URAWEN USEGGWASS AMAYNUT 2016/2966

I YEMDUKAL ANDA MA LLAN YAKW T-TMURT N

IMAZIGHEN

 

Une flamme dans le vent…

 

Si chacun de mes vœux pouvait être exaucé

Les fontaines taries seraient par deux lacs remplacées

La vieille grand-mère kabyle m’enverrait un habit

Un burnous tissé de soleil et de pluie

Pour bâton de sagesse, la forêt me donnerait

Alors que je cours le monde, mon pays me manquait

Et je vais ici et là dans le noir que je vois

Comme un pauvre chien de rue frissonne de froid

Je brise des liens qui me sont pourtant chers

Et dans le kanoune aussitôt flambe un feu clair

Je me sépare des miens, de ceux qui ne reviennent

J’ai oublié mes champs, mes vallées et mes plaines

Je m’en vais au loin, là où je vais pâtir

J’entends ma douce mère, je l’entends encore me dire

Tu t’en vas et tu fuis comme un bateau sur les flots

Jamais tu ne reviendras, sinon à travers mes mots

Qu’importe ce que l’on dira, tu es fier comme avant

Tu feras de tes vœux une flamme dans le vent !

URAWEN USEGGWASS AMAYNUT 2016/2966

I Vussaâd Berrichi yakw d wid i d-ifkan urawen-nsen

 Pour certains ami(e)s qui sont en Kabylie, le message par portable ne passe pas… Veuillez trouver ici toutes mes excuses.

 

 

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Publié par : youcefallioui | décembre 18, 2015

AGRAW… au temps des Imusnawen – La parole et l’Assemblée

Couverture - AmusnawPensée Kabyle : Awal yessirid wayed –
« Toute parole qui manque de sens peut être lavée par d’autres mots. »

Reprendre ce texte me semblait nécessaire à plus d’un titre… Evacuer les quelques coquilles que les lecteurs m’ont déjà signalées ; simplifier les phrases et les expressions auxquelles les lecteurs ne sont plus habitués ; expliquer davantage les points d’ombre que présente le texte original. Tous ces « allègements » ne sont nécessaires que pour une raison principale : montrer – à l’exemple d’un Raymond QUENEAU pour la langue française – que la langue kabyle recèle de grandes facultés d’adaptation et d’adhésion à « tout sens de langage ambigu venu d’ailleurs » (J. Gabel) pour appréhender de mille et une façons un texte qui peut être difficile tant du point de vue grammatical, lexical ou prosodique .
C’est donc pour rendre ce texte plus accessible pour tous que cette nouvelle édition m’a parue nécessaire. J’espère ainsi avoir tenu compte des remarques de celles et ceux qui avaient lu la première version.
« Nous constatons alors qu’une traduction n’a de sens que si
le traducteur pense à obtenir, autant que faire se peut, le
fidèle enracinement qui lie la langue cible à sa société, à ses
usagers. Un peu comme dans le dicton ancien qui dit : « La
racine suit la tige » (Azar yettabaâ tara), sous peine de n’être
reconnue par personne et de connaître le même
anéantissement – que nous avait imposé l’école française
pendant la colonisation –, la langue amazighe doit d’abord et
avant tout suivre la société et le peuple où elle a pris racine.
Les anciens Kabyles utilisaient un dicton qui synthétise et
stigmatise l’aliénation linguistique : « Qui a une langue se
sent plus en sécurité ! » (Win isâan iles yetwennes !)
Ma sage maman disait : « La lumière de l’enfant, c’est sa
langue maternelle. » Sans doute qu’elle se rappelait le jour de
septembre 1961 où je revins de l’école… les mains
ensanglantées pour avoir osé parler en kabyle. (p. 118, in la première version : Amsayer).

AGRAW… au temps des Imusnawen

Mon père disait : « Un mot (malheureux) peut être lavé par un autre mot (sensé) » (Awal yessirid wayed).
C’est en pendant aux enseignements de mon père – Mohand Améziane Ouchivane – que j’ai pensé redonner une autre version du texte de Khalil GIBRAN : Le Prophète (The Prophet).
Paru la première fois avec le titre de Amsayer (Le Prophète), la nouvelle édition porte un nouveau titre : Amusnaw (Le Sage). Et ceux et celles qui ont connu mon père savent ô combien ce titre lui sied à merveille…

C’est une version dont j’ai clôturé chaque chapitre par une pensée de mon père. C’est aussi une version que j’ai voulue plus légère : en apportant un maximum d’éclaircissements lexicaux et textuels pour que le lecteur puisse pénétrer et comprendre toutes les nuances de ce texte dont la richesse n’est plus à démontrer.
C’est une version qui, à l’instar d’un Raymond QUENEAU, montre que notre langue – Taqvaylit – peut s’adapter à plusieurs niveaux de traductions. « Du degré zéro », de Roland BARTHES au degré sapiential de Mouloud MAMMERI selon le Cheikh Mohand Ou-Lhocine.
Pensées que mon père attribuait au sien, mon grand-père Mohand Achivane :
1 – Yal tamurt s wudmawen-is, ma d Rebbi yiwen i’gellan ! (Chaque pays a ses visages, mais Dieu est partout le même !)
2 – Axxam herz-it !
Aqcic rebb-it !
Gma-k hader-it !
Iger essew-it !
Erfed w’ur nesi ifadden, ma d Rebbi anef-as i medden !

Ta maison, protège-la !
Ton enfant, éduque-le !
Ton frère, prends-en soin !
Ton champ, irrigue-le !
Aide celui qui est démuni ; quant à Dieu, laisse-le aux autres !

Anecdote racontée par l’Amusnaw Mohand Qasi At Bujemâa (Dda Muhend Qasi) :
Awal ibexsen, yessirid-it wawal iggerzen – Un mot malheureux peut être lavé par un mot admirable.
« Mohand Ichaddiwen, dans un excès de colère, lâcha en cours d’Assemblée : « Cette Assemblée manque de discernement ! » (Agraw-agi ixuss deg’wasal !)
Mohand Achivane (mon grand-père) lui répondit : « Xas twaladh ixuss Wegraw-agi, a Muhend Ichaddiwen, kecci nessen-ik ur t-xussed ara ; tzeggdhedh-d kan deg’wmeslay ! » (Mon cher Mohand des Ichaddiwen, même si cette Assemblée te semble manquer de discernement ; toi, nous te savons plein de sagesse ; tu as juste ajouté un mot de trop ! »
Et, comme cela arrivait souvent à l’époque où les hommes et les femmes se mesuraient au degré de leur sagesse, pour se faire « pardonner », Mohand Ichaddiwen dit alors ce poème :
D-iles-iw i d-yeggwin lada
Buddegh-as lmus a-t yegzem !
Kulci i teddu s lehdada
Tejja-yi tmusni ger irgazen
Ar yidma s’kr’illan da
Nettwasser s wudmawen-nwen !

C’est ma langue qui a jeté l’opprobre
Elle mérite d’être coupée au couteau !
Toute chose a besoin de retenue
La sagesse m’a laissé nu entre les hommes
J’implore les sages de cette Assemblée
Et que le pardon me soit concédé !

Les anciens Kabyles disaient aussi : « Awal yessefsay uzal » (Le mot peut faire fondre le fer) ; « Bu yiles, medden akw ynes » (Qui a l’éloquence a tout le monde à lui : diction cher à Dda Lmulud) ; « Bu-yiles izmer ad itedh taseda ! » (Qui a l’éloquence peut boire le lait de la lionne !)
J’ai recensé près de 40 proverbes et pensées sur « la parole » (Ameslay) ou « le mot » (Awal). Car dans la langue kabyle, la nuance entre les deux termes est très ténue.
Ameslay deg’s awal, awal ibennu ameslay (La parole est faite de mot, le mot construit la parole).
– Alors si vous voulez faire un cadeau de fin d’année ou de nouvel an… Offrez un livre !
– Dgha, ma yella tebgham a-t gem asefk n yixf useggwass nagh n useggwas amaynut… Ssifket adlis !
Win isâan iles yetwennes !
Qui a une langue se sent en sécurité !

Publié par : youcefallioui | décembre 18, 2015

Couverture Amusnaw

Publié par : youcefallioui | novembre 21, 2015

L’économie, l’homme et la liberté… Daniel Cohen sur Awal – BRTV

L’économie, l’homme et la liberté… Selon Daniel COHEN
(Ablalas, amdan d tillelli, sghur Daniel COHEN)

A travers son émission AWAL sur BRTV, le professeur Hafid ADNANI nous offre une fois de plus deux heures de réflexion. Consacrée aux Sciences économiques, l’émission nous livre la pensée d’un professeur d’économie de talent dont la réflexion, empreinte de philosophie et d’humanisme, dépasse la simple vision économiciste à laquelle nous avaient habitués bon nombre d’économiste. Une vision qui oscille souvent entre un étalage de chiffres suivant de constatations dérisoires et tardives qui ne présentent aucun intérêt pour ceux et celles qui veulent comprendre un peu plus sur les méandres de l’économie.
Daniel COHEN semble avoir échappé à cette vision vieillotte de la doxa économiste en apportant une vision à la fois philosophique et humaniste du développement – lui parle de croissance – économique.
Dans son dernier ouvrage au titre fort éloquent « Le monde est clos et le désir infini », il nous offre une réflexion qui rejoint subtilement celle qui a été développé par un éminent prédécesseur qui nous avait offert les véritables clés de la compréhension de l’économie telle qu’elle devrait être enseignée et portée à la connaissance de tout un chacun.
Daniel Cohen a ce mérite d’être clair dans sa vision et son discours économiques, même lorsqu’il s’agit d’aspects abscons (ruptures) dont les répercussions trouvent leur « fondement » et leurs explications dans le politique et les phénomènes ou retentissements au niveau social. Nous avons déjà lu et également perçu cette avance sur les idées (économiques) chez l’économiste Y. Bresson (cf. Le revenu d’existence ou la métamorphose de l’être social).
Ce que je retiens est la clarté du discours économique de Daniel COHEN . A tous égards, il est également proche de cette liberté de voir et de mieux comprendre les desseins de la croissance économique du grand économiste Amartya Sen, professeur au Trinity College de Cambridge et prix Nobel d’économie en 1998.
Malgré quelques chiffres qui sont davantage des constatations ludiques pour mettre l’auditeur et le lecteur dans « le bain économique » et au-delà de la vision Keynésienne, Daniel Cohen s’était employé à nous livrer dans une clarté sans faille ce qui nous anime. La consommation est son objet – à consommer – est devenu un objet de désir qui anime L’Homo economicus (un titre de l’un de ses nombreux ouvrages) nous mène vers un horizon où la relation sociale va se tendre et se crisper pour mener les hommes et le monde dans un monde où la violence s’imposera encore davantage au détriment du plus faible… Et c’est aussi là que Daniel COHEN nous offre une autre vision psychosociologique – qui fait de son champ économique, sans doute aussi étendu que celui de Serge Latouche et d’Amartya SEN – où les crispations du moment vont tendre vers l’instauration d’une violence qu’il explique par la théorie (le mot est de moi) du bouc émissaire… engendré par le capitalisme (D. Cohen n’utilise quasiment jamais ce mot).
Il nous explique alors comment le monde entre dans ces champs psychosociologiques en mettant l’accent sur le repli sur soi dans une société qui, par la force des choses économiques, finira par provoquer la segmentation de la société… Une approche, que d’aucuns vont considérer comme simpliste, alors qu’elle nous offre (au contraire !) les éclaircissements de l’effondrement des classes sociales. L’exégèse est claire à travers une classe moyenne fuyante dont l’affaissement sera l’une des causes, sinon la principale cause qui conduirait à tous les extrêmes d’un point de vue social et psychologique.
Daniel COHEN nous avait déjà apporté certains éclaircissements dans deux de ces précédents ouvrages : « Richesse du monde et pauvreté des Nations » et « Nos temps modernes » dont il rappelle encore une fois de façon ludique, ce qu’il appelle « La féodalité moderne du constructeur automobile Ford ; et le film « Le temps modernes » (Flammarion) de Charlie CHAPLIN ou Charlot. Il ne manque qu’un pas pour que nous soyons plongés dans une théorie purement marxiste de l’économie ! C’est réconfortant ! Car nous ne sommes pas loin de la vision économique marquée de Y. Bresson qui va jusqu’à faire le procès du capitalisme qui se construit sur une grande partie de la perte de dignité et de la déchéance de de l’homme (Y. Bresson, in Revenu d’existence et solidarité).
Dans son ouvrage « La prospérité du vice », un chef-d’œuvre littéraire et philosophique !, D. Cohen nous invite à comprendre ce que sont « Les infortunes de la prospérité », concepts et représentations que nous retrouvons en filigrane dans « Un nouveau modèle économique » d’A. Sen. (Odile Jacob, 2013).
Daniel COHEN nous offre toutes les clés pour ouvrir les portes de « ce monde clos ». A ce titre et à bien d’autres – notamment la clarté de son discours et sa vision humaniste et philosophique. Si l’idée de Keynes est de comprendre l’économie à partir des passions humaines, il est important d’en saisir quelques rouages.
Le discours de Daniel Cohen est de se poser en « monsieur qui ne connaît rien », dans un rôle de néophyte pour apporter des éclaircissements sur l’état du monde au triple niveau économique, philosophique et psychosociologique. C’est certes là une envergure intellectuelle qui mérite d’être saluée ; du moins pour ce que j’ai pour comprendre.
C’est pour toutes ces raisons « économiques » que la raison et l’entendement humains ne comprennent pas toujours que je vous invite à écouter attentivement :
L’émission Awal de Hafid ADNANI (BRTV) consacré à cet économiste de talent qu’est Daniel COHEN.

PS : Je ne peux pas vous soumettre la vidéo de l’entretien : elle a été supprimée du compte de Youtube-associé. C’est bien dommage !

 

 

 ASSOCIATION BERBERE TAFERKA MONTREUIL

CONFERENCE-DEBAT

L’association Berbère TAFERKA organise une conférence-débat avec

le Dr Youcef Allioui,

autour de son dernier ouvrage intitulé :

« La langue et la mémoire »

« Tameslayt D Wasal »

Editions bilingue berbère-français. L’Harmattan

Samedi 31 octobre 2015 à 14 h 30

 Entrée libre – un pot d’amitié sera offert

 Au 60 rue Franklin, métro Mairie de Montreuil

Tél. : 06 23 01 53 62

Association régie par la loi du 01 juillet 1901, déclarée à la préfecture de la seine saint Denis sous le n° w931002121.Adresse: 49, bis avenue de la Resistance-93100 Montreuil .site : www.taferka.fr – E-mail :berberetaferka@yhaoo.fr

 

 CONFERENCE ET PRESENTATION

DE L’OUVRAGE

La langue et la mémoire – Tameslayt D wasal

ARGUMENTS

« Une seule braise éclaire la maison – L’énigme » (Yiwet tirgit teccur axxam – TamsaԐreqt)

« Un grain qui appelle et surgit une merveille – L’énigme » (Yessawel uâeqqa, teffegh-d tbaqa – – TamsaԐreqt)

Mohand Améziane Ouchivane, mon père  : « Une énigme est semblable au papillon qui se pose sur une fleur au printemps » (Tamsaâreqt am ufertetu yersen af ujeggig di tefsut.)

 Le philosophe et psychosociologue de l’aliénation Joseph GABEL : « Il y a quelque part des traces linguistiques d’une intense perspicacité chez d’autres peuples autochtones semblables au peuple berbère… Des traces d’une immensité première, vivifiantes à souhait et porteuses d’un sens profond qui plonge ses racines dans l’histoire de l’humanité. C’est ce que les Berbères devraient attiser et se garder d’oublier – comme ces contes et ces énigmes venus des premiers âges où, probablement, vos ancêtres régnaient encore sur l’Egypte ancienne – sous peine de disparaître comme bon nombre de peuples premiers. »

Un peuple sans culture ne peut aspirer à une vie décente ni à la prise en main de son avenir. Mon père exagérait sans doute quand il me disait : « Un seul conte kabyle vaut tous les livres du monde (Yiwet tmacahutt nnegh tif yakw tiktabin n ddunnit !)

Ce n’est qu’en prenant de l’âge et après avoir travaillé – pendant de longues années dans de centres de recherches – que j’ai pu comprendre un tant soit où mon vieux père voulait situer le débat : un conte dit (et écrit) dans notre langue signifie que le peuple amazigh est encore et sera à jamais de ce monde… Il avait senti que les peuples premiers et autochtones (At-tmurt, comme disaient les anciens Kabyles) disparaissaient imperceptiblement devant l’indifférence et la satisfaction des modèles dominants et glottophages.

