HOMMAGE AU HIRAK – HOMMAGE AUX ALGERIENS DEBOUT
QUAND LES ANCIENS KABYLES PARLAIENT A LEURS ENFANTS… à travers…
LA VOIX DU VENT, DES OISEAUX, DES ARBRES ET DE LA MONTAGNE… CELLE DE LA LIBERTE ET DE LA LUMIERE.
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Avant-Propos[1]
« Depuis plus de cinquante ans que je subis l’ennui de la vie réelle, je n’ai trouvé aux soucis qui la dévorent qu’une compensation, c’est d’entendre des contes et d’en composer moi-même. » Charles NODIER
Mohand Améziane Ouchivane, mon père : « Pendant la guerre (la guerre d’Algérie), ta mère et moi nous sommes entendus pour vous raconter autant de contes qu’il nous était possible… Ce fut le seul moyen que nous avions trouvé pour vous faire oublier, l’espace d’un récit, les horreurs de la guerre… Le jour où notre maison fut détruite, ta mère et moi étions tellement désespérés que ce fut ta sœur Zahra la lionne qui avait pris notre place… Le conte, mon fils, est salvateur, car c’est le message des ancêtres dont les mots sont toujours là pour vous protéger… « .
LA VOIX (E) DU VENT :
Pensée des Anciens kabyles : « Le vent a dit : aucun dictateur ne saurait empêcher l’oiseau de voler et de se poser ! » (Yenna-yas wadu : »Wlac awersus ara s-yinin i wefrux ur ttafeg, ur ttrus ! »
Introduction
Cette habitude de faire parler les oiseaux et les animaux en général ainsi que les végétaux et les éléments physiques comme le vent, l’arbre et la montagne permettaient aux narrateurs de disposer d’une plus grande liberté. « Je parle par la voix de l’oiseau, donc je peux me permettre de tout dire : c’est l’oiseau ou l’arbre qui parle, ce n’est pas moi ! » Cette création littéraire dispose également d’un nom qui lui est propre en kabyle (tajanett). J’ai déjà expliqué le lien physiologique qui existait entre les anciens Kabyles et le monde physique, animal et végétal. Ce qui m’a toujours surpris, c’est d’apprendre bien des années après, à travers notamment les différentes recherches scientifiques, des thèses très proches de ce que j’avais appris de mes parents et des Anciens de ma confédération (arch). Cette science de l’interdépendance entre tous les êtres vivants qui existent sur la terre paraissait tellement évidente aux vieux Sages kabyles ! Ils n’avaient pas besoin d’appareils sophistiqués pour observer la nature. Ils pouvaient sans verbiage aucun dire et expliquer la relation qui existe entre la terre et l’homme, la fleur, l’insecte et l’oiseau. Une vision universelle qui permet de dépasser certains clivages.
Si le chardonneret est ainsi appelé en français à cause du chardon dont il se nourrit, la même relation sémantique existe en kabyle : le nom de l’oiseau « chardonneret » (abuneqqar) vient du « chardon » (aneqqar). On peut en dire autant par rapport à « l’homochromie[2] » ou à la « cline[3] » ou à d’autres aspects ornithologiques. Comme en français et dans d’autres langues, la variation du caractère morphologique déterminé, par exemple, par le milieu ambiant a entraîné le nom de certaines espèces d’oiseaux. Il en est ainsi des oiseaux du Bassin méditerranéen comme le loriot (acerreqraq), la fauvette grise (tiberdfelt), la bergeronnette (tabuzegrayezt), la huppe (tebbib) ou bien encore le râle des genêts (amenzezzu). Toutes ces correspondances séculaires « de nature écologique et culturelle » sont étonnantes car elles sont menées sur des territoires différents. Elle révèle, me semble-t-il, cette dimension universelle qui lie les humains, où qu’ils soient sur la terre, malgré les différences culturelles et linguistiques.
