Publié par : youcefallioui | février 3, 2017

De la « Mère-du-Monde » et du « Vieux au-tesson » (Amghar Uceqquf)

De Yemma Yennayer et du « Sage au tesson » (Amghar U-Ceqquf)

Mon cher Mohand – Voici quelques précisions par rapport à ce que vous avez entendu…

1 – Du « Sage au tesson » (Amghar U-Ceqquf) :
« Le sage au tesson » (Amghar U-Ceqquf) n’est pas le nom du « Porteur de masque » (Bu_Aâfif). J’avais fait un raccourci dans mes écrits ; et cette erreur a été reprise par tous ceux qui, comme vous dites, « m’ont pompé ! » Si ces auteurs m’avaient cité, ils se seraient ainsi dédouanés d’une erreur qui n’appartient qu’à moi seul. Les Anciens disaient : « Win yekkan asaka, a d-yini ansi yekka ! » En clair, qui a emprunté quelque chose, doit dire à qui il l’a emprunté ! » Cette démarche scientifique en cours dans les Universités était déjà mise en pratique de façon scrupuleuse par les anciens Kabyles.
En réalité, « Le sage au tesson » (Amghar U-Ceqquf) n’est que le personnage endossé par l’enfant dit « porteur de masque » (Bu_aâfif) quand il veut énoncer la satyre (taceffayt) à l’encontre (ou au bénéfice) d’un adulte (souvent une femme) de son village.
Avant que l’enfant ne prononce sa satyre (taceffayt-ynes), il prenait toujours soin de mettre en avant une expression qui qualifie « Le Sage au tesson » (Amghar U-Ceqquf).
C’est à travers cette expression que l’on comprend plus exactement « le mythe du Sage au tesson » (Izri n Wemghar Uceqquf).
J’ai parlé de ce personnage important dans mon livre « Les chasseurs de lumière ». C’est ce personnage qui avait donné naissance au « conte désacralisé » (Izri-Gzem) de « Vava Inuva d Ghrova » (Père-Servant et Ghrova).

2 – De Yemma-s n ddunnit (La Mère-du-Monde) :
Autre inexactitude de cet auteur : Yemma-s n ddunnit, ce n’est pas la vieille mise en scène dans « l’emprunt » (dernière journée de Yennayer, empruntée à Furar (pour punir la vieille qui lui avait manqué de respect). Celle-là s’appelle (selon les Anciens de mon Arch) « Yemma Yennayer » et non pas « Yemma-s n ddunnit » !!
3 – « De l’interdit des figues » (Tamuqint) :
Cet interdit ne s’applique pas aux olives, puisqu’il porte le nom « Interdit des figues » (Tamuqint n tbexsisin). Cet interdit s’appliquait donc seulement aux figues et aux raisins.
Les olives ne font l’objet d’aucun interdit. Il s’agissait d’une recommandation inscrite dans le calendrier mythologique et cosmogonique dont j’ai donné les différents noms ainsi que les explications du sage Dda Lhadj Mohand Qasi At Bujemâa des Ibouziden. Quelques précisions ont été apportées par Dda Lakhdar Ou-Jaâbi – dit « Jeddi » – lors de notre entretien en 2012.
4 – Yennayer et Anayer :
Ce sont des substantifs très proches, c’est pour cela que beaucoup les confondent. Chez les anciens Kabyles, ce sont des homonymes qui veulent dire et signifier des choses tout à fait différentes.
Sans vouloir donner de leçon à qui que ce soit – je ne pense pas être assez armé pour ça – il est fort souhaitable que ceux qui disent et écrivent énoncent leurs sources… Car, si celles-ci sont entachées d’omissions ou d’erreurs, ils n’auront pas à « les porter », comme on dit en kabyle. Je m’excuse donc auprès de toi pour certaines imprécisions qui me semblaient aller de soi (un ouvrage est en préparation sur Yennayer et le calendrier kabyle).
Quant aux autres éléments énoncés par l’auteur dont vous parlez (et que je me garderai de citer), ce ne sont que des aphorismes pour des « vieux » comme moi qui avions porté des mocassins en peau de bœuf… Mais, c’est tout à l’honneur de l’auteur de les rappeler (avec quelques erreurs dont je viens de souligner quelques-unes) pour les générations actuelles qui connaissent peu de choses de l’ancienne Kabylie (Tamawya).
Mais, encore une fois, c’est en se trompant qu’on avance ! Je ne puis jeter la pierre aux autres, alors qu’il m’arrive de me tromper dans ma hâte de transmettre ce que j’ai reçu des Anciens et des Anciennes de mon Arch… dont je salue la mémoire et le grand savoir.
Taddart ur nesâi amghar am urti ur nesâi ddekkwar !
Axxam mebla tamghart, am urti mebla taddekkwart !

Gret Tamawt : Nous devons à Ali et F. SAYAD un magnifique agenda (Tibbur’useggwas) qui gagnerait beaucoup à être réédité. La première édition date de 1982.

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