Roland Barthes disait à juste titre : « Voler son langage à un homme au nom même du langage, tous les meurtres légaux commencent par là. »

Je l’avais très vite compris quand à je fis mon entrée à l’école française à l’âge de 11 ans : Je fus violemment frappé à la fois par l’instituteur français et l’instituteur arabe pour la même raison : J’avais osé parler en kabyle à l’école !

Avec l’officialisation prochaine de notre langue en Algérie et partout en Tamazgha terre des Imazighen, notre espoir et notre détermination s’inscrivent dans un avenir proche où les contes, le joutes oratoires, la poésie, les énigmes, les comptines ainsi que tous les pans de notre littérature orale – dans un souffle nouveau – soient repris soit repris dans toutes les écoles de Tamazgha. 

De l’utilisation des énigmes à des fins pédagogiques

Résumé de ces recommandations (cf. Conclusion du livre).

Pour qu’ils puissent participer pleinement au jeu, l’élève, l’auditeur et le téléspectateur ont besoin de plus de précisions et des règles de transmissions instaurées par les Anciens. Ce sont ces règles que je me fais un devoir d’exposer et d’expliciter dans tous mes ouvrages et notamment ceux qui traitent des énigmes :

1 – Quelles sont les modalités de création des énigmes et des devinettes ?

2 – Quelle différence y a-t-il entre énigme et devinette ?

3 – Quelles sont les règles qui président au jeu des énigmes ?

4 – Quelles sont la structure et la morphologie qui dominent dans la « langue particulière » des énigmes : utilisation d’hapax, d’une morphosyntaxe malaisée, d’expressions idiomatiques et polysémiques, de dictons et des maximes détournés au bénéfice des énigmes, des incipits tirés de proverbes, de contes et de mythes.

5 – Expliquer la portée polysynthétique ou incorporative  de la langue kabyle ainsi que le génie linguistique des Anciens qui se jouent, par exemple, des géminées, comme dans l’énigme suivante :

« C’est dans le trèfle que j’ai trouvé son nom – L’hyène. » (Deg iffis i yufi isem-is – Ifis.)

Le rôle pédagogique porté par tous les pans de notre littérature orale nous donne aussi vers la fonction symbolique qui caractérise davantage encore le message et la forme littéraire de l’énigme. Une fonction symbolique où le non-dit, le sens caché, est révélé à travers les images et les symboles d’un monde, d’une pensée synthétique voire holistique plutôt qu’individualiste et analytique. La voie holistique voit toutes les choses et tous les êtres vivants comme liés. Cette approche ne sépare pas l’élément du tout, l’individu du groupe ou l’homme de la nature. Aussi, ce qui me paraît digne d’intérêt, c’est l’importance accordée par les anciens Kabyles à l’environnement et à la nature. Les éléments qui les composent sont considérés de façon quasi religieuse ou ordalique.

La fonction psychologique : au plus haut de l’échelle de la sagesse, tout comme pendant les rencontres de « gens ordinaires », il est possible d’entrer de pleine conscience (taguri di wasal) dans ce niveau caché où le message s’adresse parfois au plus profond de chacun. Le lecteur ne manquera pas de relever la fonction historique – à laquelle nous avions déjà fait allusion à plusieurs reprises – à travers le jeu magnifique des énigmes qui a aussi et surtout une fonction de divertissement sans laquelle les autres fonctions n’auraient probablement pas existé, ou à tout le moins n’auraient pas eu le poids de cette universalité que l’on retrouve à travers la littérature orale.

Cette littérature d’une richesse extraordinaire, laissée pour compte en Afrique du Nord est pourtant mise en valeur un peu partout dans le monde éducatif occidental. Il est impossible d’entrer dans une école – du stade maternel à celui de l’Université – sans que l’on soit interpellé par l’intérêt qui est porté à cette littérature qui fait partie du patrimoine immatériel de l’humanité.

Si seulement cela pouvait encourager les Imazighen en général et les Kabyles en particulier à s’emparer de ce trésor légué par les ancêtres afin qu’il ne tombe pas dans l’oubli.

Aujourd’hui que les Anciens nous ont tous quittés, la transmission vécue n’existe plus. Il ­nous reste la transmission orale pour peu d’années­ encore, tant il est vrai que lorsque la première ­s’arrête, la seconde, à son tour, ne tarde pas à disparaître. Car une civilisation est d’abord vécue ­avant d’être pensée et transmise sous forme d’énigmes, ­d’adages, de maximes, de contes, de mythes, de proverbes et­ d’axiomes percutants ou « porteurs » pour empêcher le temps et les ignorants de l’emporter sur ce que l’humanité à d’universel. Qu’on ne s’y trompe pas, une langue meurt quand plus ­personne ne la parle et ne la transmet. Notre devoir est de préserver la nôtre, en butte aux hostilités de l’idéologie culturelle dominante. Ce n’est ­qu’ainsi que nous pouvons témoigner aux générations ­futures notre soif de vouloir servir toute l’Humanité.

La littérature orale, qui véhicule l’ensemble des connaissances sur le monde, la nature et la société – l’Homme amazigh et sa pensée – peut contribuer à l’éveil de la conscience d’un peuple, tout particulièrement lorsqu’il s’agit d’un peuple opprimé, comme le peuple berbère/amazigh. Cet éveil passe notamment par la recouvrance et l’exaltation de sa langue maternelle grâce à l’assignation d’une dimension universelle faite à la littérature orale traditionnelle autochtone qui tient ses racines d’une civilisation amazighe millénaire.

Youcef ALLIOUI

Publié par : youcefallioui | octobre 14, 2015

Chérif AHMED-CHAOUCH ou la lumière de l’esprit.

Chérif AHMED-CHAOUCH ou la lumière de l’esprit.

 

Je viens de voir une exposition d’un peintre algérien que je découvre avec une satisfaction et une joie que je ne saurai taire, c’est pour cela que je souhaite la partager avec ma famille, mes amis et tous les autres, qu’ils soient de ce beau ciel d’Algérie ou d’ailleurs. Car, comme me disait ma défunte grand-mère Ferroudja « Tayedjert » : « Le ciel réunit tous les hommes et les femmes qui aiment le soleil, la lune et les étoiles… car en chacun de nous, il y a une étoile qui brille… »

Chez Chérif AHMED-CHAOUCH, c’est un peu ce que j’ai ressenti en regardant ses toiles… Un mystère dans la lumière et la profondeur de l’œuvre que je retrouve dans ce ciel de ma grand-mère Ferroudja… Alors, je n’ai pu m’empêcher de ressentir un soulagement devant toutes les barbaries que le monde et l’humanité vivent actuellement.

Tout comme moi, vous quitterez la grisaille pour entrer dans un monde qui vous invitera à faire un beau voyage où la couleur peint le corps et l’esprit.

Tout comme moi, vous entendrez les murs qui parlent et qui vous invitent au voyage d’un imaginaire que l’on peut toucher non pas du doigt mais de l’âme et du cœur. Les couleurs vous porteront dans une contrée où tous les bonheurs sont possibles ; vous y goûterez les saveurs d’une recherche qui n’a d’objectif que celui d’un instant de paix et sérénité que vous verrez à travers chacune de ses toiles…

L’une de mes arrières grands-mères – Awicha des Ijaâd Ibouziden – avait dit un jour à l’un de mes grands oncles – Yahia des Ijaâd – qui lui reprochait de faire trop veiller les enfants en leur racontant des histoires : « Ô Yahia des Ijâad ! Les enfants ont autant besoin de contes que de couscous ! »

 

Vous verrez des toiles qui vous rappelleront sans doute quelque chose ou quelqu’un… Une grand-mère ou un grand-père, une mère ou un père, un frère ou une soeur, un ami ou une amie, dont vous entendez encore la sonorité des mots bien qu’ils soient loin de vous ou partis depuis déjà fort longtemps… Ce sont des sonorités que seule la culture sous toutes ses formes sait faire teinter en faisant abstraction du temps qui passe… Seule la culture fait qu’un peuple vit pleinement son histoire et son combat face à tous les destins, fussent-ils sombres et sans lumières.

Devant chaque toile, vous vous sentirez rêver en cherchant à déceler le grain magique qui fait d’elle une étoffe de vie suspendue au mur afin que vous soyez pénétré par la plénitude d’un peintre qui déploie son talent pour que vous éprouviez un certain bonheur à vous dire : « J’aurais aimé être un peintre ! Ou peut-être un musicien ! Ou peut-être un écrivain ! Ou peut-être… quoi déjà ? Le monde des peut-être est celui de l’enfance qui rattache l’homme et la femme à ce qu’ils ont de meilleurs en eux.

Vous éprouverez une certaine légèreté et esquisserez un sourire quand Chérif AHMED-CHAOUCH vous ouvrira grandement les portes d’un univers où tous les bonheurs sont permis… Votre enfance rejaillira alors dans ce qu’elle a de plus prometteur… Il faut que je fasse quelque chose moi aussi qui puisse éveiller en moi et chez les autres ce sentiment de liberté qui manque tant au monde et surtout à ce pays que nous aimons tant, cette terre berbère où nous avions pris racines, l’Algérie…

Faites un petit tour à la Sorbonne et vous ne le regretterez point… Vous verrez chez ce peintre du beau et de l’harmonie qui éveilleront en vous la force de l’âme et de l’esprit où chacun de nous porte son Algérie des Lumières dans un Univers où la pensée humaine s’est débarrassée de toutes les fioritures et de toutes les aliénations.

 

Suivez le lien et vous serez guidé pas à pas :

http://cherifac.pagesperso-orange.fr/artiste.htm

Chérif AHMED-CHAOUCH

Né en 1949 à Tébessa en Algérie, arrivé en France en 1966 après des études secondaires en Algérie, j’ai entrepris une formation dans les arts graphiques au lycée technique de Reims.

C’est un apprentissage consacré aux divers métiers de l’imprimerie. J’ai obtenu le CAP d’imprimeur.

Mon admiration pour Rembrandt, Michel Ange, mais aussi Racim, le miniaturiste a suscité ma passion pour l’art et en particulier les métiers d’art.
Parallèlement à ma carrière professionnelle, j’ai entrepris, en cours du soir, une formation artistique : J’ai travaillé le dessin, la peinture, la gravure.

J’ai souhaité aller plus loin dans l’art, avec l’initiation à la peinture sur soie, la réalisation de masques de théâtre, la poterie… et je découvre la technique de la laque chinoise à l’école de dessin supérieur de la ville de Paris.

Aujourd’hui, mes créations artistiques sont uniquement réalisées avec cette technique, dont j’ai gardé la tradition ancestrale.

Une recherche intense dans le domaine des couleurs et des oxydations sur des matériaux tels que les feuilles d’argent et de cuivre, me permettent d’obtenir des effets de transparence et surtout de profondeur sur les tableaux.

Mes créations sont inspirées de mes origines et de nombreux symboles sont présents : la Croix du Sud, la Khamsa, l’écriture, un coucher de soleil sur le Hoggar…

Ma démarche artistique permet de marier l’audace du peintre, mêlée à la dorure et au vernis, donnant à l’œuvre une éclatante luminosité.

Publié par : youcefallioui | octobre 13, 2015

2084 – Boualem SANSAL ou le combattant contre la fausse conscience.

Emission Awal – BRTV – Hafid ADNANI

Cher ami Hafid,

Je commencerai par te dire : Bravo !!!! J’ai écouté par trois fois ton entretien avec Boualem SANSAL. Ce n’est pas tous les jours que l’on peut faire parler (pour que les autres puissent l’écouter) un écrivain de cette hauteur et de cette qualité ! Je venais juste de terminer de lire son dernier livre : 2084, ouvrage monumental qui a fait l’objet de ton entretien (sur BRTV) avec l’auteur.

 

Je l’ai également écouté lors de son passage sur France Inter. J’ai été fort déçu de l’accueil qui lui a été fait par les lecteurs « officiels » de « La librairie francophone ». Une certaine incompréhension de ces lecteurs et lectrices m’a un peu heurté ! Tu as su rétablir l’œuvre dans ce qu’elle recèle de majestueux et de grandiose, encore une fois : Bravo et merci !

 

J’ai lu tous les autres livres de Boualem SANSAL qui sont d’un apport immense tant du point de vue littéraire que psychosociologique et historique. Je recommande notamment le « Petit éloge de la mémoire » (2 euros !!) où l’auteur rend un hommage saisissant à ses ancêtres les Imazighen. C’est réconfortant de lire un grand monsieur comme Sansal. J’ai également lu « Le village allemand » où il est question de la Shoah.

C’est donc lui, bien avant Anouar Benmalek, qui avait traité du sujet d’une façon saisissante et autrement plus singulière…

Dans « Le village allemand », Boualem SANSAL l’a traité de façon magistrale en liant l’histoire de l’Algérie à celle de la Shoah.

Boualem SANSAL demeure, à mes yeux, l’écrivain algérien qui a su faire entrer, à travers son œuvre magistrale, L’Algérie dans un univers des « Chasseurs de lumière ». Sa façon d’écrire surprend par la richesse de sa réflexion qui est simple et limpide, à la portée de tous, qui s’éloigne du haut niveau d’abstraction dont certains auteurs algériens aiment se gargariser.

 Il serait trop long ici de dire tout ce que je ressens en lisant ce grand homme qui possède une plume qui n’a d’égal que son courage et sa détermination face à toutes les réifications. C’est cela-même, 2084 est un roman profondément philosophique qui traite de la réification : le stade ultime de toutes les aliénations.

Avec 2084, le lecteur averti se retrouvera dans un monde en ruines vertigineuses, que l’auteur nous demande de participer à sa sauvegarde… loin de beaucoup d’autres œuvres qui regorgent de ce que les spécialistes de l’aliénation appellent la « pseudologie » : Les limites du vrai et du faux comme celles de la raison et de la folie sont effacées, tout comme celles du Moi et du Monde. Cette confusion dans les répères humains empreints d’ingrédients de paix et de civilisation est encore une forme morbide de la fausse conscience.

Boualem SANSAL demeure dans l’essentiel de ce qu’un amoureux de la littérature – qui porte sur tous les sujets et notamment sur les malheurs du monde – peut espérer. Et de l’espoir, malgré la noirceur des événements et des hommes traités dans son œuvre, il le sème à travers toutes les pages, pourvu que les lecteurs, que nous sommes, puissions comprendre et nous saisir d’une réalité qui ne demande qu’aux hommes et aux femmes de ne pas reculer devant la barbarie et la monstruosité des inclinaisons meurtrières dictées par la fausse conscience des systèmes totalitaires qui veulent réduire l’âme humaine – riche et pleine d’amour – à un tronc sans vie. A travers les pages de 2084, Boualem SANSAL montre un monde réifiant où la pseudologie et la réification peuvent gangréner la terre dans un détraquement qui n’est pas fortuit, mais dans les symptômes  proviennent d’une certaine anonymographie où tous les mensonges – soutenant la haine et la barbarie – sont permis.

Tout est résumé en la page 271

Faut-il pour autant accepter ce monde barbare, inhumain et sans lumière ? L’histoire nous a montré que les hommes ne sont pas à leurs premiers actes barbares… L’histoire ne fait que se renouveler dans l’effroi de génocides où les mots manquent pour décrire toutes les horreurs dont les hommes peuvent se montrer capables… Jusqu’à ce que les Justes réagissent et se lèvent comme un seul homme, comme une seule femme – pareils à des chasseurs de lumière – pour rétablir le soleil vivifiant à travers lequel l’œil humain a besoin de porter l’amour et le respect de son prochain pour vivre en paix en ce bas monde… en vérité le seul paradis qui est offert à l’humanité. Comme disaient les anciens Kabyles : « Tu auras beau durer ô nuit, la lumière finira toujours par jaillir de tes ténèbres ! » (Akken tebghud ghezzifed a yid ; ulaqrar a d-tbin tafat !)

Tant et si bien que « Le serment des barbares » ne sera jamais celui qui s’imposera aux hommes et aux femmes de bonne volonté qui croient qu’il n’y a rien dans Dieu qui puisse excuser la barbarie !

Voilà ma réflexion bien rapide et sans aucun doute incomplète !

Ar tufat, lehna tafat !

