Publié par : youcefallioui | janvier 6, 2019

ETERNEL JUGURTHA – Arthur RIMBAUD 150ème anniversaire du poète et frère des Imazighen !

150ème anniversaire de Arthur RIMBAUD L’Africain, frère des Imazighen !

Mille mercis et hommage affectueux et fraternel posthume pour Arthur RIMBAUD, le frère d’armes, d’amour et d’Histoire des Imazighen.

 

DIRE APRES RIMBAUD QUE L’ALGERIE EST AMAZIGHE EST BIEN SUPERFLUE, N’EST-CE PAS !?

Au moment où l’Algérie s’apprête à fêter le nouvel an sacré amazigh 2969, YENNAYER ANAYER 2969, il m’a paru important de porter à la connaissance des lecteurs de mon blog le poème écrit par Arthur RIMBAUD L’Africain sur le roi Amazigh Jugurtha que l’historien majeur de l’Afrique du Nord Charles André Julien avait surnommé « Le partisan ». 

Voici donc ce poème en guise de Bonne Année 2019 et tous mes vœux de YENNAYER ANAYER, nouvel an amazigh et jour sacré du 12 janvier au 18 janvier 2019 – sept jours sacré dont le dernier jour était dit « Jour du pouvoir de l’Assemblée des enfants » (Ass n warray n Wegraw n warrac). Jour de carnaval des enfants ; carnaval masqué à travers lequel ils jugeaient le comportement des adultes de leur cité. Je renvoie à mes articles sur Yennayer Anayer.

Jugurtha par Arthur RIMBAUD

 

 Dans les monts d’Algérie, sa race renaîtra :

Le vent a dit le nom d’un nouveau Jugurtha…

 

Du second Jugurtha de ces peuples ardents,

Les premiers jours fuyaient à peine à l’Occident,

Quand devant ses parents, fantôme terrifiant,

L’ombre de Jugurtha, penchée sur leur enfant,

Se mit à raconter sa vie et son malheur :

« Ô patrie ! Ô la terre où brilla ma valeur ! »

Et la voix se perdait dans les soupirs du vent.

« Rome, cet antre impur, ramassis de brigands,

Echappée dès l’abord de ses murs qu’elle bouscule,

Rome la scélérate, entre ses tentacules

Etouffait ses voisins et, à la fin, sur tout

Etendait son empire ! Bien souvent, sous le joug

On pliait. Quelquefois, les peuples révoltés

Rivalisaient d’ardeur et, pour la liberté,

Versaient leur sang. En vain ! Rome, que rien n’arrête,

Savait exterminer ceux qui lui tenaient tête ! »

 

Dans les monts d’Algérie, sa race renaîtra :

Le vent a dit le nom d’un nouveau Jugurtha…

 

« De cette Rome, enfant, j’avais cru l’âme pure.

Quand je pus discerner un peu mieux sa figure,

A son flanc souverain, je vis la plaie profonde !

La soif sacrée de l’or coulait, venin immonde,

Répandu dans son sang, dans son corps tout couvert

D’armes ! Et une putain régnait sur l’Univers !

A cette reine, moi, j’ai déclaré la guerre,

J’ai défié les Romains sous qui tremblait la terre ! »

 

Dans les monts d’Algérie, sa race renaîtra :

Le vent a dit le nom d’un nouveau Jugurtha…

 

‘’Lorsque dans les conseils du roi de Numidie,

Rome s’insinua, et, par ses perfidies,

Allait nous enchaîner, j’aperçus le danger

Et décidai de faire échouer ses projets,

Sachant bien qu’elle plaie torturait ses entrailles !

Ô peuple de héros ! Ô gloire des batailles !

Rome, reine du monde et qui semait la mort,

Se traînait à mes pieds, se vautrait, ivre d’or !

Ah, oui ! Nous avons ri de Rome la Goulue !

D’un certain Jugurtha on parlait tant et plus,

Auquel nul, en effet, n’aurait pu résister !’’

 

Dans les monts d’Algérie, sa race renaîtra :

Le vent a dit le nom d’un nouveau Jugurtha…

 

‘’Mandé par les Romains, jusque dans leur Cité,

Moi, Numide, j’entrai ! Bravant son front royal,

J’envoyai une gifle à ses troupes vénales !

Ce peuple enfin reprit ses armes délaissées :

Je levai mon épée. Sans l’espoir insensé

De triompher. Mais Rome était mise à l’épreuve !

