Publié par : youcefallioui | février 12, 2014

I have a dream ! Pour Abderrahmane BOUGUERMOUH – Le peuple amazigh est toujours menacé…

Urgagh-k a gma-ynu !

I have a dream !

Urgagh tamurt-iw tughal t-tamurt Imazighen !

Hommage à Abderrahmane BOUGHERMOUH
Pour mon ami Hmanou

Mon cher ami, je ne t’ai pas oublié. D’ailleurs, je pense à toi tous les jours… ou presque, je l’avoue. Te connaissant, tu aurais aimé que je continue à faire preuve de vérité, tant tu as toujours honni le mensonge et la parole décalée.

Je t’avoue n’avoir été que trois fois – l’été dernier – me recueillir sur ta tombe. Figure-toi que tu m’étais apparu dans mes rêves, nous nous promenions dans ton village du haut des Awzellagen, Izemmouren « Les grands oliviers ». Quel beau nom ! N’est-ce pas ? Et sans que je comprenne le fil conducteur de ce rêve, nous nous étions retrouvés – par la magie du rêve ! – dans la Soummam. La Soummam comme nous l’avions connue du temps de notre jeunesse : un paradis ! Il y avait plein d’oiseaux, des tortues, des hérissions, des porcs-épics, des chacals et même des sangliers dont les petits marcassins venaient te lécher les mains. Alors, un peu jaloux, je t’avais dit : « C’est bizarre quand même que tu sois si aimé par ceux qui sont si mal aimés ? Tu souris et tu me dis : « N’est-ce pas le combat de tout homme : apporter son aide à ceux qui sont mal aimés et démunis. Tout le reste n’est que vacuité et littérature sans racines ! »

Alors, comme je ne comprenais pas ce que tu voulais dire par « Littérature sans racines », je te regardai un peu interloqué… Tu compris mon ignorance et mon désarroi – pourtant nous nous étions toujours compris – et tu éclatas d’un rire sonore qui fit fuir les oiseaux qui chantaient autour de nous. Alors, tu me dis, dans une phrase entrecoupée de fou-rire : « Regarde ! Partout, il y a des racines ! Partout où les choses et les hommes sont beaux, il y a des racines autour ! Partout où les femmes sont heureuses, c’est que le pays foisonnent en littérature de racines… Je veux dire, conclus-tu, qu’on ne peut rien faire sans le respect de l’histoire, sans le respect de nos racines.

Alors, tu me pardonneras, mais j’ai aussitôt pensé à tous les jeunes Kabyles, les journalistes et toutes les femmes et les hommes qui furent massacrés ! Alors, l’effroi me saisit et tu me dis : « Tu as froid !? Pourtant il fait beau et chaud ! » Tu n’avais pas attendu ma réponse. Comme si tu avais lu dans mes pensées, tu ajoutes d’un air las et désolé : « Je sais, tu as froid de cette Algérie qui renie ses racines. De ce grand pays qui se ratatine à force de tout faire pour ignorer et mépriser voire combattre ses racines. Je comprends que cela te fasse froid dans le cœur et l’âme, mais il est dit quelque part et cela, je l’ai entendu de la bouche-même de Dda Mohand Améziane Ouchivane – ton père – « Rien ne pourra jamais détruire l’Algérie des Lumières ! »
Je me réveille alors en sursaut en essayant de te retenir dans mon sommeil, mon rêve pour te retenir à mes côtés. Car rien qu’à l’idée de me réveiller, je sentis que le froid s’accentuait. J’aurai aimé continuer à discuter avec toi : cela me rassurait. J’aurai aimé continuer à sentir ta présence à mes côtés, toi le massif chêne des montagnes ; toi le grand olivier des montagnes de la Soummam.

