Souvenirs d’enfance
J’avais presque 9 ans quand je découvris la ville d’Akbou pour la première fois. Mon frère Mohand Rachid et moi avions accompagné ma mère pour rendre visite à mon père en prison qui fut arrêté pour la 4ème fois ! Un harki bienveillant et compatissant nous fit savoir que nous ne pouvions le voir : mon père ne s’était pas encore remis des tortures qu’on lui avait fait subir…
La mort dans l’âme, nous quittâmes la prison. La douleur était si forte que nous étions incapables de pleurer… Nous étions perdus… Pour nous remettre quelque peu de nos émotions, nous nous assîmes sur un banc public.
Et pour en rajouter à notre malheur, une Française, qui habitait alors l’une des maisons qui donnaient sur la place, ne devait pas supporter nos guenilles ! Elle sortit de chez elle, et vociférant dans une langue que nous ne comprenions pas, nous menaçait d’un balai ! Non loin, un policier regardait la scène en ricanant !
Nous quittâmes la place précipitamment de peur de recevoir des coups ou de terminer au poste…
Je me tenais à droite de ma mère tandis que mon frère Mohand Rachid se tenait sur sa gauche. Nous marchions la tête basse et sans mot dire.
Sous un soleil de plomb, nous franchîmes silencieusement les douze kilomètres qui nous séparaient de la maison (Ighzer Amokrane) avec une souffrance qui nous tenaillait si intensément le cœur que nous ne sentîmes point ni les morsures du soleil ni la douleur aux pieds…
Comme le chemin fut triste ! Et comme la route fut longue et sinistre…
C’était la guerre d’Algérie.
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