Publié par : youcefallioui | décembre 1, 2017

Mythologie kabyle : Le mythe de la Langue (Izri n Yiles) – Un peuple qui possède sa langue, se sent en sécurité… S’il pense à la promouvoir ! Agdud Isâan iles, itwenness… Ma yella yecgwel yid-es !

Le mythe de la langue – IZRI N YILES

Je tiens ce mythe de mon père. Nous sommes en 1969. En se rendant au village (Ighzer Amokrane), il tomba sur des gendarmes qui voulaient obliger un jeune à parler en arabe, alors que ce dernier ne parlait que kabyle… Mon père interpella les gendarmes en leur disant : « Mes enfants ! C’est à vous de parler kabyle, si ce jeune ne comprend pas l’arabe ! Ce n’est qu’ainsi que vous allez restaurez l’ordre et la paix dans le pays ! » Et les gendarmes furent compréhensifs… L’un d’eux parlait effectivement kabyle…

IZRI G_ILES

Ceci est un récit sacré, que les ancêtres vous ont légué !

Ecoutez-le ! Dites-le à vos enfants ! Et soyez heureux !

1 – Il était une fois un village kabyle qui s’appelait « Le rocher coupé » (Azru Gzem). Ce village avait la particularité d’avoir un fou qui subjuguait les enfants par sa langue. Un jour, il se mit à leur raconter qu’ils pouvaient accéder au paradis. « Comment faire ? » Telle fut la question des enfants.

Le fou leur répondit : « Il vous suffira d’aller jusqu’à la falaise à la sortie du village et de sauter dans le vide… la porte du paradis est juste en bas du ravin. » Les enfants le crurent…

L’Assemblée du village condamna le fou à la peine capitale.

Mais la vieille la plus sage de la cité – sans doute la chef de l’Assemblée des femmes (Agraw n tlawin) – décida en lieu et place de la condamnation à mort, que l’on coupe la langue au fou… « Puisque, disait-elle, c’est sa langue qui a provoqué la mort de tous les enfants. » Afin de conjurer cette malédiction provoquée par le fou, les habitants décidèrent de partir vivre ailleurs, dans d’autres contrées. Mais les pays des autres ne sont pas toujours accueillants. Les pays des autres ne respectent pas toujours ceux qui viennent de loin…

2 – …………………..

3 – Des jours, des mois et des saisons passèrent. Un jour de printemps, seule la vieille qui avait décidé de la sentence à infliger au fou revint au village. Dans sa sagesse, elle disait : « Mourir pour mourir, autant mourir chez soi ! »

Quand elle entra dans la cité, elle entendit des voix d’enfants qui venaient de l’aire de jeux. Tout en décidant d’aller voir, elle se croyait devenue folle. Mais arrivée sur le plateau, elle vit bien les enfants en train de jouer, seuls. Tous les enfants étaient là : les plus sages comme les plus turbulents.

Elle s’approcha doucement d’eux et leur dit : « Vous êtes revenus les enfants, vous n’êtes pas morts !? »

Les enfants répondirent en chœur : « Oui, grand-mère, nous sommes tous revenus, nous ne sommes pas morts ! »

Elle leur demanda encore : « Et le fou, où est-il, lui ? »

Les enfants lui répondirent : « Lui, il ne pourra jamais revenir ! »

Alors la vieille leur demanda : « Et pourquoi ne peut-il pas revenir (à la vie), lui ? »

Les enfants lui répondirent en choeur  : « Parce que lui, il avait perdu sa langue ! »

C’est un mythe, soyez heureux !

Je l’ai dit la nuit, la lumière va le démêler,

Je l’ai conté au jeune noble, le rocher a ri et pleuré,

Je l’ai conté au clair de lune, le vent l’a essaimé !

 La protection du mythe est pareille à celle du lion !

 

 

 

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