« Quand il n’y aura plus d’abeilles sur terre, l’homme aura disparu depuis longtemps ! » On prête cette pensée à Albert Einstein. En faisant parler l’abeille dans les contes kabyles, les Anciens disaient : « Quand le miel ne sera plus bon, il n’y aura plus de vie sur la terre ! » On peut donc en déduire que « l’oppression de la nature » révèle et stigmatise l’oppression que font subir des hommes à d’autres hommes.
C’est le côté universel de la pensée kabyle qui m’a toujours intéressé et que j’essaie, autant que faire se peut, de dévoiler tel que je l’ai reçu. L’alouette ou un autre oiseau, la montagne, le vent ou l’arbre ne sont que des prétextes – justes et porteurs de lumière – pour faire passer un message. Une pensée qui révèle une situation d’oppression interne, perverse et dangereuse car trop visible pour être vue, comme dans le cas de la tyrannie qui pèse sur les Imazighen sur leur propre terre.
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Aujourd’hui que les Algériens sont en pleine révolution de sens contre le non-sens et la bêtise, ils appellent cela le Hirak ; sans doute du berbère HERREK « Bouge-toi ! »
En hommage à leur courage et leur détermination, je leur dédie ce conte ou mythe désacralisé de nos ancêtres. Aux yeux du monde entier, ils symbolisent la liberté ; aux yeux des Anciens Kabyles, ils représentent « les Chasseurs de Lumière » (Iseggaden n tafat) dont l’histoire était racontée au coin du feu par nos parents et nos grands-parents…
Mon grand-père Ahmed Ali Ou-Yidir des Ijâad Ibouziden disait : « Dans chaque conte, le peuple kabyle a voulu inscrire l’histoire de tous les Imazighen. Beaucoup de nos contes sont en réalité des récits sacrés, des mythes (izran). Pour les sauvegarder de la vindicte des religions venues de l’extérieur, ils ont eu la lumière de les transformer en « simples contes »… Afin que nos ennemis ne s’aperçoivent pas du message sacré et divin que ces récits portent en eux… Tant qu’ils vivront, nous ne mourrons pas. »
ISEGGADEN N TAFAT – LES CHASSEURS DE LUMIERE
Que mon conte soit beau !
Et se déroule comme un fil de laine
Que celui qui l’entend à jamais s’en souvienne !
Il était une fois à propos de la lumière !
Vous êtes heureux, soyez-le à jamais !
Celui qui la cherche, qu’elle vienne à lui !
1 – Il était une fois un pays, un pays de paix et de lumière. Un pays où les gens vivaient en paix et heureux. Ils vivaient de la terre, des rivières et des forêts. Chacun était solidaire de l’autre. Riche ou vagabond démuni, l’étranger était toujours bien accueilli.
Il était donc une fois un pays, parmi les premiers pays de ce monde. Le pays allait bien et avait pour souci de bien faire les choses. Son peuple vivait dans la paix et le bien. Le roi régnait avec justice : il avait la main et l’esprit larges. Il pensait toujours au bien de son pays et de son peuple. La terre était travaillée, l’arbre était taillé, irrigué et greffé. L’eau des rivières était abondante et claire. Les sources et les points d’eau étaient bien aménagés et dans chaque fontaine coulait une eau douce et propre. La fleur s’invitait au printemps ; les abeilles butinaient à loisir et le miel avait le goût du fruit sacré. Et l’huile était semblable aux autres biens produits par le pays. Les animaux étaient bien traités. Les individus étaient respectés qu’ils fussent bergers ou templiers. Le pays du soleil était gorgé d’eau. Il avait la lumière, la paix et le bien-être.
Chaque individu, chaque homme, chaque femme, chaque enfant qu’il fût fille ou garçon, vivait dans le bonheur et le souci de bien servir son pays. Chacun écoutait les conseils de son roi, tout comme le roi écoutait son peuple. La démocratie avait cours, et le dictateur n’avait pas de place entre les gens. D’une cité à une autre, d’un village à un autre, la sagesse, le savoir et la paix occupaient toutes les places. Le pays avait le souci de ses enfants, comme eux-mêmes avaient le souci de leur pays. Les étrangers aimaient le pays de la lumière et de la paix. Le droit d’asile leur était accordé sans condition. Chaque cité et chaque village qu’ils pénétraient, les habitants les y accueillaient avec un visage souriant, le mot de bienvenue et le cœur ouvert. Le pays vivait depuis longtemps déjà dans la démocratie et le respect de chacun. Chaque habitant avait ses droits et ses devoirs. Chacun d’eux respectait son voisin.