Voici Le Programme et les Modalités d’Inscription à

 » La 18ème Journée Annuelle de la

Petite Enfance à l’Adolescence « 

Marseille

Parc Chanot – Palais des Congrès

Vendredi 4 décembre 2015

 » l’attachement… trait d’union, trait de fracture « 

…« Est-il retraite plus douce

Qu’un sein de mère, et quel abri

Recueille avec moins de secousse

Un cœur fragile endolori ? »

René-Françoise Sully-Prudhomme

  

Parler d’attachement c’est parler du sentiment de sécurité mais aussi des situations pouvant engendrer des difficultés d’attachement, des troubles de l’attachement comme l’abandon, la négligence, la séparation, la maltraitance.

C’est à John Bowlby, dans les années 50, que nous devons la théorie de l’attachement. Il propose le terme d’attachement pour désigner le lien, si particulier si caractéristique qui se met en place dès la naissance entre le nouveau-né et la figure d’attachement dont la plus fréquente est celui de sa mère.

L’attachement à cette figure maternelle est la base de sécurité de l’enfant et va lui permettre une exploration sécurisante de son environnement.

La figure maternelle, que l’enfant choisit au départ, peut être sa mère, une tante, le père ou tout autre personne caregiver c’est-à-dire celui ou celle qui lui donne les soins, qui s’occupe de lui, qui fait attention à lui.

Un peu plus tard Mary Ainsworth identifie 3 modèles d’attachement.

–          Secure : l’enfant montre son mécontentement lors de la séparation et sa joie lorsque la figure d’attachement, le plus souvent sa mère, revient. La mise en place de la parole avec la figure d’attachement secure est un sentiment de totale quiétude.

–           Insecure évitant : l’enfant parait indifférent à la séparation et ne cherche pas le contact au retour de sa mère.

–           Insecure ambivalent : au retour de la mère l’enfant a un comportement qui mélange détresse et rejet du contact.

En 1985 Main propose une autre catégorie :

–           Insecure désorganisée : l’enfant reste dans une profonde angoisse et sa mère ne peut soulager sa détresse.

Il est important de réfléchir sur le pourquoi et le comment de l’attachement qui est la base de toutes relations car, comme l’a dit Boris Cyrulnik dans une émission à la TV canadienne (l’encyclopédie de la création) « Un enfant sans attachement n’a aucune chance de se développer, il flotte, il erre, il n’a pas de valeurs dans sa vie, ça ou autre chose, debout ou assis, mort ou vivant, ça n’a pas d’importance. »

S’interroger aussi sur les conséquences des attachement multiples, quelle place pour le père, les nouvelles familles et les niveaux d’attachement, le processus d’attachement de l’animal à l’enfant qui résulte de la phase sensible de familiarisation, la rupture du lien, l’angoisse de séparation et le sentiment d’abandon, le contexte culturel, l’attachement et les structures d’accueil, le déni familial, le deuil, les maladies graves… autant de questionnements qui vont certainement trouver réponse tout au long de cette 18ème Journée Annuelle de la Petite Enfance à l’Adolescence.

Françoise-Flore COLLARD

Présidente de « Couleur d’Enfants »

1 ) Le Programme de La Journée :

de 8h45 à 17h

NB : Les horaires seront précisés ultérieurement. Les temps d’intervention environ 30 minutes. Des modifications d’heures de passages des orateurs pourraient se produire.

Inauguration

Dr Nicole GUEDENEY        » besoin d’attachement du bébé, réponse des adultes : le paradoxe de notre époque « 

Pédopsychiatre – Praticien Hospitalier, Institut Mutualiste Montsouris-Paris – ancien chef de clinique – Docteur ès Sciences, Université Pierre et Marie Curie Paris VI

Pr Georges TARABULSY        » attachement secure et insecure : le développement « 

Ph. D. en psychologie, Université Laval-Québec-Canada – Professeur titulaire, Psychologie du développement (enfance et adolescence)

Pr Blaise PIERREHUMBERT        » fondations solides, fondations fragiles « 

Docteur en psychologie – Maître d’enseignement et de recherche, Privat-Docent – Chercheur au Service universitaire de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent – Université de Lausanne

M. Jean-Pierre DANIEL       – court métrage –

Artisan Pédagogue en Cinéma – Marseille

Dr Claude BEATA        » un lien unique, un lien si fort « 

Docteur Vétérinaire – Comportementaliste diplôme des ENVF – Diplomate du Collège Européen de Médecine Comportementale Vétérinaire Animaux de compagnie (ECVBM-CA) – D.U. Ethologie – Président d’Honneur de ZooPsy – Président du Groupe d’Etude du Comportement des Animaux Familiers (Gecaf-Afvac)  – Coordonnateur du DU de Psychiatrie Vétérinaire (UCBL1)

Pr Jacqueline WENDLAND        » troubles de l’attachement « 

Directrice des études – Master 2 Psychologie Clinique et Psychopathologie Intégrative – PCPI Université Paris Descartes, Institut de Psychologie Sorbonne Paris Cité – Laboratoire de Psychopathologie et Processus de Santé – LPPS

Pr Michel DELAGE        » ces attachements familiaux et leurs aléas « 

Psychiatre – Ancien chef de service de l’Hôpital d’instruction des Armées – Sainte Anne – Toulon

Mme Hélène ROMANO        » savoir se détacher pour continuer à vivre au-delà des maltraitances « 

Docteur en Psychopathologie clinique – HDR – Consultation spécialisée de psycho-traumatisme – Expert près les Tribunaux

Pr Boris CYRULNIK        » instinct et attachement « 

Psychiatre-Éthologue – Directeur d’Enseignement d’Éthologie Université Toulon-Var

Pr Boris CYRULNIK       conclusion

Psychiatre-Éthologue – Directeur d’Enseignement d’Éthologie Université Toulon-Var

modérateur : Dr Michel AUBRY

Psychiatre – Sexologue – Chargé de cours à l’Université Aix-Marseille

NB : Les horaires seront précisés ultérieurement. Les temps d’intervention environ 30 minutes. Des modifications d’heures de passages des orateurs pourraient se produire.

_______________________

 2 ) Votre Inscription :

Oui, je veux assister à cette Journée et

Pour m’inscrire, je choisis, ci-après, mon mode de règlement de ma participation aux frais d’organisation de cette Journée :

soit par Paypal pour un règlement carte bleue

soit par l’envoi d’un chèque

Je reçois à mon adresse mail que je vais indiquer, la confirmation de mon inscription réglée

Il me sera donné, à mon adresse mail, une semaine avant la date de la Journée, un plan d’accès du « Parc Chanot – Palais des Congrès » de Marseille où se déroulera cette Journée

J’ai bien noté que mon badge d’accès à cette Journée sera à retirer le vendredi 4 décembre sur le lieu même dans le hall de réception, suivant les consignes qui me seront communiquées d’ici-là par mail et redites au micro au moment de la Journée.

J’ai bien compris que je dois régler le montant de mon inscription, qui est ma participation de 27 € aux frais d’organisation de cette Journée.

__________________________________

Nota : N° Identification Formateur 93 13 13 332 13 – nous contacter – tarif Formation Professionnelle  75 € /personne

___________________________________________

NE TARDEZ PAS POUR VOUS INSCRIRE :

Pas d’inscription sur place

Règlement de Votre Inscription

  Réglez par Paypal : C’est la solution de paiement intégrée sur Internet la plus utilisée et la plus sécurisée. Par l’intermédiaire de PayPal, vous pouvez au choix :

régler par cartes de crédit/débit bancaires (Visa, MasterCard, etc…)

-ou utiliser le solde de votre compte PayPal

Important! A la fin de la transaction, PayPal vous envoie par mail un reçu de paiement.

* aucun versement ne pourra faire l’objet de remboursement si vous annuliez votre inscription *

Pour recevoir confirmation de votre Inscription après votre règlement  

> > > cliquez sur ce bouton orange :

Pensez à réserver votre place suffisamment tôt!

Rappel : Pas d’inscription sur place

Votre inscription est définitive et n’est pas cessible au profit d’une autre personne.
Votre inscription n’est pas remboursée en cas de votre annulation, ou de votre empêchement partiel ou total,
ou suite à votre non-présence à La Journée du vendredi 04 décembre 2015.
Le montant de l’inscription est une participation aux frais d’organisation de La Journée Annuelle
de la Petite Enfance à l’Adolescence du vendredi 04 décembre 2015

___________________________

 OU  Réglez par chèque :

(tenez compte des délais postaux et des perturbations éventuelles )

  Important! 

IMPÉRATIF … Imprimez, remplissez et joignez à votre (vos) chèque(s) le bulletin suivant :

cliquez sur ce lien bleu pour l’imprimer puis le compléter :

http://www.conv2pdf.com/file.php?reference=8932&key=1hT1v6H5ByNh7cnQ

Pensez à réserver votre place suffisamment tôt!

Rappel : Pas d’inscription sur place

Dès réception du règlement de votre participation aux frais d’organisation de cette Journée, vous recevrez à votre adresse mail -merci de nous l’indiquer- confirmation de votre inscription.

  Votre chèque de participation de 27 € par personne est à mettre à l’ordre de :                                 (15 € pour les étudiants sur justificatif de la carte d’étudiant 2015-2016)

« Association Couleur d’Enfants »

  et à envoyer avec le(s) bulletin(s) d’inscription à :

Mme Francoise-Flore COLLARD
Association « Couleur d’Enfants »
229 avenue du Prado
13008 MARSEILLE

* aucun versement ne pourra faire l’objet de remboursement si vous annuliez votre inscription *

Votre inscription est définitive et n’est pas cessible au profit d’une autre personne.
Votre inscription n’est pas remboursée en cas de votre annulation, ou de votre empêchement partiel ou total,
ou suite à votre non-présence à La Journée du vendredi 04 décembre 2015.
Le montant de l’inscription est une participation aux frais d’organisation de La Journée Annuelle
de la Petite Enfance à l’Adolescence du vendredi 04 décembre 2015

________

* L’Association Couleur d’Enfants ne pourra être tenue pour responsable en cas d’éventuelle(s) défection(s) de certains orateurs ou de modification(s) d’heures de passages *

________

Dans l’attente de vous accueillir à cette Journée pleine d’enseignement.

Merci pour votre intérêt et votre fidélité.

 ________

avec l’aimable participation :

Office du Tourisme et des Congrès Ville de Marseille –

Direction de la Santé Publique Ville de Marseille

                       

laboratoires :

ROTTAPHARM

                           SANOFI-PASTEUR M.S.D.

                          stands :                                                  

                            HABA    Créateur pour enfants joueurs

                            AKALYS    Mobilier enfants crèche – maternité

                            LIBRAIRIE PRADO PARADIS    Marseille

                            I. & S. Informatique Service    Marseille 04 91 53 36 36

Mme Laurence MILLIAT

Directrice de la Filière Pediatrique – AP-HM

Monsieur Christian ROSSI

Ancien Secrétaire Général de l’Assistance Publique -Hôpitaux de Marseille

________________

site :  www.couleurdenfants.fr

Pour Contacter l’Organisatrice

Association « Couleur d’Enfants » Présidente : Mme Françoise-Flore COLLARD

229 avenue du Prado – F – 13008 Marseille ☎ 04 91 82 24 70

email :  couleurdenfants@gmail.com

Association « Couleur d’Enfants » loi 1901 déclarée en Préfecture des Bouches-du-Rhône le 30/12/1999 sous n°0133094448

N° de prestataire de formation professionnelle : 93 13 1332 13

Conformément à l’article 34 de la loi Informatique et Liberté
du 6 janvier 1978, vous disposez d’un droit d’accès, de modification, de rectification et de suppression
des données vous concernant. – Association déclarée auprès de la CNIL n° 1295747 en date du 24-05-2008

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Quand La vache devient un âne ! Mecki tafunast tettughal d-aghyul !

 

1963 : Moi, revenant de l’école après un cours d’arabe : « Maman, c’est quoi, « El-baqqaratun ? » (Yemma, d-acu-t « El-baqqaratun » ?)

Ma mère : « Mon fils, si Dieu ne fait pas mentir, je crois que c’est un âne ! (A mmi, m’ur-yi skaddeb ara Rebbi, waqila d-aghyul ! »

 

Déclaration de l’islamologue Kamel Chekkat (El Watan, 04/08/2015).

« L’enfant n’est nullement gêné d’apprendre une nouvelle langue dès sa premières année scolaire. Si on se fie aux études psychologiques et éducatives. Autrement dit, l’argument de ne pas choquer l’enfant dès le jeune âge avec l’arabe classique ne tient plus la route. » (El Watan, 04/08/2015)

Nous ne saurions dire qu’elle est part de bonne foi et celle de mauvaise foi devant de telles déclarations.

J’ai longtemps travaillé sur l’aliénation linguistique à l’Ecole Normale Supérieure de Paris (Laboratoire de l’ERMI). Voilà exactement l’affirmation des psychologues en termes d’éducation pour redresser, les propos de monsieur Chekkat que je soupçonne d’édulcoration pour masquer les terribles conséquences de l’aliénation linguistique que subissent les enfants amaziphones : « L’enfant n’est nullement gêné d’apprendre une nouvelle langue dès sa premières année scolaire, s’il s’appuie d’abord dès l’entrée sur sa LANGUE MATERNELLE. Car c’est sa langue maternelle qui lui donne la sécurité psychique pour aborder une ou plusieurs langues dès les premières années de sa scolarité.

 

C’est cette nuance – où se joue tout le drame de l’aliénation linguistique – que monsieur Chekkat a balayée d’une phrase qui voile la réalité de ce qu’est la réification, voire la chosification – stade le plus déchirant provoqué par l’absence de la langue maternelle de l’enfant amazigh.

On me dira que l’enfant arabophone souffre aussi de cette absence. Je ne peux que répondre par l’affirmative. Mais, on n’a jamais moqué, frappé, violenté, brimé un enfant arabophone quand il s’exprime en arabe dit « dialectal ». Ce qui a été et demeure la réalité quotidienne de l’enfant amazighophone. Là est toute la différence ! On apostrophe pas l’arabophone par des brimades, voire des insultes du genre : « Parle dans ta langue » (c’est-à-dire l’arabe, quand il lui arrivait de s’exprimer naturellement en tamazight ; « Laisse-nous avec ton barbarisme ! », etc. Ces remarques insultantes sont faites avec véhémence et dans un irrespect total des libertés fondamentales de l’Algérien amazighophone. Je me rappelle d’un douanier qui apostrophât ma sœur Malika parce qu’elle parlait en kabyle à son jeune garçon !

J’ai vu mon père aux prises avec les gendarmes à Ighzer Amokrane alors qu’ils s’en prenaient à un jeune qui ne comprenait rien à l’arabe ! Il fallait l’intervention d’un cousin – lui-même gendarme – pour « calmer l’affaire ».

Durant la colonisation, nous étions souvent violemment frappés par les instituteurs français pour avoir parlé en kabyle. Seul le français (et l’arabe !) étaient permis à l’école, même du temps de la colonisation ! Car la France coloniale s’était mise dans l’idée qu’il fallait arabiser les Kabyles… Je rappelle à toutes fins utiles que c’étaient « les bureaux arabes » qui étaient chargés de la gestion de la Kabylie. Et quand un Kabyle « avait à faire » avec ces fameux bureau, obligation lui était faite de se faire assister d’une personne parlant arabe. Nous voyons tout ce qui sépare les deux statuts arabophone et amazighophone depuis la colonisation à ce jour…

Pire encore, à l’indépendance de l’Algérie – dont on a jamais retrouvé le véritable mode d’emploi, pour paraphraser le dramaturge Fellag – nous subissions le même traitement et la même violence de la part des instituteurs orientaux, syriens et égyptiens !

Et le cauchemar ne s’était jamais arrêté ! Il a même continué de plus belle, car de fades panégyristes et des censeurs bêtes et amers se sont emparés de nos rêves d’enfants au grès de certains ignorants prôneurs d’un système qui n’a jamais rien compris au rêve et au bonheur auquels pouvaient prétendre – car elle en possède toutes les dimensions – l’Algérie des Lumières (Lezdayer n tafat).

 

Argument d’enfant raconté par Ali – Ecole Primaire d’Ighzer Amokrane (Awzellaguen).

 

Quand « l’orge » devient « Poiles du pubis ! »

Nous étions en cours d’arabe avec un maître Syrien. C’était le moment de la dictée sur les moissons. L’institueur dictait en répétant avec insistance : « A-Chaïr » en arabe. Pendant que les garçons riaient, les filles sortaient une à une de la classe !