Le peuple amazigh est en danger et continue d’être menacé

Je t’aurai alors donné les dernières nouvelles. Tu étais bien là quand on avait massacré les enfants kabyles. Mais, tu n’as pas vécu celui des Touaregs et le massacre des Mozabites (At Waâben) dont on vient de tuer cinq jeunes gens. Ces Imazighen, héritier du grand royaume des Rostémides. Ces Imazighen dont l’organisation séculaire et laïque qui auraient due servir d’exemple de par leur organisation : débats démocratiques et décisions dans le cadre du bien collectif. Séparation du spirituel, du profane et du politique. Une valeur fondamentale : le travail qui fait que la société Mozabite ne connaît pas le chômage endémique qui sévit dans les autres régions d’Algérie.

Colloque international de la langue tamazight – Ghardaïa – 1992

Que leur reproche-t-on ? Rien ! Sinon le fait qu’ils soient Imazighen ! Alors des hordes d’ignorants et de malfrats s’abattent sur eux et font planer sur leurs cités ancestrales (dont la magnifique Tagherdayt) une insécurité méprisante et écœurante.
Je me rappelle avoir visité le Mausolée d’un grand sage Mozabite le Cheikh Moussa. Le guide spirituel qui invitait les siens à faire preuve d’hospitalité vis-à-vis des nouveaux venus : « Les Arabes ». Figure-toi que son mausolée a été détruit par ceux-là mêmes auxquels il avait donné sa protection.

Rappelle-toi, je t’en avais parlé après ma participation au Colloque International de la Langue Tamazight que les Mozabites avaient organisé en 1992. Je t’avais également dit ô combien je fus comblé par l’honneur qu’ils nous avaient fait en nous accueillant dans un Hôtel qu’ils venaient de construire pour la circonstance. Nous avions été invités à inaugurer ce bel hôtel en toute modestie dont font preuve nos frères Iwaâvaniyen.
Le colloque international pour la langue tamazight fit de Ghardaïa, l’espace de quelques jours, une capitale amazighe. Nous fûmes reçus avec tous les honneurs et un sentiment de grande fraternité.
Mon ami, mon frère, tu avais toujours dit que les Kabyles sont dangereux pour eux- mêmes… Tu en as fait les frais et tu es parti dans la douleur et le silence, en attendant que le temps et les hommes justes te rendent justice pour ton œuvre et ta famille qui mit sa richesse et son intelligence quand l’Algérie en avait fortement besoin.
Je suis sûr que si tu étais encore parmi nous, tu aurais pris la parole pour supporter, pour apporter ton aide à nos frères Mozabites. Non pas que ce sont des Mozabites, des Imazighen comme tous les Algériens – même ceux qui s ‘ignorent plongent dans la bêtise et l’ignominie – mais tout simplement comme des êtres humains qui aiment la paix et qui vivent en paix et dont les richesses culturelles doivent être respectées et sauvegardées.

Aujourd’hui, ils sont en danger. Ils ont toujours vécu en paix et dans la prospérité qu’ils apportent à l’Algérie. Et c’est cette prospérité et cette paix qui sont en danger. Quand j’ai vu des tags insultants sur le fronton de leurs commerces, un effroi me saisit et je considère l’espace d’un instant ce que nos frères mozabites ressentent. Et une tristesse mêlée d’une douleur insoutenable m’étreignit.
Tu vois, mon frère, tout cela m’a tellement troublé que j’ai mis quelques jours avant de te parler de nouveau.
J’aurai aimé le faire dans notre langue maternelle. Tu aimais toujours que je te parle en kabyle. Tu disais que cela te rappelait mon père qui était l’ami du tien et de toute ta famille.

C’est aussi pour cette langue et sa culture – la langue amazighe – qu’un peu partout les Imazighen sont en danger.
Permets-moi donc de te rappeler en hommage amical et fraternel une partie d’un article que j’avais écrit pour te rendre hommage de ton vivant et dont tu n’avais pas voulu qu’il soit porté à la connaissance du public.
Pourtant, tu me disais : « Notre langue maternelle est au centre de nos problèmes et de nos survie ! »
Souffre donc que je t’en impose de nouveau un passage, avec ce désir d’associer nos frères et amis Mozabites – At Waâben – et Touaregs (Imouchagh) en ces jours de danger et de menace de notre peuple, le peuple noble Amazigh.

