès de la Soummam.Plus de maisons ; plus de boeufs ; plus de mulets ; plus de chèvres (et Nna Mennoun qui disait en riant : « Un jour je viendrai en France pour réclamer au président français tout ce dont il m’avait privé : mon doux mari, mon doux fils, mes doux frères, ma douce maison. Le chat, la chèvre, le mulet, la brebis et mes poules qui me donnaient de bons oeufs… La France nous a tout pris : nos biens, nos hommes et tout ce qui faisait notre bonheur. Même nos rires se sont envolés avec les bombes et le nabbalm (napalm) français… ».

Les hommes et les femmes avaient veillé à la sécurité physique et matérielle des organisateurs (je me souviens encore de ma grande soeur qui chaussait des palladiums comme un maquisard).

Celui chez qui le Congrès s’était déroule : mon oncle Makhlouf At Tahar (Saïdi Mohand Amokrane, dans l’état civil) disait : « Ils avaient longuement parlé ; ils avaient rigolé ; ils avaient beaucoup mangé et bien bu ; ils avaient bien dormi… Et ils s’en furent en nous laissant dans la tourmente… et personne n’est jamais revenu pour voir ce que nous sommes devenus… ».

 

Bien des années après l’indépendance de l’Algérie, quand certains officiels se rendent à Ighzer Amokrane, ce n’est pas pour visiter le plus grand cimetière de martyrs de la révolution algérienne ; ce n’est pas pour rendre hommages aux 2000 combattants, à leurs veuves et leurs orphelins. Ce n’est pas pour rendre hommage aux gens des Awzellaguen qui ont tout donné pour que pareil événement se passe dans l’ordre et la sécurité au nez de l’armada française. Ce n’est pas pour visiter les villages en ruines où, faute de moyens, les maisons ne sont pas encore reconstruites. Ce n’est pas pour s’étonner de l’organisation exceptionnelle d’un Arch qui s’engagea au-delà de tous les sacrifices afin que le Congrès de la Soummam – acte fondateur de l’Algérie indépendante – ait lieu dans des conditions idéales pour Abane et ses compagnons.

Quand certains se rendent à Awzellaguen, c’est en visiteurs indifférents et désabusés quand ils ne sont pas franchement arrogants et méprisants !

Ils agissent comme si le Congrès leur appartient. Comme si, selon la formule consacré d’un attardé mental : « Vous avez donné une maison, nous avons donné des hommes ! »

Cet énergumène et individu douteux, a-t-il été visité le cimetière juste à côté du local où les jeunes d’Ighzer Amokrane lui ont fait l’honneur de le recevoir ? Non ! Sait-il combien de martyrs sont tombés pour que les hommes qu’il pense avoir donnés puissent se réunir, discuter, rire et décider en sécurité ? Sait-il combien de sacrifices il fallait pour que ses hommes mangent à satiété et dormir dans des conditions idéales alors que 2000 jeunes combattants d’Awzellaguen veillaient sur eux jours et nuits ?

Quand les ânes de cette espèce s’expriment sur des événements et des hommes dont ils ignorent tout, on ne peut manquer de tomber de tels travers : car comme chacun sait, toutes les choses ont des limites sauf l’ignorance doublée de fatuité et de bêtises. Chose bien connue aux Awzellaguen : « Un âne chie là où il mange ! »

 

Que cet âne ose remettre les pieds à Ighzer Amokrane ; il recevra alors – en l’absence de laânaya dont il avait disposé pour rentrer chez lui sain et sauf la première fois – le traitement que les mauvais ânes méritent ! 

Conclusion :

Réflexion faite, faut-il en tirer des conclusions ? Après tout ce que je viens de dire, je les pensais inutiles. Mais en me rappelant les ânes bâtés et autres énergumènes qui viennent aux Awzellaguen en se comportant comme des maîtres infatués et méprisants, quelques lignes encore s’imposent…

– Saignés comme des bêtes sauvages, Awzellaguen perdirent leurs forces vives : le fleuron de leur jeunesse.

– Les rescapés durent s’exiler pour échapper à la mort et aux injustices d’une Algérie qui n’a pas tenu toutes ses promesses ;

– Les villages sont encore en ruines et beaucoup de gens et surtout de veuves (dont ma jeune soeur) dont les maisons ont été détruites, n’ont pas encore de maison mises à leur disposition par l’Etat algérien en simple compensation ; si tant est qu’il puisse y en avoir après tant de souffrances !

– Les Awzellagen sont livrés depuis l’indépendance à quelques apparatchiks locaux nuisibles qui s’étaient réfugiés à l’étranger pendant que les leurs faisaient face aux feux et aux destructions de l’armée coloniale. Ce sont ceux-là qui ont permis que la fine fleur des jeunes combattants des Awzellaguen soit encore enterrée dans des fosses communes !

– Aujourd’hui, des jeunes – assassinés par les gendarmes de l’Algérie indépendante – reposent dans l’enceinte de la Mairie !

Nna Jedjiga Ihaddaden :  » A cause de tout ce que nous avions souffert pendant la guerre d’Algérie face à l’armée française, nous avons pleuré toutes les larmes de la terre. Mais en voyant ces jeunes enterrés dans l’enceinte de la maire – des jeunes qui venaient juste de voir le soleil de ce ciel de cette Algérie indépendante, tués par nos gendarmes – les larmes ne peuvent même plus couler : nous sommes devenus sèches, comme des arbres morts après avoir été brulés : nous sommes mortes avant d’avoir été enterrés ; nous sommes enterrés vivantes… seules des larmes de sang coulent en notre intérieur… »

Tristes privilèges et tragédie sans fin !

Que de tristes privilèges en somme ! Que de jeunes combattants tombés aux champs d’honneur ! Que de veuves éplorées ! Que d’enfants ayant grandi sans la présence paternelle !  Que de veuves et d’hommes meurtris dans leur coeur et leur chair morts sans que quelqu’un ne se soit inquiété de leur souffrances et chercher à les rencontrer pour comprendre que la tragédie, qu’ils avaient vécue, s’inscrit dans l’Histoire de l’Algérie des Lumières. C’est la grande histoire de l’arch noble que sont les Awzellagen.

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Réponses

  1. Azul a sa yucef
    Cet énergumène est vomis jusqu’à la cour de sa localité.
    J’ai assister a une scène lors de l’arrivée de la dépouille de feu si lhafidh commandant de l ALN et cofondateur du ffs a son domicile (takhoulidjth ath aatsou ) iferhounen .une scène de dégoût des gents de ce village en voyant surgir ce drôle de oiseaux que vous venez de citer
    J’ai compris que les hommes ( les vrais) ne laisse pas passé leur colere interieur et dégoût face a ces espèces comme ce proprietaire de Super homme
    Conclusion Awi tchen thèmes
    Sghur yiwen oumechtouh daw rebi


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