Les pères ne tardèrent pas à venir expliquer au maître qu’il fallait qu’il évite des sujets pareils où des mots tout à fait ordinaires en arabe peuvent signifier des choses obscènes en tamazight. Car l’orge se dit « timzin » en kabyle et que le mot en arabe signifie tout à fait autre chose…

L’instituteur Syrien se défendit en disant : « Ce n’est quand même pas de ma faute si le gouvernement algérien refuse l’enseignement de votre langue maternelle ! »

 

Je termine ma réflexion en disant à monsieur Chekkat : « Est-ce qu’il lui est arrivé de se retrouver dans un pays étranger dont il ne comprend pas la langue ! Le drame est moindre, car il sait de conscience – bien que très gêné – qu’il est en pays étranger. Que dire alors de l’enfant amazigh qui se retrouve dans la même situation, mais étranger dans son propre pays… !

Il serait donc temps que monsieur Chekkat et consort – protégé par un système dominant qui méprise et balaie d’un mauvais vent la langue maternelle amazighe, langue autochtone et millénaire des Algériens et de tous les Africains du Nord – sortent du cercle infernal de la mauvaise foi en se faisant passer pour « les langues armées » d’un gouvernement qui se veut depuis plus d’un demi-siècle arabo-islamique et oriental alors qu’il n’est rien de cela. A tout le moins s’accepte si l’on permet aux Algériens de regarder devant eux pour admirer d’autres horizons que ceux qui sont bouchés depuis qu’ils ont libéré leur pays du joug colonial. Une situation néo-colonial ne peut se traduire que par la langue maternelle de l’enfant amazigjh qui arrive dans une école dont les limites psychopédagogiques, construites sur un manque total de psychologie éducative, lui signifient que son « ticket linguistique » n’est plus valable.

Dès lors, peut-on parler d’une quelconque « sécurité psychique » de l’enfant ? Je me rappelle encore de la peur qui nous envahissait dès que nous foulions de nos pieds la cour de cette institution qui refusait notre identité : notre langue et notre histoire. Une école qui nous réduisait à l’état de choses insignifiantes et réifiantes au grès des institueurs qui étaient davantage là pour nous brimer que pour nous servir de guides ! Une école au fronton de laquelle il est écrit : « Au-delà de cette limite, votre langue n’est plus valable ! »

Selon l’adage des Anciens, nous étions des étrangers dans notre propre pays aussi bien pendant la colonisation qu’après celle-ci. La blessure est d’autant plus grave que la déchirure est provoquée par l’Algérie indépendante ! Mon pays disait souvent : « Je suis prêt à pardonner aux Français d’avoir tué mes enfants et mes frères et d’avoir détruit ma maison et mes terres ; mais je ne pardonnerai jamais aux Algériens ce qu’ils ont fait et continuent de faire à d’autres Algériens ! »

Les anciens Kabyles, qui n’étaient pas des psychopédagogues, disaient : « Qui a une langue maternelle se sent en sécurité ! »

Mon vieux pères qui n’a jamais été à l’école me disait à ce propos : « C’est juste une question de bon sens, mon fils ! » (T-tamsal n wasal kan, a mmi !) Nous avions appris grâce à d’éminents linguistes comme Louis-Jean Calvet, pour ne citer que lui, que la seule différence qui existe entre le dialecte et la langue, c’est que cette dernière dispose d’une armée, d’une police, d’un gouvernement et d’un système idéologique qui lui permet de mettre main basse sur l’école. En voulant à tout prix effacer la langue maternelle des enfants algériens, ce système ne fait que tuer l’école Algérienne.

Monsieur Khaled Ahmed déclare (Dépêche de Kabylie du 06/08/2015) :

 

« Il faut chercher des solutions à d’autres problèmes fondamentaux au lieu de faire tout un tapage médiatique sur l’utilisation de la langue maternelle dan l’école… ».

 

Comme on dit en kabyle : « Am win ihekkun lhemm-is i tmettut m_baba-s ! »

 

 

Nous constatons avec amertume que nous ne sommes pas encore au bout de nos peines pour que nous soyons entièrement acceptés par les tenants du système dominant. Nous n’avons pas fini avec l’histoire stigmatisante et ô combien réifiante où ma pauvre vieille mère réduisait à l’état d’un âne une pauvre vache !

 

Pour terminer (plus sérieusement) mon propos, citons le grand philosophe et fabuliste kabyle Slimane Azem qui avait fait de son œuvre poétique un pamphlet extraordinaire contre l’aliénation linguistique et notamment le rejet de la langue kabyle par le système dominant arabo-islamique : « Les enfants sont comme les oiseaux, ils possèdent des chants différents. » (Arrac am yefrax, yal yiwen akken ittizzif).

 

LE MYTHE DE LA LANGUE MATERNELLE

IZRI N TMESLAYT TAYEMMATT

 Ceci est un mythe… Ecoutez et soyez heureux !

 Que la langue de vos ancêtres vous protège et vous guérisse de tous les maux ! Que la langue de votre mère vous rappelle à jamais ce que vous aviez appris dès le berceau ! Vous avez la clé de tous les trésors, et qu’à jamais l’ignorance et la bêtise ne viennent à pénétrer votre conscience et votre cœur !

 1 – Il était une fois une cité kabyle qui s’appelait Azrou-Gzem. C’était une grande cité où les gens vivaient dans le bonheur et la paix. Comme toutes les cités kabyles, celle-ci avait son Assemblée, sa maison des passagers, son temple, ses grandes fontaines, ses beaux jardins, mais aussi son fou – plutôt un simple d’esprit – qui amusait les enfants et qui s’appelait Hemmou. Un fou pas méchant, que les enfants aimaient beaucoup car il leur racontait plein d’histoires. Nous parlons d’une époque lointaine où les enfants, les jeunes et les grands, les adultes et les vieux croyaient aux histoires. Les sages d’antan disaient : « Une nuit passée sans histoire est pareille au jour fermé sur l’avenir. »

Un jour d’hiver, un jour parmi les jours du Souverain Suprême, le fou quitta le village et s’absenta pendant plusieurs semaines. Quand il fut de retour, les enfants l’accueillirent avec ferveur et grande joie. L’un d’eux lui dit alors : « Hemmou, où étais-tu parti pendant toutes ces semaines ? » Le fou esquissa un sourire avant de répondre d’un air solennel et mystérieux : « Je suis allé au paradis ! »

Un autre enfant lui demanda alors : « Pourquoi étais-tu parti au paradis, ne sommes-nous pas heureux dans notre village ? »

Le fou continua de sourire et répondit : « Ecoutez-moi bien les enfants, je vais vous dire quelque chose de très important. Ce pourquoi je suis allé au paradis. Savez-vous que juste à la sortie du village, en bas du ravin couvert par le brouillard, il y a la porte du paradis ? »

Un autre garçon lui dit encore : « Hemmou, dis-nous, c’est quoi le paradis ? »

Le fou réfléchit un instant et bégaya : « Le paradis ? Heuu… Et bien le paradis, c’est un grand jardin où les enfants peuvent faire et manger tout ce qu’ils veulent. Il y a même des oranges en été, des figues et du raisin en hiver ! ! »

Les enfants s’exclamèrent en chœur : « Des figues et du raisin, en hiver !!? Comment pouvons-nous y aller ? »

 Le fou sentit son emprise sur les enfants. Il sourit et leur répondit : « Pour y aller, c’est tout simple : il suffit de sauter du haut de la falaise et vous tomberez juste en face de la porte du paradis ! »

 Aussitôt, tous les enfants se levèrent et coururent vers le ravin en poussant des cris de joie. Arrivés au bord de la falaise, dans un même élan, ils sautèrent tous ensemble. Quelque temps après, quand le fou arriva sur les lieux, il ne put que constater la puissance de son pouvoir. Il en était très fier !

 2 – Le soir venu, chaque mère s’inquiétait de ne pas voir rentrer ses enfants. Elles sortirent vers l’aire de jeux du village. Elles ne trouvèrent personne ! Elles ne trouvèrent aucune trace des enfants. Aussitôt, l’alerte fut donnée. Tous les gens du village se mirent à organiser la recherche. Ils ne trouvèrent aucun enfant. Le crieur public parcourut les ruelles du village pour informer tous les gens du village qu’une Assemblée extraordinaire allait se tenir très vite. Tout le monde y était convié. Pendant qu’ils tenaient conseil à l’Assemblée, un oiseau, un coucou, se posa sur le mur et se mit à chanter : « Coucou ! Coucou ! Demandez au fou ! Coucou ! Coucou ! Demandez au fou ! »

 Les gens se tournèrent vers le fou. Dans leur regard, une seule question : « Qu’étaient-ils advenus des enfants ? » Ce dernier leur raconta en riant comment les enfants avaient couru vers le ravin avant de s’y jeter.

Le président de l’Assemblée de la cité lui demanda : « Pourquoi ont-ils sauté ? »

Le fou lui répondit : « Je leur avais dit que là-bas se trouvait le paradis où ils pourraient manger des figues et du raisin même en hiver. »

L’Assemblée décida de le condamner à la peine capitale. Une vieille sage se leva et dit : « Il ne faut pas qu’il meure, dit-elle, c’est sa langue, et non sa tête, qui est responsable de la mort des enfants. Il faut donc lui couper la langue ! »

L’Assemblée s’inclina devant la décision de la vieille femme. Ils attrapèrent le fou. Ils le forcèrent à ouvrir la bouche et ils lui coupèrent la langue. Il poussa un cri vers son Créateur, de sa bouche coulait le sang. Il partit en courant devant lui jusqu’à la falaise d’où s’étaient précipités les enfants et se jeta lui aussi dans le vide.

Alors un tremblement de terre coupa en deux le plateau sur lequel était bâtie la cité. Beaucoup de maisons s’écroulèrent et beaucoup de gens moururent. Les rescapés décidèrent alors d’abandonner le village et de partir vers d’autres pays. Chacun prit ce qu’il put prendre et quitta la cité. Mais les pays étrangers étaient très durs et hostiles. Nulle part, ils ne furent les bienvenus. Nulle part, ils ne purent bénéficier du droit d’asile. Pensez-vous que quelqu’un les ait accueillis !? Pensez-vous que quelqu’un se soucia de savoir s’ils avaient faim ou froid ! ? Ils ne rencontrèrent que regards de travers et propos acerbes ! Certains d’entre eux furent même dépouillés du peu qu’ils avaient sur eux ! Nulle colline, nul horizon ne leur offrit un abri. Beaucoup d’entre eux moururent de froid et de faim. Mais ceux qui moururent de chagrin étaient encore plus nombreux !

3 – Des jours, des mois et des saisons passèrent. Un jour de printemps, seule la vieille qui avait décidé de la sentence à infliger au fou revint au village. Dans sa sagesse, elle disait : « Mourir pour mourir, autant mourir chez soi ! »

Quand elle entra dans la cité, elle entendit des voix d’enfants qui venaient de l’aire de jeux. Tout en décidant d’aller voir, elle se croyait devenue folle. Mais arrivée sur le plateau, elle vit bien les enfants en train de jouer, seuls. Tous les enfants étaient là : les plus sages comme les plus turbulents.

Elle s’approcha doucement d’eux et leur dit : « Vous êtes revenus les enfants, vous n’êtes pas morts !? »

Les enfants répondirent en chœur : « Oui, grand-mère, nous sommes tous revenus, nous ne sommes pas morts ! »

Elle leur demanda encore : « Et le fou, où est-il, lui ? »

Les enfants lui répondirent : « Lui, il ne pourra jamais revenir ! »

Alors la vieille leur demanda : « Et pourquoi ne peut-il pas revenir, lui ? »

Les enfants lui répondirent encore : « Parce que lui, il avait perdu sa langue ! »

C’est un mythe, soyez heureux !

Je l’ai dit la nuit, la lumière va le démêler,

Je l’ai conté au jeune noble, le rocher a ri et pleuré,

Je l’ai conté au clair de lune, le vent l’a essaimé !

 La protection du mythe est pareille à celle du lion !

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El Watan – 30 juillet 2015

Les baâthistes et les islamo-conservateurs partent à nouveau en croisade contre la ministre de l’Education nationale, Nouria Benghebrit.

Ayant déjà déversé leur haine sur elle dès sa nomination, ils reviennent à la charge, cette fois-ci, en prétextant «une menace sur la langue arabe», dont ils s’autoproclament défenseurs attitrés.

Pour cela, ils saisissent au vol une proposition sur l’introduction des langues maternelles dans l’enseignement primaire, faite à l’occasion de la conférence nationale sur l’évaluation de la réforme de l’éducation, tenue au début de la semaine à Alger.

Cette mesure, proposée par des pédagogues et des spécialistes, porte sur l’introduction graduelle de la langue maternelle dans l’enseignement primaire afin de permettre aux élèves d’avoir une meilleure intégration dans le système éducatif.

Ce qui est considéré par ce courant islamo-conservateur comme «une manière déguisée de briser l’enseignement de la langue arabe classique en Algérie». De ce fait, il enclenche la bataille idéologique qui a miné le système éducatif algérien durant les années 1970 et 1980.

Et pour cela, ce courant a actionné ses relais médiatiques et politiques afin de s’attaquer directement à la personne de la ministre de l’Education, qualifiée une nouvelle fois de «juive» et d’«ennemi de cette langue arabe».

Loin de tout débat basé sur des approches scientifiques et linguistiques qui régissent la question de l’enseignement des langues et sans se référer aux expériences internationales en la matière, les représentants de ce courant hostile à toute évolution positive de la société ont déjà affiché leur refus de cette décision.

A travers les journaux et les chaînes de télévision qui leur sont proches et en utilisant les réseaux sociaux, de nombreux «idéologues et dépositaires» autoproclamés de la langue arabe demandent l’annulation de la «mesure».

Le premier à lever les boucliers contre cette mesure est l’Association des oulémas qui, selon certains titres de la presse nationale, «demande au Premier ministre, Abdelmalek Sellal, et à la ministre de l’Education nationale, Nouria Benghebrit, d’annuler cette décision qui constitue un précédent grave dans l’histoire de l’enseignement en Algérie».

Le gouvernement soutiendra-t-il la ministre ?

Pour sa part, le responsable de l’Association pour la défense de la langue arabe, Ahmed Benaamane, met à nouveau en avant sa thèse de «la langue officielle unique en Algérie qui ne devrait être que la langue arabe, alors que la dardja et les autres langues parlées ne devraient pas avoir le même statut».

Les partis islamistes saisissent aussi cette occasion pour tirer à boulets rouges sur la ministre de l’Education, en usant parfois un langage odieux. C’est le cas du député du parti FJD de Abdallah Djaballah, Lakhdar Benkhallaf, qui n’a pas hésité à s’en prendre à Mme Benghebrit en adoptant un langage qui frise l’insulte à l’égard de la ministre, pour la simple raison qu’il la considère comme une francophone ou une «francophile».

La même posture est affichée par le chargé de communication du mouvement Ennahda, Mohamed Hadibi. Sur sa page facebook, ce dernier estime que «les tenants du pouvoir livrent leur bataille contre la langue arabe», avant de poster une photo de la ministre de l’Education frappée d’une croix et d’une mention «dégage !».

La mobilisation des islamistes a eu lieu même à l’intérieur de l’APN où le groupe parlementaire de l’Alliance de l’Algérie verte (AAV) a également dénoncé, dans un communiqué, cette mesure.

Ce courant rétrograde se sent visiblement renforcé, notamment depuis sa «victoire» face à l’ancien ministre du Commerce sur la question de la vente d’alcool et le ministère de la Justice en bloquant le projet de loi contre les violences faites aux femmes. Sa force, il la tire essentiellement de la faiblesse du pouvoir qui prête le flanc, en jouant sur le populisme, à ce courant.

Et l’intervention du Premier ministre pour bloquer la mesure de Benyounès en est une preuve. Abdelmalek Sellal va-t-il, cette fois-ci, soutenir Mme Benghebrit ?

Madjid Makedhi (El Watan, 30/07/2015)

La ministre de l’Education nationale, Nouria Benghebrit, se déclare «surprise» de la polémique suscitée par la proposition d’introduire la langue dialectale dans l’enseignement primaire.

L’introduction de la langue dialectale dans le cycle primaire suscite la polémique. Qu’en est-il au juste ?