Notre langue, notre histoire et notre survie

Depuis que tu es parti, j’ai beaucoup vieilli depuis… Parfois, j’ai l’impression d’avoir mille ans… Parfois, je me vois encore dans le cœur d’un enfant… Combien d’années ont passé ? J’ai connu le chaos de la guerre et la Soummam ensanglantée et en feu… La Kabylie mutilée comme une étoffe déchirée… L’odeur du sang avait fait place au goût du lait de ma mère… Quand les braves étaient exposés au stade, la tête éclatée par un obus ; le buste déchiré…
Je sentais alors la main de mon père qui me disait dans la seule langue qui pouvait encore avoir du sens ; dans la seule et unique langue qui pouvait un tant soit peu me rassurer : « Ur ttaggwad, a mmi ! » (N’aie pas peur, mon fils !)

Notre vie continue d’être un pénible claudiquement. Les épreuves de la vie et de la guerre grouillent encore en nous. Nous voudrions construire une nouvelle vie. Comment donner une forme à ces souhaits et ses espoirs brûlants ? Quels mots allons-nous utiliser dans cette Algérie qui nous ignore et pour laquelle nous avions tant donné ?
Nous sommes toujours prisonniers des mots des langues des envahisseurs. Nous voudrions enfin des mots de notre langue, riches de toutes les nuits des temps qui les ont vus naître ? Mots qui relient les chaînons de vies qui refusent de s’aplatir avant de mourir !
A quand le peuple amazigh retrouvera-t-il ses droits sur sa terre dont il est spolié depuis des siècles ?
A quand retrouvera-t-il sa langue et son identité sans lesquelles il demeure infirme et incapable de gérer son passé, son présent et son avenir ?
A quand le peuple amazigh retrouvera-t-il cette aspiration des Rostémides – chère à Massinissa et à Jugurtha ; à Juba, Takfarinas et à Sammac ; à Tin-Hinan, à Damya Dihya At Tabet et à Fadhma n’Soumer ; El Mokrani, Boumezreg et Aheddad ; Youcef At Tachfin et Mohand Abdelkrim ; Jean Amrouche et sa sœur Tawes Amrouche ; Mouloud Mammeri, Mohamed Kheir-Eddin, à Slimane Azem et Matoub Lounès… Une aspiration que nous avions partagée… avec tant d’autres… qui ont fait briller l’étoile du peuple amazigh… L’étoile jaillissante et vivante à jamais de la majestueuse Tribu de Kateb Yacine.

Urgagh-k ! I have a dream!

Mon cher Hmanou, j’ai rêvé de toi me disant dans un faible sourire, mais une forte détermination : « Il faut réécrire l’histoire ! Il faut bannir les mots qui chosifient ! Il faut reprendre le droit de nommer dans notre langue : tamazight ! »

Je te le dis avec quelques jours de retard. Pardonne-moi ! Mais, je ne t’ai pas oublié… J’étais préoccupé par le sort indigne que l’on fait à nos frères Mozabites et Touaregs ; le sort indigne que l’on fait à notre noble peuple. Je voulais partager avec toi cette inquiétude qui me taraude et qui me replonge – comme tu le vois – dans les moments atroces de la guerre d’Algérie qui revient encore dans mes cauchemars…