Des années et des années furent ainsi ; le pays des savoirs vivait dans la lumière comme tous ses habitants. Ainsi furent les jours et les années, le pays s’éprit de l’importance des choses comme sa terre avait besoin d’eau. Il en était de même de ses arbres, de ses animaux et de ses oiseaux. Du plus grand au plus petit, la lumière et la paix rayonnaient sur tous les individus et tous les horizons, sur toutes les collines, sur toutes les vallées et sur toutes les montagnes. L’étranger qui entrait dans le pays de la démocratie trouvait un écriteau à l’entrée des cités : « Tu es en pays démocratique. Si tu apportes la paix, nous t’accueillerons en paix. Si tu apportes de l’orge, nous t’offrirons du blé. Si tu apportes du beurre, nous te ferons boire du miel. Si tu as fui l’injustice, nous te donnerons l’asile pour l’éternité. »
Ainsi se passaient les choses au pays que nos ancêtres appelaient « le pays de la démocratie, du droit d’asile et du bonheur. »
2 – Un jour parmi ceux que le Souverain Suprême n’aimait pas, le roi du pays mourut : « on lui avait attaché la mâchoire et les yeux. » Son fils, qui s’appelait Vousvouss, était trop jeune pour faire face aux charges du royaume. Parmi les conseillers du roi défunt, il y en avait un qui était peu recommandable. C’était lui qui commandait aux soldats du pays. Son projet était de régner sur le pays de la paix et de la démocratie. Dès qu’il prit le pouvoir, le pays était devenu triste. Il fut pénétré par la peur, le souci et l’angoisse. Les gens du peuple devaient se taire, mourir ou s’exiler. Le roi tyran entendait ainsi chasser ceux qui lui résistaient. Il oppressait et tyrannisait son peuple. Après la mort de sa femme – qui le tempérait de son vivant – il devint encore plus tyrannique. Le temps passa ainsi jusqu’au jour où il décida quelque chose d’inimaginable… Il imposa à son peuple de creuser des grottes à l’extérieur des cités et des villages. Quand les gens eurent fini de creuser les grottes, le roi ordonna la destruction de leurs maisons et il les obligea à habiter dans les grottes ainsi creusées comme s’ils étaient des animaux. Une idée folle surgit de sa pensée : les gens devaient vivre sans lumière dans les grottes et sans plus jamais voir le soleil ! Dans son édit, le roi tyran décréta : « La nuit pour le peuple et toutes les confédérations ; le soleil ne doit être vu que par le roi ! »
3 – Le pays de la lumière, qui est devenu le pays de la nuit, pleurait son roi défunt dont l’héritier, son jeune fils Vousvouss, était encore trop jeune pour régner. Vousvouss aimait son pays, le pays de son père. Il aimait toutes les choses qui se trouvaient sur la terre de son royaume, de l’oiseau au plus petit insecte. En grandissant, il prit de l’assurance et osa dire au roi tyran : « Ô roi tyran, je ne vois pas pourquoi tu prives le peuple du soleil ! Pourquoi tu les as enfermés dans des grottes sous terre ? C’est un acte qui me paraît injuste et arbitraire : cela ressemble davantage à de la folie ! »
En entendant les reproches du jeune prince, le roi tyran fut secoué par la colère. Il appela ses gardes et leur donna l’ordre suivant : « Jetez-le dans un puits jusqu’à ce que ses idées s’entendent avec les miennes ! » Ils prirent Vousvouss et le jetèrent dans un puits. Le roi tyran et dictateur le laissa ainsi pendant sept ans. Le jour où il décida de le faire sortir du puits, Vousvouss avait perdu la vue et il avait les cheveux blancs tel un vieillard !