Il faut préciser que l’introduction de la langue dialectale dans l’enseignement n’est pas encore décidée. Cette mesure fait partie des 200 recommandations élaborées par plusieurs groupes de travail, mis en place lors de la conférence nationale sur l’éducation, qui s’est tenue à Alger le week-end dernier.

De celles-ci nous avons tiré quelques actions à soumettre au gouvernement en septembre prochain, pour être mises en place durant l’année scolaire 2015-2016. Il s’agit de mesures pédagogiques qui permettront d’améliorer la qualité de l’enseignement et surtout l’apprentissage, dont l’outil est la langue.

S’il y a un taux d’échec dans le cycle primaire, c’est parce qu’il y a un problème dans la transmission du savoir. Nous ne voulons pas faire uniquement le diagnostic de l’enseignement, mais aussi les actions à mener à court et moyen termes pour améliorer la situation.

Raison pour laquelle nous avons organisé une rencontre de trois jours, à Laghouat, regroupant les proviseurs, les inspecteurs, les chefs d’établissement, les conseillers pédagogiques de dix wilayas du sud du pays, à laquelle j’ai pris part avec l’ensemble du staff du ministère, soit près de 150 participants.

L’objectif est d’abord d’exprimer notre insatisfaction quant aux résultats assez faibles que ces wilayas ont enregistrés, mais surtout de réfléchir ensemble à des mesures pour améliorer les résultats l’année prochaine.

C’est vous dire que nous ne voulons pas rester passifs face à cette situation. Une rencontre similaire regroupera dix autres wilayas des Hauts-Plateaux à Alger, les 2 et 3 août prochain.

L’introduction du dialecte dans l’enseignement primaire sera-t-il à l’ordre du jour à la prochaine rentrée scolaire ?

D’abord, je tiens à souligner que cette recommandation est née d’un débat très riche lors des travaux en plénière de la conférence nationale, ainsi que des ateliers techniques. Les spécialistes étaient unanimes à dire que l’apprentissage chez les enfants repose sur la langue maternelle.

En l’utilisant dans l’enseignement, expliquent les spécialistes en neurosciences, on développe une partie importante du cerveau. Ils disent également que pour augmenter les capacités linguistiques des enfants, il faut s’appuyer sur les langues maternelles. Il y a consensus autour de cette question.

Ce qui est important pour nous, c’est d’intégrer ces éléments et d’aller plus loin, dans le but d’améliorer l’apprentissage de la langue arabe. Dans les régions berbérophones, par exemple, nous avons constaté que les échecs touchent surtout les enfants qui arrivent à l’école sans passer par le préscolaire.

Cette étape est primordiale parce qu’elle permet d’habituer l’enfant à la langue arabe, de le familiariser avec elle et de lui permettre d’être plus réceptif une fois à l’école. La langue maternelle n’est qu’un outil ou moyen de transfert du savoir.

Ce qui est fondamental pour nous, c’est qu’il faut améliorer l’apprentissage de la langue arabe.

Que pensez-vous des attaques virulentes contre cette mesure ?

J’en ai été surprise. Sachez cependant que pour nous ce qui est important sur le plan didactique, c’est la nécessité absolue d’améliorer l’apprentissage de la langue arabe et de valoriser le patrimoine algérien dans le contenu de l’enseignement. Savez-vous que les auteurs algériens sont presque absents des contenus des manuels scolaires.

Il est donc important d’asseoir la dimension algérienne à l’enseignement et revenir aux trois langues : l’arabe, le tamazight et le français.

Selon vous, y a-t-il eu incompréhension ?

Probablement, surtout que la conférence a été intensive et que peut-être nous n’avons pas suffisamment communiqué. De toute façon, aucune décision n’a été prise pour l’instant. Mais le constat établi lors de la conférence est unanime.

La langue arabe est très mal enseignée. Même dans les wilayas du Sud, comme par exemple Adrar, où un nombre important d’enfants fréquente les écoles coraniques, les résultats sont très faibles. Et ce n’est pas par hasard que les échecs sont souvent importants durant le cycle primaire. Il y a donc un grand problème d’ordre didactique et pédagogique.

C’est à partir de ce constat que nous avons décidé de mettre tous les inspecteurs de langue ensemble à Laghouat, pour débattre et arriver à une méthodologie pédagogique. S’il n’y pas de maîtrise de la langue arabe scolaire, il n’y aura pas de réussite, y compris dans les matières scientifiques et les mathématiques.

Nous avons pu identifier toutes les propositions à mettre en œuvre dès la rentrée prochaine. Nous sommes tous convaincus que l’éducation a besoin de s’appuyer sur un véhicule qui est l’arabe scolaire, mais aussi l’élargissement de l’enseignement de tamazight, qui passe de 11 wilayas à 20 à la prochaine rentrée scolaire. Nous avons réuni les wilayas qui ont obtenu de bons résultats et celles qui ont enregistré un taux d’échec important pour favoriser les échanges d’expérience à travers des ateliers pour se placer dans une dimension opérationnelle, afin d’apporter des corrections aux erreurs. Nous ne nous contentons pas de diagnostics. Ensemble, nous réfléchissons à des solutions pédagogiques.
 

Salima Tlemçani (El Watan, 30/07/2015)

Conclusion ? – Les anciens Kabyles disaient : « Toutes les choses ont une limite, sauf l’ignorance ! » La seule question que nous nous posons encore : « Quand l’Algérie des lumières, qui se noie dans la nuit, en sortira-t-elle ? »

Pour la mémoire et le désarroi du peuple amazigh du Mzab : At Waâvan.

DU DRAME DE GHARDAÏA ET DES TUERIES SUBIES PAR NOS FRERES IMAZIGHEN – Berbères – DU MZAB (At Waâvan)

Rien de ce qui arrive comme violence contre les Berbères (Imazighen) n’est étranger à leur langue et leur culture. C’est donc leur identité qui est à chaque fois visée comme porteuse de leurs malheurs causés par les autres, les Berbères arabisés dits « les Arabes ».

La substance d’un peuple, ce sont les mots portés par sa langue maternelle. Le dicton rifain est là pour nous tenir éveillés : « Le mot (de tamazight) c’est le sang » (Awal d-idamen). Si un prétendu anthropologue déclare que les Chaambas ne sont pas des Arabes mais des Berbères, il oublie de dire que le référent anthropologique et social d’une ethnie, voire d’un peuple, c’est la langue. Quand une personne ou une partie d’un peuple perd sa langue, il la délaisse forcément au profit d’une autre langue… Et c’est cette autre langue qui dicte sa pensée et ses comportements de rejet de ceux qui continuent d’utiliser la langue qu’il avait perdue…

Tout est langue… Psychologiquement nous pouvons expliquer l’arabisation des Berbères par cette image : « Une langue est comme une peau d’un individu… Quand celui-ci la perd – perd donc sa peau – il est obligé, ou il a été obligé de s’entourer d’une autre peau. Une fois dans cette autre peau – dans cette autre langue – deux cas peuvent se présenter : soit la peau est plus grande, alors il y a du jeu : ce qui lui permet de réfléchir pour en sortir afin de se remettre dans la sienne ou faire tout pour la défendre et défendre ceux qui la portent encore. L’autre cas est celui où la peau est plus petite que sa peau originelle : alors, il se retrouve coincé dans un espace restreint où il ne peut plus bouger. Sa nouvelle peau l’étouffe au point d’attiser en lui des idées meurtrières. Soit il fait un effort surhumain pour retrouver sa première peau[1]. C’est une entreprise difficile ! C’est pour cela que dans la presque[2] totalité des cas, c’est l’étouffement qui s’impose à celui et celle qui ont perdu leur peau, leur langue d’origine. Il en est ainsi de la majorité des Berbères arabisés dont certains vouent une véritable haine vis-à-vis de leurs frères amazighophones ! La réactance au niveau de l’inconscient est la suivante : « Vous détenez ce que moi j’ai perdu, pense intérieurement l’aliéné linguistique… Et les conséquences sont souvent dramatiques… comme on le voit à travers les tristes et terribles événements, la tragédie qui touchent nos frères amazighs du Mzab (At Waâvan).

Nous sommes face d’une pensée négatrice et meurtrière de tout ce qui peut représenter la berbérité ou l’amazighité. Dans beaucoup de textes oraux, la pensée amazighe révèle les fondements d’une situation d’oppression face à l’arabisme . Cette situation – qui baigne dans l’ambiguïté – révèle une pensée qui met au grand jour une situation d’oppression que vivent les Berbères où qu’ils soient en Afrique du Nord, c’est-à-dire sur la terre de leurs ancêtres. Cette situation d’oppression interne est dangereuse de par sa perversion car trop visible pour être vue, comme dans le cas de la tyrannie qui pèse sur les Imazighen aujourd’hui qui ne peuvent prétendre à vivre en paix sur leur terre.

Tant que les Algériens avaient en face d’eux l’ennemi colonial français, les choses étaient doublement claires. Claires, parce que l’ennemi est extérieur ; encore plus claire, ce fut les Berbères – aussi bien au Maroc qu’en Algérie – qui combattirent âprement l’ancienne puissance colonisatrice. Un fait tout à fait singulier qui mérite d’être souligné au passage : à l’époque où les Kabyles faisaient face à l’armada française, il était courant d’entendre à partir de la Tunisie des émissions en Kabyle ! C’est dire que nous n’échappons à ce référent absolu qu’est le référent linguistique. Il ne s’agit donc ici ne de pétrole ni de gaz de schiste qui ne sont que des éléments « secondaires » et j’oserai dire « stochastiques ». L’explication est ailleurs. C’est un leurre que de présenter les choses seulement sur le plan économique même si il y a effectivement des éléments socioéconomiques qui peuvent expliquer en partie les événements tragiques que vivent les At Waâvan. Quand des enfants kabyles se font assassinés à l’arme de guerre, il n’était question ni de pétrole ni de gaz. Nous voyons bien que le critère de référence ou « de différence qui tue » (J. Gabel) est absolument sociolinguistique et culturelle. Il n’y avait pas de pétrole à Tizi Ouzou, mais de la poésie ancienne kabyle… Il n’y avait pas non plus de gaz de schiste en Kabylie quand 126 jeunes furent massacrés à l’arme de guerre par la gendarmerie algérienne.

Rappelons quelques aphorismes propres à la société amazighe en générale et à celle des At Waâvan – dits Mozabites – en particulier.

Le peuple berbère Mozabite a construit une société rigoureuse fondée sur l’effort. La société Mozabite est une société active, très bien organisée et industrieuse dont les membres ne connnaissent pas le chômage.

Comme toutes les autres sociétés berbères, elle tire sa stabilité de son essor économique et culturel. C’est une stabilité qui est indispensable à toute la société algérienne. Nos frères « Arabes d’Algérie » – je veux dire les arabophones – devraient s’en inspirer au lieu de vouloir détruire cette société organisée, très active et soucieuse du bien-être de chacun de ses citoyens. C’est en partie ce constat qui saute aux yeux des populations arabes qui alimentent une sorte de jalousie maladive à l’encontre d’une société berbère dont leurs ancêtres faisaient partie juste avant qu’ils ne fussent totalement arabisés au point d’oublier qu’eux aussi sont d’essence et de culture amazighes.

L’Etat algérien est évidemment celui qui porte toutes les fautes des troubles que vivent les citoyens algériens de quelque région qu’ils soient. Cette inconscience oligarchique peut mettre en danger – si l’Etat n’y met pas fin rapidement – tout le pays. Tous les ingrédients politiques internationaux montrent que les pays orientaux arabo-islamiques tels que l’Arabie Séoudite, le Qatar et autres « petits mauvais génies pétroliers » cherchent à nuire à l’Algérie. Rien de ce qui peut venir de ces pays nuisibles et inconstructifs ne peut faire le bonheur de notre pays qui a construit son identité et ses valeurs sur un combat libérateur qui sert encore de référence aux peuples oppressés et brimés, au monde entier.

L’Algérie des Lumières gagnerait à prendre ses distances vis-à-vis des pays parasites tels que les pays que nous venons de citer. Une sourde haine les habitent dès qu’il s’agit de l’Algérie. Et leur dessein est celui de nuire à notre pays et à notre peuple dont ils veulent restituer – comme à l’époque de l’invasion arabe – les guerres entre les Imazighen et les Arabes. Ils connaissent bien l’histoire de notre pays… Et rien de ce qui nous touche ne les laissent indifférents… Seule l’instabilité et, à long terme, l’écroulement de l’Algérie leur importe. Ils étalent leur toile d’araignée comme ils le font au Maroc, notamment dans le Figuig. Ils ne sont assurément pas étrangers aux prêches racistes et incendiaires de certains imams arabes qui contrôlent pour eux une grande partie – sinon la majeure partie – de la vie spirituelle et religieuse algérienne.

On ne peut s’étonner alors que les chaînes de télévision séoudiennes et arabo-orientales s’égosillent en boucle sur « Le conflit entre les Arabes et les Berbères ». Certes, les journalistes séoudiens et qattaris mettent le doigt là où cela fait mal : la blessure amazighe à l’intérieur de laquelle ils se plaisent à remuer leurs couteaux ! Mais à qui la faute ? Sinon aux hommes politiques algériens et à l’oligarchie irresponsable algérienne qui nourrit le pays de corruption et de réification à tous les stades de la société. Que dire d’un Ouyahia – Kabyle de service par excellence – qui continue de vivre et de soutenir ceux-là mêmes qui travaillent à la ruine de l’Algérie.

Il va de soi – avant que l’on ne me taxe de naïf – qu’il existe également des Berbères – et notamment des Kabyles, je viens d’en citer un ! – qui, loin de porter secours à leurs frères, se conduisent de façon honteuse pour ne pas dire ignominieuse vis-à-vis des leurs. Comme l’écrivait si bien l’éminent linguistique kabyle Salem CHAKER : « Etre Berbère est d’abord un problème de conscience ». Lorsqu’on n’en est dépourvu, on a beau parler berbère ou kabyle, la honte de soi résonne d’un silence assourdissant quand il ne s’agit pas d’un soutien honteux (comme celui de l’ancien premier ministre Ouyahia, Kabyle de son état aliénant voire réifiant, quand il se complait dans des déclarations (anda ybecc weghyul ad yernu gma-s) de soutien au gouvernement algérien qui observe une inertie maladive dés que l’on massacre des Algériens, sous prétexte qu’ils sont Berbères, Amazighs.

Il en était ainsi des Kabyles massacrés périodiquement quand les différents régimes algériens entraient en crise ; il en est également ainsi quand ces mêmes régimes cautionnaient le massacre des Touaregs pour sauvegarder les intérêts économiques (uranium et autres minerais ) de la puissance coloniale qu’est la France. L’épouvantail terroriste est alors brandi pour endormir les masses qui se soucient peu des ces « rebelles touaregs » qui ne font que défendre leur terre. « Rebelles » ? Cela ne vous rappelle rien ! Nous étions taxés également de qualificatifs identiques – « rebelles » – quand la France coloniale détruisait nos maisons dans les montagnes kabyles… Que monsieur Ouyahia sache que la maison parentale où j’ai vu le jour est toujours en ruines… détruite en 1957, à la suite du Congrès de la Soummam (L’Acte fondateur de l’Algérie indépendante).

Cette tyrannie était donc « visible » tant qu’il s’agissait du colonialisme français… Aujourd’hui, l’Arabie Séoudite s’ingère dans la destinée des pays du Maghreb comme si elle refaisait à elle seule l’invasion arabe à laquelle firent face Aksel dit Koceila et Damia Dihya dite encore « La Kahina ».

Et chaque jour durant, la télévision séoudienne (Iqraa) se fait l’écho de cette bataille entre les Berbères et les Arabes. Mais, cette même télévision oublie de dire que les Mozabites sont agressés sur leur terre et dans leur maison par des Arabes venus de l’extérieur, installés là pour des raisons évidentes : arabiser la population amazighe. Cette installation des Arabes dans des villes qui surplombent souvent les cités berbères, on la voie partout en Kabylie et notamment à Tizi Ouzou et à Bgayet (Bougie).

Le plus douloureux dans toute cette histoire c’est de voir des Algériens tuer d’autres Algériens. Quelle plus grande faillite pouvait-il arriver à un régime que celle-ci !? Le plus douloureux, c’est de voir les Séoudiens et autres petits pays arabes orientaux s’imposer à un peuple que le monde qualifiait de farouche et fier combattant de la liberté !

Il me revient à la mémoire cette grande phrase de l’écrivain berbère marocain Mohamed KHEIREDDINE : « Etre soumis par plus vile que soi ! » (in Le déterreur).