Aux légions j’opposai mes rochers et mes fleuves.

Les Romains en Libye se battent dans les sables.

Ils doivent prendre ailleurs des forts presqu’imprenables :

De leur sang, hébétés, ils voient rougir nos champs,

Vingt fois, sans concevoir pareil acharnement !’’

 

 Dans les monts d’Algérie, sa race renaîtra :

Le vent a dit le nom d’un nouveau Jugurtha…

 

‘’Qui sait si je n’aurai remporté la victoire ?

Mais ce fourbe Bocchus… Et voilà mon histoire.

J’ai quitté sans regrets ma cour et mon royaume :

Le souffle du rebelle était au front de Rome !

Mais la France aujourd’hui règne sur l’Algérie !

A son destin funeste arrachant la patrie.

Venge-nous, mon enfant ! Aux urnes, foule esclave !

Que revive en vos cœur ardent des braves !

Chassez l’envahisseur ! Par l’épée de vos pères,

Par mon nom, de son sang abreuvez notre terre !

Ô que de l’Algérie surgissent cent lions,

Déchirant sous leurs crocs vengeurs les bataillons !

Que le ciel t’aide, enfant ! Et grandis vite en âge !

Trop longtemps le Français a souillé nos rivages !’’

Et l’enfant en riant jouait avec un glaive !

 Napoléon ! Hélas ! On a brisé le rêve

Du second Jugurtha qui languit dans les chaînes…

Alors, dans l’ombre, on, voit comme une forme humaine,

Dont la bouche apaisée laisse tomber ces mots :

« Ne pleure plus, mon fils ! Cède au Dieu nouveau !

Voici des jours meilleurs ! Pardonné par la France,

Acceptant à la fin sa généreuse alliance,

Tu verras l’Algérie prospérer sous sa loi…

Grand d’une terre immense, prêtre de notre droit,

Conserve, avec la foi, le souvenir chéri

Du nom de Jugurtha ! N’oublie jamais son sort :

Car je suis le génie des rives d’Algérie !

 

 

 

 

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Réponses

  1. Ce poème est un honneur à notre chère berbérité, honneur que tu nous rends si bien à travers tes écrits, Tonton Youcef ! Rimbaud disait à Izambard, en 1870,  » Je m’entête affreusement à adorer la liberté libre ».
    Et je suis convaincue moi aussi, comme lui, que « sa race renaîtra » en chacun de nous et à travers notre liberté, qui est plus qu’un état social, c’est un état d’être au monde et en connexion avec ce monde… Que cette année soit belle de Liberté et de Berbérité !
    Fatia D.

    • Azul a ma nièce préférée ! Merci pour ton message. Je suis content que « mon » article te plaise. Je te sais fane d’Arthur RIMBAUD et je te sais aussi pleine de culture. Tu continues de m’étonner agréablement par tes connaissances littéraires et ta pensée profonde qui me révèle, à chaque fois que tu viens à la maison, une personne riche et cultivée. Bravo pour tout !

  2. Quelle délectation que de relire ce poéme qui devrait etre appris par nos enfants algériens !

    Dans une puissance évocatrice presque ennivrante , nous relisons grâce à Youcef Allioui ce merveilleux poéme sur Jughurta ; et de plus à bon escient et en moment opportun à la veille de Yennayer !
    Si l’on tentait de donner une définition du génie poétique , ce serait celui de Rimbaud , qui à 14 ans , compose ce merveilleux poéme en honneur à l Algérie numide et berbére dont il avait déjà saisi toute l’âme !
    Arthur Rimbaud occuppait une place de choix parmi les poétes du XIX° siécle , d’ abord par par la puissance en émotion de ce qu il écrivait , mais aussi par cette conscience de la vie , ainsi que son coté visionnaire comme dans ce merveilleux poéme sur notre roi berbére !
    Grâce à Rimbaud qui l’ avait perçu et saisi , nous lisons encore des lignes qui traversent l Histoire sans perdre aucune fragrance de leur substance ; et plus encore : cela se réalise comme dans un prophétie poétique qui devient réalité pour nous les algériens aujourd hui à la veille de Yennayer .

