Publié par : youcefallioui | décembre 8, 2017

Quelque chose en nous aussi d’un grand poète discret. Moh-Ya : Un ami qui m’appelait : L’Ancien…

Quelque chose en nous aussi d’un grand poète discret…

Albâad yella wlac-it,

Albâad wlac-it yella.

Mohand Ou-Yahia ou l’insoutenable légèreté de l’être

Il y a 13 ans disparaissait mon ami Mohand Ou-Yahia. Mathématicien, Poète, dramaturge et traducteur inégalable, il me laisse le souvenir douloureux – un peu comme tous ceux qui sont partis trop tôt – de n’avoir pas traduit Platon avec lui… Il était tellement heureux quand il apprend que le mot « allégorie » (taweqda) existait en kabyle ! Nous devions travailler ensemble sur L’allégorie de la caverne de Platon.

J’ai souvent goûté à son huile d’olive, quand la nourriture du restaurant universitaire ne NOUS plaisait pas ! Il me disait alors avec son air malin et espiègle : « Erju a l’Ancien, ghur-i kra n lwiski ara-k d-iren rruh ! »

Et il sortait alors la bouteille d’huile d’olive de son sac… Je n’oublierai jamais non plus notre rencontre autour de la poésie à l’Université Paris 8 Vincennes. Je dois ce sublime cadeau à Ali SAYAD, grand homme de lettres berbères qui avait organisé cette rencontre entre Muh-Ya et moi.

Je saisis cette occasion pour dire que Ali SAYAD, grand homme de lettres et de culture berbères, est probablement l’un des intellectuels berbères les mieux placés pour réfléchir à la promotion de tamazight.

 Ma rencontre avec Dda Lmulud grâce à Muh-Ya…

Nous étions, je crois en 1981/82 quand nous fêtions Yennayer ensemble. Je lui dois la plus belle surprise de ma vie. Dans la soirée, nous attendions tous impatiemment la venue de Dda Lumulud… Et le voilà qui entrait avec son beau burnous ! Yennayer à Paris avec Dda Lmulud (Mouloud Mammeri), ce fut l’une des plus belles fêtes de ma vie ! Pendant que je discutais avec Muh-Yia, il se rapprocha de nous, écouta un moment, et finit par me dire  : « Toi, tu es des At Oufella ; vous parlez un kabyle ancien » (Keçç n’At Ufella ; tettmellayem taqbaylit taneslit). Quelques années après sa mort, nous venions d’assister à la première du film « Le colline oubliée » de mon ami d’enfance Abderrahmane Bouguermouh, le fils de Mouloud Mammeri usa de la même expression à mon égard : « Vous, vous êtes des At Oufella » (Kunwi n’At Ufella). Comme quoi, noble sang ne saurait mentir !

LA BELLE PAGE DE Muh-Ya SUR WIKIPEDIA

Abdallah Mohya, plus connu sous le nom de Muḥend u Yeḥya ou Mohia ou Muḥia ou Muhya en berbère, est né le 1er novembre 1950 à Iɛeẓẓugen (Azazga) en Algérie et mort le 7 décembre 2004 à Paris. Il est dramaturge, conteur, parolier et poète algérien prolifique, mais peu connu du public national et international. Décédé en 2004, il a enregistré ses productions d’une manière souvent artisanale sur un support audio (une quinzaine de cassettes audio en vente en Kabylie), quoiqu’il soit catégoriquement contre ce fait, estimant que la culture ne s’achète pas. Fondateur du théâtre d’expression kabyle, il a consacré plusieurs années de sa vie à traduire et à adapter des poèmes, des chansons et surtout des œuvres théâtrales universelles telles que En attendant Godot (Am win yettrajun Rebbi ) de Samuel Beckett, La Décision (Aneggaru a d-yerr tawwurt) et L’exception et la règle (Llem-ik, Ddu d udar-ik) de Bertolt Brecht, La Jarre (Tacbaylit) de Luigi Pirandello, Le Médecin malgré lui (Si Lehlu) et Tartuffe (Si Pertuf) de Molière, Le Ressuscité (Muhend U Caâban) de l’écrivain chinois Lu Xun, La Farce de Maître Pathelin (Si Nistri), Pauvre Martin (Muhh n Muhh) de Georges Brassens, Les Émigrés (Sin-nni) de l’écrivain polonais Sławomir Mrożek à la langue mais aussi à la réflexion kabyle.

Son œuvre, fruit de plus de trente années de travail, d’interprétation et de réflexions philosophiques, est aujourd’hui l’objet de la convoitise d’une pensée nouvelle en Kabylie, mais aussi en occident, qui tend à mener une démarche plus constructive du regard mutuel entre l’occident et l’Afrique septentrionale. Par ailleurs, Mohya a pu sensibiliser, à travers ses œuvres, beaucoup de gens autour de la revendication identitaire berbère. Son nom et son œuvre sont incontournables et resteront une référence pour qui veut connaître la culture berbère sous son angle moderne. En décembre 2004, tout en laissant une œuvre inachevée, il est décédé dans une clinique parisienne [Laquelle ?] après une longue bataille contre le cancer. Après son décès, les titres de la presse nationale algérienne n’ont pu publier qu’une seule photo de lui, laquelle photo circule depuis sur Internet et les réseaux Sociaux. Les sources sur sa vie privée et artistique restent encore insuffisants pour le faire connaitre au grand public algérien. Des témoignages de ses contemporains existent cependant sous forme d’hommages rendus un peu partout lors des journées et festivités commémorant l’identité berbère en Algérie et en France.

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