Mon grand-père Mohand accueillant un invité arabophone : « Dans notre fédération se parle une langue particulière, celle de vos ancêtres ».

Et son invité arabe de lui répondre : « Je suis venu chez vous pour entendre le son de cette langue des ancêtres que moi et les miens avions perdue… Je remercie le peuple kabyle d’avoir su préserver ce trésor… ».

J’avais découvert le Mzab et plus particulièrement Ghardaïa et les cités qui l’entourent pendant mon service militaire. J’étais agréablement surpris par cette organisation qui aurait donné ses lettres de noblesse à toute l’Algérie, si le régime était un tant soit peu soucieux d’un développement endogène et harmonieux… Un ami me disait : « Chez eux, point de chômage ! Point de fioriture ! Car la cité est chevillée aux traditions millénaires ! » Ce peuple vaillant et travailleur a su transformer une terre désertique en un petit paradis ! Je doute qu’il y ait beaucoup de société capable de réaliser de telles prouesses face au désert.

Je le compris davantage lorsque les Mozabites (At Waâvan) organisèrent durant le mois de juillet 1992

« Le premier colloque international pour la langue amazighe ».

Nous fûmes plusieurs dizaines de chercheurs à faire partie de la délégation. Quelle ne fut notre surprise quand nous découvrîmes qu’ils avaient construit un hôtel pour nous accueillir ! Je me demande si le régime algérien n’a pas gardé en tête cet acte militant ! Car, voir des policiers algériens tirer encore sur d’autres Algériens, c’est entrer dans une situation inextricable et tragique que seule la folie d’un régime, soutenu par une oligarchie inconsciente et corrompue, peut expliquer.

Et ces maisons détruites ! Comme au temps de la colonisation ! Et ces jeunes abattus, comme au temps de la colonisation ! La raison fuit là où la violence détruit tout ce qui peut rappeler cette Algérie des Lumières chère aux Anciens Kabyles qui ont lutté tant et tant pour qu’elle recouvre sa liberté !

Et les ruines des maisons de mes frères Mozabites réveillent en moi un sentiment que je suis incapable de définir : il me rappelle les années de guerre d’Algérie où notre maison fut détruite et que nous allions de village en village en qualité de réfugiés ! Le paradoxe ne s’arrête – hélas ! – pas là. Bientôt des partisans de la lutte pour la liberté du Mzab et l’arrêt de la barbarie que subit la population sur sa terre vont venir grossir les rangs des réfugiés politiques en France comme le firent bon nombre de combattants kabyles quand, à la tête de Boumediène, l’armée des frontières massacra les derniers survivants kabyles qui ont tenu la dragée haute aux parachutistes français.

Nous ne pouvons échapper au référent absolu qu’est la langue. On dit souvent que Boumediène était Berbère de Kabylie (les biens-pensants et autres imbéciles utilisent l’expression coloniale, chère à Bugeaud, de « Petite Kabylie ». Je suis tenté de leur répondre et les autres, ils sont de quelle Kabylie ?

Oui, Boumediène était un Kabyle arabisé ! Un Kabyle dont, pourtant, l’illustre famille – At Oukherroub – se distingua par sa participation à l’insurrection kabyle de 1871 contre le colonialisme français ! C’est pour fuir les atrocités imposées aux Kabyles que sa famille s’installa dans la région arabophone.

La haine de soi n’est pas propre aux Berbères arabisés. Pour ne citer qu’un exemple qui nous donne toute la dimension de ce dernier stade de l’aliénation linguistique qu’est la réification : Staline – d’origine géorgienne – avait massacré près de quinze millions de Géorgiens !

Alors, faut-il encore donner des preuves linguistiques et culturelles à la barbarie et à la tyrannie qui frappent nos frères du Mzab ?

Le grand poète kabyle Lewnis Aït Menguellat a déjà maintes fois analysé ce problème de la réification à travers ses grandioses créations poétiques où la formule allégorique, à laquelle il nous a habitués, permet de tout expliquer : « C’est dans le cerveau de l’autochtone que le remède réside ! » Ainsi pensent ceux qui veulent exterminer les Imazighen !

Les anciens Kabyles disaient : « La haine de soi n’est pas palpable. Elle est semblable à la nuit noire qui tombe sur tout peuple qui oublie ses racines au point de vouloir les déraciner… Mais l’arbre de vie n’est pas facile à abattre ; ses racines sont si profondes dans la terre qu’elles résistent à toutes les tempêtes avant de remplir de nouveau ses branches des mêmes fruits qui nourrissent les enfants… »

Relisons Boualem Sansal : « Le zèle poussa certains à se croire plus authentiques que les vrais, ils détruisirent tout ce qui pouvaient rappeler leurs origines et leurs croyances passées. Il en est ainsi, le reniement ce qu’on a été est le premier acte de foi [3]».

[1] Pendant mon service militaire, j’ai connu de camarade totalement arabisé qui avait appris tamazight au bout de quelques mois !

[2] Cet euphémisme s’impose en pensant au grand Kateb Yacine et au non moins grand Slimane Ben Aïssa qui scandait : I-nâal bbu li ma yhebbnac !.

[3] Boualem SANSAL, Petite éloge de la mémoire, Gallimard, p. 86.

Publié par : youcefallioui | juillet 1, 2015

A la mémoire de Michel MOLINIER…

Notre ami Michel MOLINIER vient de nous quitter… et je pense à la douleur de Micheline, son épouse et compagne de toujours, ses enfants et ses petits enfants dont les racines sont également les nôtres… Nous sommes de tout coeur et de toute notre âme avec vous. Et comme disait si bien Michel :
« Rien de ce qui fut noble ne sera asservi ! Tels sont les Imazighen ! »

J’ai connu Michel quand il était Président de l’Association berbère TAFSUT NORMANDIE. Lui et son épouse Micheline nous avaient accueillis plusieurs fois lors des festivals culturels et salons du livre de Rouen.
J’ai gardé de Michel beaucoup de bons souvenirs… au point où mon admiration allait jusqu’à souhaiter lui ressembler un peu tant son intelligence se reflétait dans sa modération et sa modestie. Avocat à la Cour, il parlait peu de son métier. Il aimait plutôt mettre l’accent sur la langue et la culture amazighes… Comme si rien ne pouvait être plus important, à l’heure où les langues et les cultures autochtones sont plus que jamais menacées.
J’ai gardé de nos échanges ces réflexions sociolinguistiques justes et appropriées pour que les Imazighen avancent dans ce chemin escarpé « chanté, comme il disait, par Slimane Azem d’abord puis par Idir, Lewnis Aït Menguellat et Matoub Lounès dont l’engagement sans failles devait lui coûter la vie !
« Tant et si bien », oserai-je écrire, que ce qui fait la vie d’un peuple, c’est sa langue et sa culture… Les nôtres glissent imperceptiblement vers un gouffre d’où elles ne pourraient plus jamais revenir… Ce sont un peu les réflexions qui habitaient Michel lorsqu’il voulait aborder dans mon sens sur l’urgence de sauvegarder tout ce qui nous vient des Anciens et dont nous avons déjà perdu beaucoup de racines… « C’est pour cela, disait-il encore, que les arbres sont chancelants ! »
L’arbre est effectivement source de vie pour les Anciens Amazighs ou Imazighen. Tout vient de l’arbre : de ce frêne, premier arbre de la création chez les Anciens kabyles.
On aura saisi où Michel souhaitait mettre ou élever le débat… Au point qu’il disait qu’il regrettait de ne pas parler tamazight, car il aurait su mieux exprimer toute la détresse que notre langue est en train de vivre : Quand, par exemple, le représentant du Consulat d’Algérie refusait obstinément de prendre en charge les quelques heures de tamazight dispensées dans le cadre des activités de l’Association amazighe Tafsut Normandie.
Michel disait son indignation sur un ton mesuré, alors que Micheline s’emportait contre cette bêtise et cette ignorance qui continuent de s’abattre – même en France – sur la culture et la langue amazighes !
Je ne puis m’empêcher de citer plus longuement Michel pour que l’on comprenne où il situait le débat.
Eoutons-le : « Quand j’avais commencé à découvrir la culture berbère, j’ai été surpris et émerveillé par sa richesse linguistique et la sagesse millénaire qui continue de lui servir de supports… Nous nous sommes donc engagés, Micheline et moi, dans l’Association Tafsut pour apporter notre pierre à l’édifice cette langue qui supporte une culture qui vient, comme toutes les cultures autochtones, des premières pensées de l’homme sur sa condition d’être humain dans la façon qu’il souhaitait appréhender son environnement et le vaste monde qu’il découvrait chaque jour autour de lui… Je savais qu’il y avait une mythologie berbère très importante, notamment celle qui est assise sur le respect de la nature et de la terre mère… J’étais surpris de constater qu’on parlait de toutes les mythologies sauf de la mythologie berbère… Qui remettait en cause la destruction des richesses naturelles et la destruction pure et simple de l’environnement. Quand j’ai appris que, dans cette mythologie, l’Homme est censé venir de l’arbre – de l’arbre de vie – porté par l’eau, à partir de laquelle la première femme du monde – « La mère du Monde » (Yemma-s n Ddunnit), comme tu dis, j’avais compris que l’Algérie et les pays du Maghreb manquaient un point vital de leur sort et de leur destinée en ignorant et, pire encore, en combattant cela. Tout dans ce message allégorique prédestinait à une vie meilleure et la construction d’un bonheur des peuples d’Afrique du Nord… C’est comme boire à la source par un matin de printemps où la Rosée du matin attend le soleil pour assouvir sa soif de la lumière du jour après une nuit froide… Comment les pays comme l’Algérie, le Maroc, la Lybie et la Tunisie pouvaient-ils ignorer leur naissance et leur essence ? J’entends souvent les Tunisiens parler de Carthage… Mais, ils ne parlent jamais des Imazighen et notamment de Massinissa qui avait combattu cette puissante cité qui s’accaparait les terres des paysans tunisiens de l’époque, c’est-à-dire des Imazighen. On parle de Carthage comme pour passer sous silence le passé glorieux d’un Massinissa qui est l’une des lumières de l’Afrique du Nord.
J’ai lu attentivement ce que des historiens sérieux ont écrit sur Massinissa à qui la Tunisie actuelle doit beaucoup. L’épopée de ce roi berbère, fils de Gaya et roi des Massyles devrait être étudiée dans toutes les écoles à partir du primaire jusqu’à l’Université. On le disait jeune et flamboyant ! N’avait-il pas, selon Tite-Live, vaincu Hannibal au combat singulier ? N’avait-il pas imposé l’étude de la langue amazighe dans les écoles berbères de Numidie ? N’avait-il pas transformé une grande partie de l’Algérie et de la Tunisie en un jardin fertile extraordinaire, en mettant l’agriculture au niveau des nations les plus avancées ? Ce fut le premier qui criait « L’Afrique aux Africains ! » Quelle avance sur les penseurs démocrates de notre époque ! Il était réputé et célébré dans tous les pays de la Méditerranée. Sage et conscient, il permit à ses enfants et à son peuple de s’instruire. Dans les écoles de Massinissa, on étudiait certes tamazight, mais aussi le grec et le latin ! Quelle avance sur les gouvernants actuels ! Massinissa fut sans aucun doute le penseur de l’Algérie moderne ; du moins tel qu’il aurait aimé la voir aujourd’hui, tout comme les autres pays… Il fit de Cirta (l’actuelle Constantine) et de Saldae (l’actuelle Vgayet) des capitales culturelles enviées à travers le monde. C’était un homme qui avait repris le flambeau de son père, le roi Gaya surnommé à l’époque « Le prophète des cités ».
Tu vois, c’est tout cela que j’aurai aimé que l’on étudie dans les écoles des pays d’Afrique du Nord, car des temps difficiles attendent ces pays et ils finiront par le regretter de rejeter ainsi l’histoire, la langue et la culture berbères. L’ignorance finira par les perdre, car d’autres sauront utiliser contre le peuple berbère une idéologie dominante qui peut être, dans peu d’années, meurtrières pour tous.
Tout dans l’histoire et la culture berbères recèle des solutions pour sortir l’Afrique du Nord des dangers de demain. »
Voilà le témoignage de notre ami et frère Michel MOLINIER. Ces propos datent déjà de près de 10 ans ; et nous sommes en plein dans ce qu’il prévoyait… le reniement de l’histoire et de la langue amazighes conduisent et continueront de conduire les pays d’Afrique du Nord à la ruine ! Leur seule sauvegarde et leur seule garantie résident dans ce que, encore une fois, Michel appelait : « La lumière qui éclaira l’homme qui vit le premier l’importance de la rosée du matin. »

« C’est profond ! » Me dit l’un de mes amis à qui j’avais soumis cet article à la mémoire de Michel MOLINIER avant de le publier. En effet, c’est profond ! Car cela vient de la nuit des temps ; de ces nuits qui virent Massinissa bâtir la grande et majestueuse Cirta ; de ces nuits qui virent Jugurtha, Takfarinas, Juba 1er, et bien d’autres Berbères-Premiers (comme dans notre mythologie : Berber Amezwaru) se battre contre tous les envahisseurs afin que leur peuple puisse prétendre à la clarté du jour où leur langue et leur culture amazighes reviendront en force sur la terre des Imazighen.

Repose en paix Michel ! Nous continuerons de porter ton message d’homme sage et éclairé et d’homme amoureux de l’histoire, de la langue et de la culture amazighes. Merci pour tout ce que tu as fait en apportant de façon discrète ta pierre à notre édifice.
Toi qui disait si bien : « Rien de ce qui fut noble ne sera asservi ! Tels sont les Imazighen ! » Moi je te réponds aujourd’hui :

 » Rien de ce qui fut noble ne sera oublié ! Car tu vécus en noble, en homme d’honneur »… que nous avons eu le bonheur et le privilège de connaître. Merci pour tout et repose en paix !

Rouen - 1Michel, toujours en retrait, entre Françoise et Youcef Allioui

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Micheline Molinier avec l’enseignante de tamazight.

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Françoise, la secrétaire à qui rien n’échappe, Michel et Youcef Alloui

 

MON DERNIER LIVRE  – « La langue et la mémoire »Tameslayt d Wasal – éditions L’Harmattan, Collection « Présence berbère ».
Il s’agit du quatrième livre sur les énigmes kabyles – Yiwet tirgit yeccur axxam – Tamsaâreqt. Une seule braise éclaire la maison – L’énigme.
Savourons la portée allégorique et ô combien riche de sens de cet énoncé qui définit si bien l’énigme kabyle.

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Merci pour ceux et celles qui avaient déjà appelé les éditions L’Harmattan pour s’informer de la sortie du livre. J’espère que vous apprécierez son contenu et qu’il vous permettra d’apprendre un peu plus sur la Kabylie et son parler amazigh riche et savoureux !

Faisons le pari que les bibliothèques de livres sur notre langue et notre culture tiendront une place importante dans les salons et les chambres de nos enfants. Ce n’est qu’avec les livres et leur langue que la sagesse, la science et les peuples avancent.