Quand les gardes ramenèrent le jeune prince devant le roi tyran, ce dernier se soucia peu de son état et du mauvais traitement qu’il lui avait infligé ! Quand Vousvouss fut en face de lui, le roi tyran lui dit en criant et en se moquant : « Alors, tu es revenu dans le droit chemin ou non ? » Vousvouss lui répondit calmement : « Roi tyran, tu ne peux nous atteindre ! Roi tyran, tu ne peux comprendre l’importance de la lumière ! Il ne saurait y avoir de soleil sans l’ombre ni d’ombre sans le soleil ! Depuis toujours, la voie de mon pays a toujours été dans la lumière et la démocratie. Même si tu pardonnes, nous ne te pardonnerons jamais ! »
4 – Le roi tyran dit alors à sa garde : « Emmenez-le dans la montagne des vautours et des aigles ! » Les gardes prirent Vousvouss entre eux et le menèrent dans la montagne des vautours et des aigles. Le lieu était désert, sablonneux et venteux. Un soleil brûlant faisait craquer la terre. Les gardes du roi le lâchèrent et l’abandonnèrent là à son sort. Vousvouss chercha où s’abriter. Il finit par trouver une petite grotte. Le lendemain matin, quand il sortit de son trou, des vautours l’entourèrent pour le dévorer. Le plus vieux d’entre eux regarda le jeune garçon et dit à ses compagnons : « Il a perdu la vue, il a toutes les peines du monde : sa chair est interdite à notre peuple ; ce garçon est pur : nous, nous ne mangeons que la charogne ! » Ils le laissèrent là tout seul, ils battirent de l’aile et s’envolèrent dans les airs. Les aigles arrivèrent à leur tour. Ils se posèrent près de Vousvouss. Le plus grand d’entre eux l’examina et dit à ses compagnons : « Il a perdu la vue, il a toutes les peines du monde : sa chair est interdite à notre peuple ; ce garçon est pur : nous, nous ne mangeons que la charogne ! »
Vousvouss vécut ainsi pendant plusieurs années. Quelquefois, il trouvait quelque chose à manger ou à boire ; mais souvent, il restait ainsi face aux affres de la faim et de la soif. Il demeura au même endroit des jours et des années. Parfois la mort l’entourait, mais il revenait à la vie et l’on ne saurait dire d’où et comment.
5 – Un jour parmi les jours du Souverain Suprême, un lion sauvage passa près de la grotte où Vousvouss restait caché. Il leva le nez en l’air et dit : « Si la vue t’a abandonné, tu as ma protection ; si tu es meurtri par la vie, ta chair m’est interdite. Parle ! Dis-moi qui tu es ! »
Vousvouss lui répondit de l’intérieur de sa cachette : « Je suis un homme ; je ne vois plus et la vie m’a meurtri. C’est pour la lumière que nous avons perdu la vue ! »
Le lion sauvage lui dit : « Sors de ton trou. Puisque tu as perdu la vue en cherchant la lumière, je t’emmènerai au jardin des lumières. Quand Vousvouss sortit de la grotte, le lion fut abasourdi par ce qu’il voyait : un adolescent qui ressemblait à un vieillard ! Le lion dit à Vousvouss : « Je t’ai donné ma protection, comme l’accordait ton père de son vivant ! Monte sur le dos du lion et cesse d’avoir peur ! » Il mit Vousvouss sur son dos et partit. Il marcha, il marcha, il marcha longtemps ; quand il franchissait une colline, une autre apparaissait. Et ainsi jusqu’au jour où ils parvinrent au jardin des lumières. Le lion entra dans un château construit en verre des fondations jusqu’au toit. Il entra par la première porte et une autre s’ouvrit devant lui, et ainsi de suite jusqu’à la sixième qui s’ouvrit aussi. Lorsqu’une septième porte s’ouvrit devant eux, ils entrèrent enfin dans le jardin des lumières. Vousvouss entendit alors le bruit de l’eau qui coulait et le chant des oiseaux. Il demanda alors au lion qui venait de le sauver : « C’est comme si le parfum des fleurs de paix est venu à mes narines ! »