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Réponses

  1. Bonjour monsieur le Professeur !
    Je n’ose vous appeler autrement ! Après avoir lu votre blog en entier : j’ai mis plusieurs semaines ! Ce n’est pas un blog : c’est un trésor de culture, de langue, d’histoire, de psychologie, d »économie et de philosophie ! Je puis vous dire que bien que médecin, j’ai rarement été impressionné par quelqu’un autant que je le suis en lisant votre Blog. Si des hommes de culture kabyle et hommes de culture tout court, universelle, vous êtes parmi les premiers à mériter ce titre !
    Aussi, si vous le permettez, j’ai quelques questions qui me taraudent :
    – Comment se fait-il que vous ne soyez jamais au Maghreb des livres ?
    – Comment se fait-il que vous soyez si peu présents dans les médias tant algériens que français ?
    – Comment se fait-il que vous soyez si peu opportuniste, alors que nous avons besoin de votre opportunisme ; quand on voit tous les autres opportunistes kabyles qui se pavanent ici et là !?

    je ne puis que vous dire ô combien je suis heureux d’avoir découvert votre BLOG. Jamais, je ne me suis senti aussi cultivé que depuis que je vous ai découvert. En lisant vos livres, j’ai découvert aussi un grand poète et un grand philosophe. C’est aussi l’hommage que je voulais vous rendre. Car vous rendez toujours des hommages aux autres. Il est de mon devoir et j’éprouve un réel honneur et un plaisir immense en vous présentant mes hommages fraternels et amicaux. Vous méritez bien plus… Mais si un jour, je puis vous être utile en tant que médecin, je vous envoie mes coordonnées par voie de courriel, car je dispose du votre.

    Comme vous dites souvent à vos lecteurs :
    Avec toute l’amitié, la fraternité et l’honneur et le respect qui m’habitent vis-à-vis de vous, cher Professeur.

    Mohand Waâli NACERI – Médecin

    • Azul Docteur !

      Je vous remercie pour tout ce que vous me dites. Je prends vos compliments comme un grand encouragement pour continuer à faire en sorte que ce que j’ai appris soit porté à la connaissance de Kabyles précieux tels que vous. J’ai eu un parent à vous comme professeur : monsieur Naceri Abdenour assassiné dans la tumulte des années 90. Ce fut un homme exceptionnel qui nous avait beaucoup aidés à Alger. Je ne puis que vous renouveler mes remerciements pour tout.
      Mon absence dans les salons ? Je ne suis pas toujours invité ! Dans les médias ? Cela tient souvent aussi à mon emploi de temps. Il ne faut pas toujours charger les autres !
      Vous savez, j’ai eu des parents exceptionnels qui m’ont appris le Kabyle et la culture kabyle, non pas comme des « Modèles littéraires occidentalisés », comme l’écrivent certains ignorants à travers des affirmations tranchantes, mais en allant aux sources du message ancestral qui réside encore dans la littérature orale kabyle.
      Je vous remercie, je serais heureux de vous connaître, n’hésitez pas à m’appeler si vous avez un peu de temps à m’accorder ! Avec toute l’amitié et le respect qui m’habitent. Ar tufat, lehnat tafat ! YA

  2. Azul a mass allioui
    j’ai pas trouvé le moyen de vous contacter
    je vous écris au nom de l’association culturelle ti3winin de bouzeguene
    on organise un cycle de conférence
    je sais pas si vous aurez le temps bientot si vous venez en kabylie pour qu’on puisse organiser une conference debat
    au plaisir de vous lire
    merci pour ce que vous faites

    • Azul a gma-ynu !

      Sligh yakan af Tadukli-nwen i-wi tessawalem TI3WININ. D-isem i’gerzen atas, yerna af Buzeggan. Ssaramegh ad iligh yid-wen deg’wnebdu i d-iteddun, i-mi di Tefsut-agi, ttwanubgegh sghur yiwen wegdud n’At-Tmurt n Chili.
      J’ai déjà entendu parler de votre Association par un ami qui porte le beau nom de « Sources » (Ti3winin). Quand je suis en « Pays Kabyle » – di Tmurt n Leqvayel – je ne manque jamais de visiter Bouzeguène. Ce printemps, je suis invité par les autochtones du Chili (Le peuple Mapuchi). Je ne serais donc par en Kabylie. Mais si votre cycle de conférences se déroule cet été, je serais heureux d’être parmi vous.