Nous savons tous aujourd’hui que beaucoup de langues autochtones/premières sont appelées à disparaître . La récente officialisation de tamazight par le royaume du Maroc est une éclaircie dans ce ciel obscur imposé aux Berbères. Notre espoir – notre exigence – est que l’Algérie s’investisse rapidement dans la réappropriation de sa culture d’origine.
Sans sa langue, le peuple amazigh est un chef-d’œuvre en péril, en ce sens que lorsqu’une langue disparaît, son peuple cesse d’exister. Il est plus que temps que l’Algérie recouvre toutes les réalités de son peuple et qu’elle en finisse avec son aliénation culturelle et linguistique.
La réification linguistique et culturelle de l’enfant amazigh ne prendra fin que grâce à la reconnaissance officielle de tamazight, sa langue maternelle. L’arabe classique ne sera jamais solidaire de l’intelligence de l’enfant amazigh. Seule sa langue maternelle, pour peu qu’elle soit encouragée, lui offrira toutes les sécurités, à commencer par la sécurité psychique indispensable à son développement cognitif et social.
Rendue obligatoire sur tout le territoire national, celle-ci devra être accompagnée d’une planification linguistique sérieuse et réfléchie, selon les exigences que requiert l’instauration d’une pédagogie de la langue maternelle, tant du point de vue de l’élaboration des manuels scolaires, de la formation des maîtres que de sa restauration, comme au temps d’avant la colonisation, dans la communication ordinaire et dans tous les usages de la vie quotidienne.
Sans sa langue maternelle à l’école, l’enfant amazigh se sentira toujours infirme. Pour cela, il a d’abord besoin de son parler maternel loin du fantôme d’une langue pure qui relèverait davantage d’une position mythique et négative .
Nous sommes heureux de découvrir des travaux lexicographiques sur le « berbère moderne » (tamazight tatrart). Mais, cette attitude volontariste, bien que salutaire, doit absolument prendre en compte la contradiction entre le souhait d’une pureté langagière et l’usage réel des différents parlers amazighs .
Il faut veiller à ce que le purisme ne soit pas un simple dogme – une sorte de gongorisme – qui n’aurait aucune attache avec l’usage d’une langue. Les lexiques seuls – bien que qualifiés de « modernes¬ » – ne suffisent pas à rendre la réalité sociale du langage et encore moins les difficultés des codes langagiers en cours dans une société. Il suffit pour cela de se pencher sur la seule littérature orale kabyle, qui est d’une richesse qui n’a probablement pas son équivalent dans le monde, pour mieux appréhender toute recherche lexicographique.
Sans replonger dans les contes foisonnants et les mythes – qui nous éclairent sur le côté obscur de la pensée amazighe – prenons un exemple simple et concert, celui du jeu des énigmes berbères pour que lecteur de cette traduction voit où le traducteur veut en venir.
Le jeu des énigmes nous restitue des étapes qui vont du message à construire au choix des mots (lexique) qui fait appelle à la phonologie du vocable avant d’entrer dans le paramètre du choix des formes et des constructions à travers la grammaire qui exprime la phonologie de la phrase – accentuation, allitération et intonation – pour aboutir, enfin, à une phrase construite et mûrement réfléchie à travers laquelle le jouteur expose son énigme.
Le vocabulaire utilisé dans ce jeu comporte un certain nombre de codes et d’expressions dont le sens dépend entièrement sinon étroitement du contexte qui a provoqué l’énigme ou de la source historique ou mythologique à laquelle elle renvoie.
Dans les schémas forts nombreux de la composition de l’énigme, on ne peut manquer de remarquer les stratagèmes ingénieusement mis en place – comme dans les écoles modernes – pour asseoir des constructions linguistiques qui prennent en compte de façon savante une grammaire des sons et des rythmes.
On aura alors compris ce qu’est la notion d’enracinement langagier à travers un discours rhétorique et théorique qui s’appuie sur de nombreux stratagèmes linguistiques qui font de la littérature orale une base inévitable pour tout travail lexicographique sérieux et digne de ce nom.
Toute traduction s’appuie sur des unités signifiantes. « Celles-ci s’ordonnent selon deux axes, l’un de substitution (paradigmatique), l’autre de contiguïté (syntagmatique). Chaque unité peut ainsi varier avec ses voisines et s’enchaîner avec ses parentes. »
Nous constatons alors qu’une traduction n’a de sens que si le traducteur pense à obtenir, autant que faire se peut, le fidèle enracinement qui lie la langue cible à sa société, à ses usagers.
Un peu comme dans le dicton ancien qui dit : « La racine suit la tige » (Azar yetabaâ tara), sous peine de n’être reconnue par personne et de connaître le même anéantissement – que nous avait imposé l’école française pendant la colonisation –, la langue amazighe doit d’abord et avant tout suivre la société et le peuple où elle a pris racine.

Je soumets aux esprits sagaces une autre énigme que l’on doit à mon vieux père qui était un grand « amoureux » de ce « genre littéraire majeur » (Fernand Bentolila) :

C’est dans le trèfle que j’ai trouvé son nom – L’hyène (Deg iffis i yufigh isem-is – Ifis).

Les anciens Kabyles utilisaient un dicton qui synthétise et stigmatise l’aliénation linguistique : « Qui a une langue se sent plus en sécurité ! » (Win isâan iles yetwennes !)
Ma sage et vieille maman disait : « La lumière de l’enfant, c’est sa langue maternelle. » (Tafat n weqcic t-tameslayt g_emma-s !)

Sans doute qu’elle se rappelait le jour de septembre 1961 où je revins de l’école… les mains ensanglantées pour avoir osé parler en kabyle alors que ma langue maternelle était interdite par les instituteurs français. L’indépendance de l’Algérie et ceux qui se l’étaient appropriée alors qu’ils étaient incapables d’en lire le mode d’emploi (pour paraphraser Fellag), nous ont imposé à peu de choses près la même situation néo-coloniale : nous étions également battus par des instituteurs arabes pour oser parler kabyle à l’école. Pire encore, les générations qui nous avaient suivis ont connus les mêmes châtiments d’instituteurs kabyles !! Nous voyons comment un peuple peut être atteint du dernier stage de l’aliénation – la réification – quand des enfants sont non seulement privés de leur langue maternelle à l’école, mais châtiés – par des instituteurs également kabyles ! –  pour en avoir fait usage ! Quelques jeunes de mon village m’avaient raconté comment ils étaient punis sévèrement ! J’avais alors saisi l’occasion – lors d’un enterrement – pour apostropher l’un de ces instituteurs, tout juste bon à garder les ânes et les poules – sur les maltraitances qu’il avait fait subir à ses élèves ! J’ai profité pour lui poser juste cette simple et petite question : « Je veux juste savoir une chose : quand tu arrives chez toi, dans quelle langue parles-tu à ta mère et à tes enfants ? »… Il ne m’a jamais répondu… Depuis, il fait tout pour m’éviter !

Comme quoi, comme disaient nos pères, « Toutes les choses ont une limite sauf l’ignorance !) et l’aliénation de certains enseignants » (Yal taghawsa si tilisa, sskedd TASEGLA !)

Publié par : youcefallioui | juin 6, 2015

LA LANGUE ET LA MEMOIRE – TAMESLAYT D WASAL…

Voici mon dernier livre qui va paraître dans quelques semaines. J’espère qu’il plaira à ceux qui ont l’habitude de lire… j’oserai dire : de me lire. Je parle évidemment des Kabyles nobles et non pas de ceux qui se comportent comme des porcs et qui ne peuvent rien faire contre moi… Bien au contraire, cela me donne des étincelles et des ailes !

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Nekkwni seg’wid yesserwaten maççi seg’wid yettcakaten !

Pour Saïd Medjber, Joseph Gabel et Fernand Bentolila,
avec toute ma gratitude.

Va avec les sages, tu glaneras de leur sagesse.
Ddu d-imusnawen a d-gemmrev di tmusni-nsen.
Atas i’geqqaren : “Nessen !”  
Ma d nutni qqaren kan : “Wissen !“

Nombreux sont ceux qui disent : Nous savons !
Quant à eux, ils disent seulement : « Peut-être ! »

Pour les enfants amazighs.

Mon père, Mohand Améziane Ouchivane (1898-1971) : « Le pays, ce sont les enfants. Si les enfants jouent et  rêvent, ce pays a trouvé la porte du bonheur et de la paix. Mais si les enfants sont tristes et sans rêve, ce pays-là, fuis-le ! » (Tamurt d-arrac. Ma yella puraren yerna pargun, tamurt-nni, taggurt l_lehcaca d lehna tufa-yas. Ma yella êeznen yerna éeqmen, tamurt-nni xas erwel fell-as !)

« Jouer ! Jouer ! Viendra le temps où vous ne pourrez plus jouer ! Viendra le temps où la langue et la mémoire seront malmenées par le vent furieux. Le vent mauvais, venu d’ailleurs, qui les privera de la terre et de leurs racines ! Regardez le ciel ! Ecoutez les oiseaux et les champs de blé ! Voyez le papillon qui admire la rosée ! Regardez la fourmi qui s’engouffre dans la fourmilière ! Si vous buvez à une source,  laissez-là propre pour que les oiseaux s’y désaltèrent ! » (Urarew-t ! Urarew-t ! A d-yass wakkud anda’ra tfak turart fell-awen ! A d-yass wakkud anda tameslayt d wasal a-ten iceggeb wadu : adu aburaysu asen ikkes akal yakw d-izuran ! Tillewt igenni ! Hessewt i yifrax d-igran n tmusni ! Walit afertetu yegren allen di nnda ! Muqlet tawettuft ikecmen di tbulga ! Mi teswam di lƐinser, tejjem-t d-azedgan bac ad swen yefrax !)

Je pense que mon père aurait aimé cela :

En ce jour béni, je pardonne à tous ceux que j’ai traités de porcs ! Je leur demande aussi de bien vouloir m’excuser !

Publié par : youcefallioui | juin 6, 2015

D’une comptine à la réification… Si tehjenjent ar takufra…

D’une comptine (de jadis) pour enfant à la vie d’aujourd’hui… où l’intelligence se confond…

Pour ma princesse
(Ta grand-mère Tawes, dont tu portes si bien le nom, disait : « Toute blessure se guérit et toute saleté se lave à grand eau ! » Kra ljerh illan yettji ; kra n wammus d-ibanen zemren-as waman ! )

Tamacahutt n wungif arkus innumen ammus

Ammus n wengif yesdduqqus
Am umqerqur yeffren di lqus
Nagh am utarus yezzughuren agherrus
Ayen tennid ur s-itthus
D-ayen is fkan, iban ixuss…

Zik-nni, qqaren imusnawen :
Yella wammus is izemmren d-afus
Yella wammus is izemmren d lmus
Yella wammus ddwa-ynes t-tamusni d rrsus !

Qqaren zik-nni :
Uhdiq s tit, ungif s-elhezz am teghlit !

Le conte du simple d’esprit volontaire

La conduite du simple d’esprit fait sursauter
Tel un crapaud dans une cage
Tel un chien de chasse qui traîne une vieille peau
Tu as beau lui parler, il n’est sensible qu’à sa bêtise
C’est tout ce qu’il connaît, on ne juge pas un demeuré…
Jadis, les sages disaient :
Il y a des saletés qui se lavent à la main
Il y a des des saletés qui se lavent au couteau
Il y a des saletés contre lesquelles seuls la sagesse et les hauts-dits peuvent quelque chose !

El cuento o La historia de la sencilla espíritu voluntario

La conducta de las sorpresas de una sola mente
Al igual que una rana en una jaula
Como un perro de caza que cuelga una piel vieja
Usted puede hablar con él, él es sensible sólo a su estupidez
Eso es todo lo que sabe, no se considera un residieran …

Antiguamente, los sabios dijeron :

Hay suciedad que lavar a mano
Hay suciedad que lavar el cuchillo
Hay suciedad en contra de que sólo la sabiduría y de alto dits puede algo !

The tale of the simple volunteer spirit

The conduct of the single-minded surprises
Like a frog in a cage
As a hunting dog who hangs an old skin
You may talk to him, he is sensitive only to his stupidity
That’s all he knows, it is not considered an resided …

Formerly, the sages said :DSC_0001

There is dirt that wash by hand
There are dirt that wash the knife
There is dirt against which only wisdom and high-dits can something!

Moralité : ce qui est bien avec les simples d’esprit, c’est qu’ils nous font avancer ! Il n’y a rien de plus tragi-comique que de se pencher un instant avec un sourire sur la conduite volontaire et affichée d’un idiot ! Comme on dit en kabyle : “Yella tadsa di twaghit !” nagh daghen : “Lefhama n wungif iggwi-tt wasif !”

Cela me fait réviser mon anglais (qui devient fort approximatif) et mon espagnol qui devient de plus en plus amusant !

Voici mon dernier livre qui va paraître dans quelques semaines. J’espère qu’il plaira à ceux qui ont l’habitude de lire… j’oserai dire : de me lire. Je parle évidemment des Kabyles nobles et non pas de ceux qui se comportent comme des porcs et qui ne peuvent rien faire contre moi… Bien au contraire, cela me donne des étincelles et des ailes !

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Yiwen isserwat,wis-sin yettcakat, wi-s tlata isell i lehwa tekkat ! D-acut ? D-acu-t ?

Dernier message à celui que j’ai traité de porc !

Je t’ai traité de porc car tu le méritais. Les excuses et les raisons que tu essaies de me fournir pour faire passer « tes porcheries » ne tiennent pas debout ! Ce n’est pas en faisant dans l’obscénité que tu vas combattre – soit disant ! – les ennemis de l’amazighité ! Bien au contraire, tu leur dis simplement que tu leur ressembles en faisant leur jeu. Ce sont des porcs et tu te comportes comme l’un d’eux : comme un porc ! Tu dis que tu n’y es pour rien ! Comment se fait-il que ces obscènités soient véhiculées à travers un pseudonyme prestigieux que tu utilises (pour que je t’accepte lors de ta demande !)
Moi, je te dis que c’est en travaillant sur ta culture et ta langue en veillant au respect de tes parents et des tiens ainsi que de tout ton peuple (agdud amazigh) que tu peux combattre les ennemis de l’amazighité ; en leur faisant toujours savoir – comme le chante si bien le grand Ferhat Imazighen Imoula – « L’Amazigh est beau, décent, élégant et Noble » (Amazigh d-azedgan !)

Último mensaje que yo traté de cerdo!
He tratado de cerdo, ya que merecías. Las excusas y razones por las que tratando de dar para recibir « sus pocilgas » no retener el agua! No es por hacer en obsènité usted va a luchar – supuestamente! – Los enemigos de los amazigh! En su lugar, sólo les dices que ves como ellos haciendo su juego Estos son los cerdos y se comporta como uno de ellos. Al igual que un cerdo!
Yo digo que está trabajando en su cultura y su idioma asegurando el respeto a sus padres y quieren y todo tu pueblo (agdud amazigh) que se puede luchar contra los enemigos de amazigh; siempre haciéndoles saber – como cantado tan grande Ferhat Imazighen Imoula – « El Amazigh es hermosa, digna, elegante y noble » (amazigh d-azedgan!)

Last post than I treated pig!
I’ve treated pork because you deserved it. Excuses and reasons you trying to give me to get « your pigsties » do not hold water! It is not by making in obsènité you gonna fight – supposedly! – The enemies of the Amazigh! Instead, you just tell them you look like them by making their game These are pigs and you behave like one of them. Like a pig!
I tell you that it is working on your culture and your language ensuring respect your parents and want and all your people (agdud Amazigh) that you can fight the enemies of Amazigh; always letting them know – as sung so great Ferhat Imazighen Imoula – « The Amazigh is beautiful, decent, elegant and noble » (Amazigh d-azedgan!)

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Le marché des mondes et du pétrole…

Vous entendez souvent, très souvent, trop souvent les médias vous parler des mondes… « Le monde asiatique », « le monde occidental », « le monde arabe », etc. etc. Vous n’entendez jamais parler d’un monde que l’on bannit des médias, que l’on essaie d’effacer à tout prix – face à la loi des mondes du marché pétrolier et gazier – et pourtant ce monde de culture, de langue et d’histoire millénaires existe aux portes de l’Europe, de Paris. C’est un monde stigmatisé, brimé, ignoré, dont le peuple est malmené, massacré tous les jours.

Ce qui se passe au Mali avec le peuple amazigh touareg que l’on écartèle, que l’on chasse de ses terres… pour l’uranium… Les islamistes servant d’excuses et de paravents…

Le monde berbère est un monde de paix. Les Imazighen (connus sous le nom de Berbères) ne combattent que pour leur survie : défendre leur terre, leurs femmes et leurs enfants…

Les Imazighen ont une langue qui s’appelle Tamazight. Les Imazighen sont plusieurs dizaines de millions d’âmes à travers l’Afrique et notamment l’Afrique du Nord. Vous entendrez souvent les pouvoirs d’Afrique du Nord se dire et dire que nous sommes des arabes.

Vous entendrez souvent les médias français vous dire que l’Afrique du Nord est arabe (avec l’assentiment des pouvoirs maghrébins)… Et pourtant, il n’y a pas que le pétrole…

Il y a des millions d’êtres humains qui constituent le monde amazigh-berbère dont la devise universelle est la suivante : « Laisse-moi vivre dans la joie, la paix et la connaissance et je me passerai du pain, je mangerai la  terre ! »

Un peu d’histoire : La terre berbère-amazighe a été envahie tout à tour par : Les Phéniciens (Carthaginois : dont parlent souvent les Tunisiens en faisant fi de leur histoire : ce fut le grand Agellid Massinissa qui détruisit Carthage qui expropriait les Imazighen de leur terre : les Tunisiens d’alors !), les Romains, les Vandales, les Byzantins, les Arabes, les Turcs et les Français).