    Merci Youcef Allioui de nous avoir replongé dans cette époque ou nous déclamions par coeur les textes poétiques : je me suis remémoré « Le dormeur du val  » que nous avions appris au lycée dans les premiéres classes …..
    Donc aujourd hui il urge ,à l école , de faire apprendre à nos enfants ce poéme qui magnifie un Roi , une oeuvre magistrale , mais aussi un Symbole et des valeurs qui nous reconcilient avec notre Histoire algérienne !!
    Sincére hommage , et vifs remerciements à Youcef Allioui qui réussit toujours à nous faire vibrer aux échos qui résonnent toujours dans nos mémoires !

    • Azul a Tasedna,
      Votre modestie vous empêche de dire publiquement que vous m’aviez rappelé ce poème de Rimbaud sur l’Eternel Jugurtha, il y a à peine deux semaines ! C’est donc aussi pour vous rendre hommage ainsi qu’à toutes les femmes amazighes qui nous ont élevés, inconsciemment, dans l’idée que nous devenions tous des fils et des filles de Jugurtha ! Et l’histoire d’Algérie depuis l’antiquité ne cesse de nous le rappeler et de nous tenir éveillés. Dans un poème laissé à ma mère par mon arrière grand-mère Awicha, il est question de son « Lion au combat » face aux envahisseurs français. Son jeune mari, « Idir le jeune » tomba en 1884 dans « la bataille des collines », face aux troupes du général Bugeaud que nos grands-mères avaient surnommé « Becchou le boucher ».

      Merci encore pour votre gentil témoignage que je reçois comme un vif encouragement.
      Tanemmirt a Tasedna !

  3. Dans l’annonce votre introduction et dans vos échanges entre amis aucun de vous ne précise que ce poème d’Arthur Rimbaud adolescent célèbre la lutte de l’Emir Abdelkader.
    En quoi cela vous gêne de reconnaître que pour Rimbaud le «nouveau Jugurtha» c’est ce chef arabe qui s’est opposé à l’âge de 24 ans à l’armée coloniale française dans un premier temps et à Bugeaud quand il en fut le chef?
    De plus, la traduction du poème écrit en latin n’est pas fidèle et vos expressions sont orientées vers la justification des thèses berbères. Non Arthur Rimbaud ne défendait pas une hypothétique «Berbèrie» mais bien Abdelkader et son combat contre le colonialisme. Réfléchissez et ne déformez pas la réalité des choses comme ça vous arrange. Merci de rectifier auprès de vos amis.
    -Voici un tout récent article honnête et bien documenté qui nous révèle les circonstances qui ont amené Rimbaud, futur arabisant, à n’écrire «Jugurtha» :
    Arthur Rimbaud, grand admirateur de l’Emir Abdelkader – Mondafrique
    https://mondafrique.com/arthur-rimbaud-premier-militant-francais-anti-colonialiste/

    • Ma chère Rime,
      Chacun sait que Jugurtha est Amazigh et qu’Abdelkader est Arabe. Rien n’empêchait donc le grand Rimbaud de dire qu’il s’agissait d’un Arabe et non pas d’un Amazigh… Jugurtha, comme tous les résistants amazighs, étaient mort dans d’affreuses tortures et dans des conditions terribles et terrifiantes. Quel rapport avec Abdelkader qui s’était rendu aux Français et qui avait terminé sa vie dans une retraite dorée avec une pension faramineuse versée par la France qu’il était censé avoir combattu… Ami fidèle du général Bugeaud, qu’il appelait son étoile, comment comparer l’éternel Jugurtha à un pseudo résistant que la France coloniale avait traité avec grands égards en lui assurant une retraite dorée !!??
      Rimbaud parlait des grands résistants, morts au combat face aux canons et aux mitrailleuses françaises, et certainement pas d’Abdelkader qui avait même aidé l’armée coloniale à lancer des expéditions punitives contre les tribus résistantes à l’armée française !!
      Je vous invite à lire davantage l’histoire de l’Algérie pour comprendre le véritable rôle qu’avait joué Abdelkader pensant l’invasion de l’Algérie par l’armée française… C’est à titre de traître qu’il avait été chassé de la Soummam où il avait campé pour se rapprocher des officiers français qui occupaient Bgayet… Alors que pendant ce temps, le résistant kabyle Mohand Améziane Ifennayen faisait face avec ses compagnons aux troupes coloniales… Comme Jugurtha, Les grands résistants algériens sont tous morts au combat face à l’armée coloniale. Du valeureux Cheikh Aheddad à Mohand Amokrane, dit El Mokrani, jusqu’à AMIROUCHE et Larbi Ben Mhidi, avec d’autres centaines de milliers de résistants sont tombés au champ d’honneur tel que l’écrivait le grand Amazigh Rimbaud pour rendre un vibrant hommage aux résistants berbères et hommes et femmes libres, IMAZIGHEN !