Le lion sauvage lui répondit : « Ce sont ces fleurs qui te rendront la vue ! » Quand Vousvouss descendit du dos du lion et qu’il s’approche de la fontaine pour boire, il entendit une autre voix lui dire : « Bois-en une gorgée, la seconde tu la passes sur tes yeux. Après avoir bu une première gorgée, il aspergea son œil droit. Il reprit une seconde gorgée d’eau avant d’asperger son œil gauche. Il entendit alors la même voix qui lui dit : « Maintenant tu peux ouvrir les yeux, la nuit s’en est allée. C’est la lumière du soleil qu’il te faut ! »
6 – Vousvouss ouvrit les yeux, regarda devant lui, derrière lui et ne vit personne. Alors il dit tout haut : « Ô Souverain Suprême, je suis venu du pays de la nuit et de l’injustice et je tombe dans le jardin des lumières qui ressemble à ce qu’était autrefois le pays de mon père ! »
Alors seulement il vit devant lui un « Sage-Protecteur » avec une longue barbe qui lui descendait jusqu’à la poitrine ; ses longs cheveux blancs descendaient sur ses épaules ; de son ombre jaillissait une lumière apaisante. Il s’adressa à Vousvouss : « Quel est donc le grand malheur qui te frappe, ô mon fils ! Qui donc t’a réduit ainsi ? »
Vousvouss lui répondit : « Ma meurtrissure c’est mon pays. Mon père s’en est allé comme le soleil qui se couche. Aujourd’hui, un dictateur a transformé le pays de mon père et de mon grand-père en pays de la nuit noire, et l’oiseau n’ose même plus s’y poser ! Mon père disait : « Le soleil doit être partagé par tout le monde !« »
Le Sage-Protecteur prit un aiguillon étoilé et le lança au loin dans les airs. Au bout d’un court instant, surgirent dans le ciel les chasseurs de lumière qui habitaient au-delà des montagnes. Chacun d’eux chevauchait un cheval d’éclair et de lumière. Ils avaient tous des chevaux longs qui leur descendaient jusqu’aux épaules tels des lions ; et chacun d’eux portait à sa ceinture une épée d’où jaillissait une étrange lumière. Quand ils arrivèrent devant le Sage-Protecteur, leur chef descendit de cheval et dit au Seigneur de la lumière : « Nous voici à tes ordres, Seigneur-Protecteur ! Quel est le pays de la nuit qui souhaite retrouver la lumière ? »
Le Seigneur de la lumière lui dit : « Vous entrerez dans le pays du tyran qui a transformé le pays de la lumière en pays de la nuit noire où les gens vivent dans des grottes ; en chaque coin du pays, vous y laisserez la lumière et vous enlèverez la nuit et l’obscurité ! N’épargnez pas les soldats qui vous attaqueront, mais prenez garde au peuple qui vit dans les grottes et sans soleil ! »
7 – Ils prirent Vousvouss avec eux et s’envolèrent dans un éclair vers le pays des lumières devenu le pays de la nuit. Quand ils entrèrent dans le pays, le roi tyrannique envoya toutes ses armées contre les chasseurs de lumière. Une grande bataille s’engagea. Les chasseurs de lumière anéantirent à coups d’éclair et de foudre tous les soldats qui leur opposèrent une résistance. Ils enlevèrent toute l’obscurité à coups d’éclair foudroyant. Il ne restait que le roi tyran dans le château. Ce dernier regarda par la fenêtre et vit le soleil qui éclairait de nouveau le pays. Les gens couraient les chemins. Les garçons et les filles criaient de joie. Les femmes poussaient des youyous pour saluer les chasseurs de lumière. Vousvouss descendit du ciel et courut vers les enfants et les jeunes de son âge. Les gens l’entourèrent comme s’il était le roi du pays. Au pays de la justice rejaillissait la lumière de tous les côtés.
Pris de panique, le roi tyran quitta le château et s’enfuit droit devant lui. Il finit par se retrouver dans les montagnes des vautours et des aigles. Cette montagne où ses gardes avaient abandonné Vousvouss seul jusqu’à ce qu’il devînt aveugle et presque mourant.