      Merci pour vos encouragements. Tanemmirt af imddehhran-ynek. Ttsellimegh yakw af imawlan n Bouzeggan, amectuh ameqwran, akken ma tellam !

      Ssaramegh a-nemlil di tegwnitt n tmusni, ttin n tagmatt d tizet n yimi !

      Ar tufat, lehna tafat ! Youcef Allioui

  3. Azul a Dda Yussef,

    Di tazwara, suturagh i vav igenwane a di sighzef laamerik, akyefk tazmart i waken a dezged (traire) cit agui i d yeqimen si teqbaylit.

    Ce message m’a fait très mal. Je ressens tes craintes pour notre trésor, notre langue. Surtout que les bougies s’éteignent une à une. Je ne vois pas de relève. Nous sommes tous pris par nos soucis quotidiens dans un monde globalisé.

    J’ai été cette fin d’année en Kabylie. Ma déception était énorme. Tous les plans que j’avais fait avant de m’y rendre étaient tombés à l’eau. Les gens sont comme hors d’eux même, comme ont dit, ifghithen laaqel. Je ne parlerai du manque de civisme, de l’alcoolisme, des anciens camarades devenus alcooliques et qui ont perdu toute dignité en demandant de l’argent au premier venu pour s’acheter des boissons alcoolisées. Le comble est qu’il n’y a pas de politique pour prendre en charge ces pauvres gens. D’autres sont pris par la drogue. Beaucoup sont célibataires, la quarantaine passée (Hommes et femmes). Les villes et villages qui paraissent exigus car le nombre de voitures a exponentiellement augmenté. La saleté partout…etc.

    Tous ces problèmes ont, je pense, contribué à ce que, les gens se désintéressent de la langue, de l’histoire, des traditions…etc, de tout ce qui fait notre spécificité.

    J’espère avoir tord dans mes constats. Est ce qu’une bougie s’allumera quelque part pour nous illuminer ? Je prie le grand souverain à ce que ça soit le cas.

    Tanemirt ik
    A Dda Yussef.

    • Tanmirt a Da Yusef,
      J aurais aimé ecrire en kabyle mais je ne duspose pas des signes speciales sur mon phone. A ce problem, les linguistes doivent trouver un system d ecriture standard qui pourrait utiliser le clavier usuel qui disposent de toutes les lettres classiques que les grandes langues du monde utilisent.
      De cette façon, a mon avis (suis pas specialiste) le bon sens me dis que si on reussi á créer ce system , tout les kabyles en profiteront pour ecrire leur sms, email, reseaux sociaux, etc, donc il y aura une accessibilité facil á la langue kabyle, mais si on reste dans cet etat, utilisant les signes speciaux qui n existent pas sur les claviers, les gens abondonnent et fuient cette langue, et evitent de la lire et surtout á l ècrire.
      Pour l incivisme, je suis touché par ce que tu a dis car moi aussi je suis á l etranger depuis deja 6 ans que j ai pas vus tamurt, mais je pourrais deviner à travers la presse que rien n a changé, les ordure partout, l insecurité, accidents, corruption à grande echelle. Tout ça c est la cause d une politique desastreuse sur tout les plans, les elus sont corrompus á tout les niveaux de l etat, il sera tres dure pour moi de revenir vivre au pays lorsqu on entend ses nouvelles.
      Que se passera t-il si le prix du petrol continue de chuter ?
      Enfin, je demande a Da Youcef de nous ramener quelques nouvelles de ce peuple autochtone de chili, et leur passer un bonjour
      Bon voyage,
      Tanmirt.