  4. Bonjour,
    Marc Ducassou
    studia.coranica@gmail.com

    Cité d’après Le 360 °, site d’information marocain.

    Culture
    CE CORAN DU XIXE SIÈCLE A APPARTENU AU POÈTE ARTHUR RIMBAUD, PASSIONNÉ PAR L’ISLAM
    Par Zineb Ibnouzahir (@ZinebIbnouzahir) le 07/10/2020 à 08h31

    Coran ayant appartenu à Arthur Rimbaud.
    © Copyright : DR

    Arthur Rimbaud, poète de génie à qui l’on doit «Le bateau ivre», ou «Le dormeur du val», nourrissait un amour profond pour l’Orient et un intérêt particulier pour l’Islam.

    A l’occasion des Journées du Patrimoine, la bibliothèque de l’Institut du monde arabe à Paris, l’IMA, a organisé une présentation d’ouvrages intitulée «Rimbaud d’Arabie, ou les aventures d’un poète entre les deux rives de la mer Rouge» afin de permettre aux visiteurs et aux lecteurs de (re)découvrir la dernière partie de la vie du poète, passée entre l’Arabie et l’Éthiopie.

    Loin, bien loin, comme un bohémien

    Après avoir produit une œuvre d’une densité rare à l’âge de 20 ans seulement, Arthur Rimbaud, «l’homme aux semelles de vent», passionné par l’Orient se consacre aux voyages et à l’apprentissage des langues étrangères.

    Son engagement dans l’armée coloniale néerlandaise lui permet, en 1876, de voyager jusqu’à Java. Puis, parti pour l’Egypte, il cherche à se faire employer dans les ports de commerce, mettant en avant sa connaissance des langues. Enfin, en 1880, il signe un contrat avec la Maison Vianney et Bardey pour s’occuper du commerce du café, de l’ivoire et des peaux à Harar, ville à l’est de l’Éthiopie actuelle. Cette activité commerciale façonne les dernières années de sa vie qu’il passe entre Aden et la côte africaine, sur les deux rives de la mer Rouge. Ses tentatives de prendre part au trafic d’armes s’avèrent peu fructueuses. En 1888, il ouvre à son propre compte un comptoir à Harar. Mais deux ans plus tard, affaibli par la maladie, il est obligé de quitter l’Afrique.

    France: Rimbaud était aussi photographe, voici trois de ses clichés inédits

    Rimbaud l’Oriental

    L’intérêt particulier pour Rimbaud dans le monde arabe peut s’expliquer par les liens étroits qu’il eût avec celui-ci durant les dernières années de sa vie. Si les chercheurs ne sont pas d’accord sur l’éventualité de sa conversion à l’Islam, son intérêt marqué pour cette religion est néanmoins avéré.

    En effet, plusieurs exemplaires du Coran lui ayant appartenu sont connus, dont celui conservé dans les fonds patrimoniaux de la bibliothèque de l’IMA. Cette année, à l’occasion des Journées du patrimoine, l’IMA a présenté au public un Coran dont Rimbaud a fait l’acquisition lors de son séjour en Abyssinie, entre 1854 et 1934. Ce Coran, imprimé en 1865 est un ouvrage lithographié et recouvert de cuir de chèvre. L’imprimerie Heydari qui a produit cet exemplaire du Coran faisait partie des grandes imprimeries lithographiques indiennes. Elle appartenait à la famille Pulbandari et publiait des ouvrages en arabe, en persan et en ourdou.

    Autre document tout aussi précieux, une lettre inédite en arabe qui se trouvait entre les pages de ce Coran, et adressée à Arthur Rimbaud par l’abban Fârih Kali, un chef de caravane employé par Rimbaud en Ethiopie dans les années 1880.

    «Si l’arabe négligé de cette lettre n’en facilite pas la compréhension, on saisit tout de même que Rimbaud avait des dettes envers plusieurs personnes et que Fârih Kali, servant ici d’intermédiaire, lui réclamait l’argent nécessaire pour régler cette situation», explique l’IMA.
    Par Zineb Ibnouzahir


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