Quand les vautours le virent, ils s’élancèrent vers lui. Et le plus vieux d’entre eux leur dit : « Avant de le dévorer, nous lui enlèverons d’abord les yeux, afin qu’il connaisse l’importance de la lumière. La charogne se voit, sa chair revient aux vautours ! »
Avant de reprendre le chemin du retour, le chef des chasseurs de lumière dit au prince Vousvouss : « Celui qui cherche la lumière finit toujours par la trouver. Nous te léguons le sceptre de la lumière ; ton règne sera celui de la paix et de la quiétude. » Ils s’envolèrent et reprirent le chemin de leur pays, le pays d’au-delà les montagnes.
Le poète de la cité dit alors aux gens qui l’entouraient : « Pour le peuple qui connut sept guerres. Chaque cavalier s’arma de son sabre. Ensemble ils cherchèrent la lumière. Ils passèrent les montagnes pour aller de l’autre côté ! »
Vousvouss entra dans le château de son père. Les conseillers du roi défunt l’entourèrent et s’inclinèrent devant lui. Le plus vieux conseiller de son père lui dit : « Seigneur de la lumière, dis-nous comment recouvrer la félicité ? » Vousvouss lui dit alors : « Le pays de la lumière retournera vers la lumière ! Chaque maison sera reconstruite ! Chaque terre sera irriguée ! Chaque arbre retrouvera ses bourgeons ! Les sources jailliront ! Les rivières couleront ! De génération en génération, de la montagne à la vallée, d’horizon en horizon, la lumière et la paix reviendront ! Ainsi me l’avait appris mon père, ainsi nous l’avaient appris nos ancêtres ! »
J’ai appelé au-delà des montagnes
L’écho m’est venu de la vallée
Pour me dire qu’un pays qui sème le bien
La lumière viendra des cavaliers !
Que mon conte vous rende heureux !
Je l’ai dit la nuit, la lumière va le démêler
Je l’ai conté au jeune noble, le rocher a ri et pleuré
Je l’ai conté au clair de lune, le vent l’a vite emporté !
La protection du mythe est semblable à celle des lions !
Laanaya g_izri am tin g_izmawen !
Que l’éternel Jugurtha continue de veiller sur son peuple et sa terre !
[1] Youcef Allioui, L’oiseau de l’orage et Les chasseurs de lumière, éditons L’Harmattan, 2008, 2010.
[2] De la même couleur que le milieu ambiant.
[3] Variation progressive d’un caractère morphologique suivant le milieu auquel l’oiseau a fini par s’adapter.
Quand l imaginaire est nourri de cette seve ancestrale , quand tout le travail memoriel nous sert toute notre vie pour se construire et mieux apprender cette communion secrete et profonde avec l Univers ….. nous ne pouvons qu etre ancre dans cette Unite de l Homme et unite de la Science .
Encore une fois merci pour ce conte enchanteur et didactique a la fois .
Je pense que les solutions sages se trouvent dans ces Messages des Ancetres dont la portee a ete un peu delaissee ces derniers temps , helas .
Il urge d enseigner tout cela a nos enfants surtout a l ecole , et leur permettre ainsi de rever d une Algerie meilleure a construire grace a toute cette creativite et intelligence de nos jeunes citoyens lors de ce Hirak .
By: Zohra Hadj.Aissa on octobre 5, 2019
at 9:47
Tanemmirt a Tasedna !
Nessaram yiggwass ayen i d-jjan Imezwura a-t lemden ineggura… Assa ama di Vgayet, ama di Tizi naY di Tuvirett, tugett ttmeslayen taaravt… Ttun taqvaylit !! Il suffirait d’introduire les récits de nos Ancêtres à l’école pour que de nouveau la magie du conte s’opère… Un peuple, c’est la langue… Quand il perd sa langue, il disparaît ou change de nom… Comme les Imazighen qui se disent Arabes !! Nos Anciens disaient : »UN peuple qui a conservé sa langue, se sent en sécurité »(AGDUD ISAAN ILES YETWENNES !)
By: youcefallioui on octobre 6, 2019
at 9:12