      • Azul a Saïd ! Je vous remercie pour votre message. vous avez raison, c’est une bonne idée qu’il faut soumettre à nos informaticiens et nous en avons de très bons. Malheureusement, mes connaissances en informatique ne sont pas mises à jour. Il est vrai que j’ai fait une licence d’informatique mais il y a tellement de temps ! Quant à l’état du pays, je pense que la solution réside dans ce que j’ai écrit dans mon livre sur les Archs : il faut revenir à nos institutions, à nos valeurs donc à notre langue et faire fonctionner la cité kabyle de façon indépendante comme l’avaient fait nos pères et nos mères autrefois. Revenir à la joie de construire ensemble dans le cadre de l’Agraw nagh Tajmaât : apporter le soin important comme le faisaient nos pères et nos mères à nos oliviers, à nos figuiers et à tous nos arbre et nos rivières. Prendre soin de notre terre… Aller vers son prochain, nettoyer, planter, irriguer, soigner la terre et les arbres et tout viendra après comme par magie. Mon père disait : « A l’école, il faut apprendre certes à lire, écrire et calculer, mais il faut surtout apprendre à DIRE, à planter les arbres, à soigner la terre et à veiller à la propreté de l’environnement et au respect de la nature (tarwest) car nos ancêtre disaient : Af terwest g-ullec i’gress ! (C’est sur la nature que tout repose !) Chez les autochtones d’Amérique latine, toutes les tribus qui se sont emparées du bien-être de la nature ont fini par vaincre le mal qui est venu des Occidentaux : l’alccool, la drogue et bien d’autres maux encore. Pour ce faire, ils sont retournés petit à petit vers l’amour de la nature et de l’arbre. Soigner l’arbre c’est comme soigner l’humanité. Quand vous voyez des hommes et des femmes s’occuper de leurs arbres, ils reprennent sans se rendre compte – sans blabla – contact avec leurs valeurs et leurs racines.
        Akken qqaren Imezwura : Aqcic rebbi-t ; gma-k hader-it, axxam herzi-t, iger issew-it ; aleccac leqqem-it ; erfed win ur nesâi ifaddem, ma d Rebbi anef-as i medden ! Merci encore pour votre message. Ar tufat, lehna tafat ! C’est à chacun de nous de faire l’effort d’aller vers sa terre, ses arbres et son frère !

        PS : pour la transcription en tamazight, voir déjà le site akufi qui propose quelques solutions pour transcrire en kabyle.

  4. Bonjour Mr ALLIOUI je suis originaire ighzer amokrane , j’habite Alger je suis médecin mais mon rêve c’est d’apporter quelque chose à notre histoire et notre langue tamazight il faut rendre justice à ces grands oublies de l’histoire que sont les berbères eux qui sont le socle de toutes les civilisations méditerranéennes égyptienne , greco romaine et andalouse sans compter la civilisation lybicoberbere , il est temps d’écrire notre propre histoire et de décoloniser nos esprits

    • Azul fell-ak nagh fell-ak !
      Je suis heureux de vous savoir d’Ighzer Amokrane et de savoir surtout que vous souhaitez apporter votre pierre à l’édifice : écrire notre histoire. Vous êtes médecin, vous avez le niveau : il suffit de lire quelques livres d’histoire des Imazighen pour être aux faits de note histoire. Ecrire et décoloniser les esprits, vous avez dit les mots qu’il faut car les Kabyles, certains du moins, sont encore imprégnés les uns de l’arabisme, les autres de l’ethnologisme colonial. Dans les deux cas, on n’avance pas, mais on recule. Si je puis vous être utile dans la concrétisation de vos projets épistolaires, j’en serais heureux. Je vous avoue écrire tous les jours, c’est comme une drogue pour moi. Mais, j’ai constaté une chose tout comme mon éditeur : Les Kabyles lisent en français mais ne lisent pas en kabyle. Mais cela viendra… Beaucoup de choses se font : cet été, j’avais acheté un dictionnaire en kabyle de A à Z ! de Kamal BOUAMARA : cela m’a rempli de joie ! Merci encore pour votre message. Ecrivez, je suis prêt à vous aider… Bon courage et bonne continuation ! Ar tufat, lehna tafat ! Youcef Ouchivane.


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