On parle de tous les peuples de leurs héros, mais qui parle du peuple amazigh et de ses héros : Massinissa, Jughurta, Juba 1er, Takfarinas (face aux hordes romaines) ; Koceila, Damia Dihya At Tabet (surnommée la Kahina) face aux hordes arabes… Ces hommes et ces femmes, qui ont combattu pour la liberté de leur peuple et contre la barbarie, ont précédé de plusieurs siècles ceux et celles que nous connaissons aujourd’hui à l’heure de leur entrée au Panthéon !

Pensée amazighe de Kabylie : « Si Dieu venait à te réclamer ton coeur, tu es libre de le lui donner. S’il venait à te réclamer ta langue et ta terre, dis-lui : Non ! Car sans ta langue et ta terre, tu n’as plus ni coeur ni foi ! » (Ma Yessuter-ak-d Ugellid Ameqqwran Ul-ik, xas fkas-t ! Ma yessuter-ak-d iles-is d wakal-ik, in-as : Ala ! Mebla iles-is d wakal-ik ur tesâidh ul, ur tesâidh tasa ! »

En réalité, ceux que l’on nomme « Arabes » ne sont que des Imazighen plus ou moins arabisés, car leur langue est avant tout berbère. Mais, comme disait si bien l’un de nos illustres intellectuels, Salem CHAKER – pour ne pas le nommer – « L’amazighité est d’abord une affaire de conscience » , tout en sachant que c’est également et surtout une affaire idéologique et économique. 

La France coloniale y a largement contribué à leur arabisation et à leur islamisation !

Quelques articles de ces jours derniers dans la presse algérienne (El Watan) touchent enfin au fond du problème de l’aliénation linguistique et historique : « Parlons algérien ! » Oui, parlons algérien : parlons tamazight !

Relisons, l’espace d’un instant, le grand Kateb YACINE :

« On croirait aujourd’hui, en Algérie et dans le monde, que les Algériens parlent arabe. Moi-même, je le croyais, jusqu’au jour où je me suis perdu en Kabylie. Pour retrouver mon chemin, je me suis adressé à un paysan sur la route. Je lui ai parlé en arabe. Il m’a répondu en tamazight. Impossible de se comprendre. Ce dialogue de sourds m’a donné à réfléchir. Je me suis demandé si le paysan kabyle aurait dû parler arabe, ou si, au contraire, j’aurais dû parler tamazight, la première langue du pays depuis les temps préhistoriques. » (Kateb Yacine, in Les ancêtres redoublent de férocité, Paris, Editions TNP, 1967).

__________________________________________ Pour que vivent à jamais les peuples opprimés en dehors du marché des mondes et du pétrole !

Venez participer au second festival international des films berbères-amazighs – du 30 au 31 mai 2015

Asst-ed a-tt gerwem i tafaska tis-snat n-Isura Imazighen – di Paris si 30 ar 31 magu 2015

https://mail.google.com/mail/u/0/?ui=2&ik=1ed90fa5df&view=att&th=14d90451735d28f6&attid=0.2&disp=safe&zw

_____________________________________________________________________________________
Bonjour,
Le Festival international des films berbères et de la Méditerranée est ravi de votre participation à sa seconde édition en tant que d’être membre du jury.
Je vous rappelle que le Festival démarre ce samedi 30 mai à 12h au Cinéma le Luminor – 20, rue du Temple, paris 4.
Les projections ont lieu en continue de 12h à 22h le samedi et le dimanche, et sont ponctuées d’événements autour de la culture berbère : une exposition de photos, l’intervention d’un conteur, une programmation  musicale, la dégustation de saveurs sucrées berbères, des rencontres avec des professionnels, et d’autres surprises.
En pièces jointes, vous trouverez le programme détaillé de la manifestation, ainsi qu’une invitation à la soirée d’inauguration qui a lieu le samedi 30 mai à 20h.
Au plaisir de vous accueillir et de vous rencontrer.
Cordialement,
Hélène Sitbon
Conseil en communication  relations presse
Tél 01 45 61 24 20 – 06 84 01 50 49 

Prévisualiser la pièce jointe Invit-Finale FIFB 2015 .pdf

Publié par : youcefallioui | mai 11, 2015

LE CONTE ET LES VOLEURS – Imakuren t-tmacahutt

Le conte et les voleurs…
Pour toi qui, par un mauvais jour de décembre, m’avait donné un bout de pain et réchauffé le corps et le cœur… C’est seulement depuis que je sais ce que sourire éclaire ; ce qu’une main tendue veut dire et ce qu’une parole gentille peut donner un sens à la vie.

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Il y a bien longtemps… Nous étions au temps où le conte régnait dans toutes les maisons kabyles. Un soir, comme tous les autres soirs…
Nous étions autour du foyer suspendus aux mots magiques de ma grand-mère…
Pendant que nous l’écoutions religieusement, des voleurs s’étaient introduits dans la maison et avaient tout emporté. Quand ma grand-mère termina son conte par la formule magique consacrée, nous constatâmes que la porte était entrouverte… Ma grand-mère se leva et se dirigea vers la porte. Nous nous levâmes pour lui emboîter le pas.
Ce n’est qu’à ce moment-là que nous nous étions rendu compte que des voleurs s’étaient introduits chez nous.
Nous voici dans la cour. Ma grand-mère regarda alors vers le ciel. Nous tous regardames dans la même direction. Une pleine lune pleine d’éclats entourée d’étoiles qui n’arrêtaient pas de jouer entre elles dans une clarté sans nom. Plus loin, comme pour donner une touche finale à ce merveilleux tableau, la voie lactée ou, comme on dit en berbère, « La poutre du ciel » (Ajeggu igenni) ou, selon un mythe consacré, « Le chemin de paille » (Abrid g_walim).

Devant tant de miracles – car il n’y a de miraculeux que les choses que l’on voit tous les jours – ma grand-mère s’exclama : « Ces voleurs sont bien sots ! Ils ont pris de vieilles breloques et de vieux brocs et ils ont oublié toutes ces merveilles du monde !… »

Après un moment de réflexion, ma grand-mère esquisse un large sourire et nous dit encore : « Mes enfants, rappelez-vous que dans une maison où règne le conte, aucun voleur ne peut vous priver de l’essentiel ! »

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Je compris alors – presqu’au bout de mon âge – pourquoi mon vieux père disait : « Le conte kabyle n’a pas été créé pour uniquement vous aider à bien dormir. Bien au contraire ! Nos ancêtres l’ont créé pour vous aider à mieux vous tenir éveillés et à vous tenir debout, car chacun des mots que le conte contient est pareil à une étoile dans le ciel… C’est à travers ses mots que nous nous sentons pleinement vivre… Un seul conte kabyle vaut toutes les pages écrites dans d’autres langues. Car une langue, ce n’est pas seulement l’écrit, c’est d’abord et avant tout la parole vivante… Quand une langue ne se parle plus, elle a beau s’écrire, son peuple cesse d’exister ! »

Publié par : youcefallioui | avril 17, 2015

20 avril – Printemps berbère ou l’écho de l’Amusnaw

I WASAL N DDA LMULUD

A LA MEMOIRE DE MOULOUD MAMMERI

Le 20 AVRIL ou l’écho de l’Amusnaw

Une amie m’a reproché d’avoir délaissé mon blog. « Le 20 avril, c’est dans trois jours, écris-nous quelque chose, s’il te plait ! »

Récemment, une vieille grand-mère (Nna Tasaâdit), qui m’avait entendu parler des énigmes, demande à son petit-fils de m’en transmettre deux créations qui lui sont propres « pour me rendre hommage », me dit-il. J’ai été très touché pour cet éloge !
J’ai donc pensé à celui à qui il revenait de droit : Mouloud Mammeri ou Dda Lmulud, comme nous l’appelons en kabyle ; tant et si bien que notre langue nous offre encore quelques espaces pour nous retrouver et nous sentir comme un peuple entier grâce à ces mots que seuls les Imazighen et notamment les Kabyles utilisent encore… Ce sont autant d’indices d’une mémoire qui vient de la nuit des temps… Une mémoire dont nous sommes porteurs et dont nous accumulons tant bien que mal la richesse.
Voici donc ces énigmes que je restitue à la mémoire du grand Amusnaw kabyle Mouloud Mammeri. Nous lui devons d’être là ; de marquer par notre présence épistolaire cette mémoire millénaire que tous les vents furieux de l’ignorance et de la bêtise n’ont pu faire disparaître malgré tous les chocs violents auxquels elle a dû faire face et qu’elle continue de combattre avec paix et sérénité comme ce chêne de l’Assemblé auquel faisait allusion l’énigme de Nna Tasaâdit de cette belle et merveilleuse contrée kabyle qu’est Bou-Zeggane :
« Le chêne de l’Assemblée, sa parole porte comme une batte – Le sage » (Tasaft n Wegraw, awal-is yugar alqaw – Amusnaw).

La seconde énigme nous renvoie vers l’association parole/tissage, expression allégorique et polysynthétique que l’on peut retrouver dans beaucoup de langues autochtones comme tamazight.

« Un métier à tisser sans lisse et sans fils de trame qui est brodé avec allégorie et confiance – La parole » (Azetta mebla ilni d- ulman izda s tweqda d laman – Awal).
Beaucoup de Kabyles m’accostent dans la rue pour me saluer et me féliciter à propos de ce que j’écris. Beaucoup reviennent sur les énigmes. « C’est un genre littéraire majeur » (Fernand Bentolila) auquel j’ai déjà consacré plusieurs ouvrages.
Mon dernier et plus beau souvenir, je le dois à cette petite fille d’environ six ans qui plus est porte le même prénom que ma douce mère – Tawes – ce qui est fort rare aujourd’hui, à l’heure où les Kabyles s’envolent vers d’autres prénoms qui ne signifient rien pour nous ! Tawes m’apostrophe donc dans la rue pour me dire une énigme qu’elle avait relevée dans l’un de mes ouvrages.

Quand sa maman se pencha vers elle pour lui chuchoter quelque chose à l’oreille tout en me fixant du regard, j’étais loin de « deviner » qu’elle était en train de lui dire quelque chose comme : « Dis-lui une devinette… C’est ce monsieur qui a écrit le livre que je t’ai acheté sur les énigmes ! »
La petite se gratta l’oreille – un peu comme dans le conte « L’oiseau de l’orage ». Arrivé à leur niveau, elle me dit l’air bien gêné : « Oh la la ! Je me souviens de la devinette, mais je ne sais pas comment je vais la dire ! »
Je fais mine de l’aider : « C’est laquelle ? Elle parle de quoi, la devinette ? » Lui dis-je en souriant. Elle me répondit alors : « Elle parle de la chauve-souris… ça y est, je me rappelle ! » Et dans l’instant, beaucoup de monde put entendre une devinette kabyle en plein marché de Belleville : « Quel est l’oiseau qui allaite ? » (Anwa afrux yessuttudhen ?)
D’entendre cette devinette déclinée dans les deux langues, en français d’abord puis en kabyle m’avait rempli de joie ! Ce fut donc en plein marché de Belleville (Paris 11ème) que la petite fille, la maman et moi avions discuté des énigmes et des devinettes pendant près d’une heure !
Comme quoi il suffisait d’une devinette pour que la braise – jetée un 20 avril par Dda Lmulud l’Amusnaw – se remette à briller dans les yeux d’une petite fille au point de m’éclairer… Et de me dire qu’il est très important que je partage cette belle anecdote qui aurait plu et faire sourire le grand Mouloud Mammeri. J’aurais aimé que pareille chose ait lieu quotidiennement dans les écoles algériennes et notamment en Kabylie… Dire une énigme, c’est comme se sentir vivre et faisant partie d’un peuple autochtone : le peuple amazigh d’Afrique du Nord.
C’est à chaque fois dans des moments semblables que se détermine en moi ce rapport charnel aux textes oraux des Anciens, dont Mouloud Mammeri disait de son vivant : « Il faut se hâter de happer les dernières voix… ». La plupart de ces textes oraux ont été et continuent d’être véhiculés par les femmes. Dès lors, continuer à donner une forme à ces énigmes, à ces textes oraux qui viennent de la nuit des temps, c’est comme redonner vie à tous ces mots qui osaient, malgré la guerre et la misère, sortir de ce silence douloureux, à travers les voix d’enfants qui seuls pouvaient le rendre supportable en donnant une grande légèreté aux sentiments et aux mots.

C’est ce que représente pour nous le 20 avril : un vent doux et léger qui donne tout leur sens aux sentiments qui unissent le peuple kabyle à travers ses mots, tant et si bien qu’Awal signifie pour nous « toutes les étoiles dans le ciel où le feu majestueux dont parlait Mouloud Mammeri – celui de la culture, de l’histoire dans l’union et la solidarité, seul capable de donner tout son sens au 20 avril.
« Ne chantez pas jusqu’à lasser vos oreilles  ! Ne dansez pas jusqu’à épuiser vos corps ! Sachez aussi dire les mots en silence en communion, la main dans la main, en regardant le vaste pays de vos ancêtres qui vous entendent perpétuer leur mémoire. » « Mythe du maître des montagnes » (Izri n Bab Idurar).

Publié par : youcefallioui | mars 6, 2015

MOHAND AMOKRANE OUCHIVANE « LE GEANT »

MOHAND AMOKRANE ACHIVANE « LE GEANT » N’EST PLUS…

Mon frère Mohand Amokrane n’est plus. Mon père l’avait surnommé « Le géant » (Imqelfed). Il disait : « Je l’ai prénommé Mohand Amokrane, car il est né au temps où les légendes soutenaient l’arbre de vie de la Kabylie. »
Mohand Amokrane le géant, Dadda Meqqwran n’est plus. J’ai fini par croire qu’il était immortel. Force de la nature, ancré dans la terre comme la souche d’un vieux chêne millénaire, je pensais naïvement que mon grand-frère, Dadda Meqqwran, comme nous l’appelons, nous ses petits frères et sœurs était immortel. Du moins, je pensais que ce géant allait tous nous enterrait avant de partir à son tour vers ce monde inconnu où de temps en temps, j’entends l’appel, le murmure doux et insondable de mes chers parents qui, dans les moments de doute et d’angoisse, cherchaient à me tranquilliser.
J’ai fait la connaissance de mon grand frère Amokrane en 1963. J’avais 13 ans. C’était la fin de la guerre d’Algérie. J’ai appris petit à petit toutes les secousses et tous les dangers que cette guerre lui avait valus. Fidèle au grand Messali HADJ, il avait eu du mal à s’en sortir face à une horde de chacals qui lui reprochaient sa fidélité à Messali à l’heure où tous les renards et les scabreux en tout genre changeaient d’opinion comme on change de chemise, quitte à vendre leurs amis et leurs âmes. A travers lui, j’ai appris à connaître ce que l’on appelait et que l’on continue d’appeler les « Messalistes ». J’ai trouvé en eux beaucoup de choses qui auraient fait de l’Algérie un pays des lumières, comme l’appelaient les anciens Kabyles. Les amis de mon grand frère étaient droits ; solidaires et sans faille dès qu’il s’agit de soutenir quelqu’un de leur sensibilité politique. Brave et sans détours, ils n’ont jamais sacrifié leurs idées. Ils sont restés fidèles à leurs idéaux et rien de ce qui changeait les autres – comme pour obtenir une attestation de maquisard ! – ne les changeait. Bien au contraire, ils faisaient face aux tempêtes – fort nombreuses – qui suivaient l’indépendance de l’Algérie. Les vents, d’où qu’ils venaient, étaient mauvais. Mais, ils faisaient face la tête haute et dressaient la tête sans trébucher avec aucun doute dans leurs yeux.
J’ai vu des amis à Dadda Mokrane venir proposer leurs services à mon père. De toutes les régions, ils venaient. Il y en avait de tous les coins d’Algérie et surtout de Kabylie. Un soir, nous vîmes arriver un homme – un géant comme Dadda Mokrane – accompagné par un voisin. Il faisait presque nuit. Il était originaire de Larebâa N’At Yiratènes. Pensant que mon grand frère avait succombé pendant la guerre – notamment dans la guerre fratricide que leur faisait le FLN – il avait longtemps cherché après la famille et les proches de son ami… Quand il apprit que nous étions encore à Awzellaguen – car beaucoup avaient fui la Soummam – il n’avait pas hésité un seul instant pour venir si nous avions besoin de quelque chose. Il passa la nuit chez nous, entre nous, comme s’il était des nôtres. Il fut si heureux quand mon père lui apprit que mon grand frère était installé à Alger. Difficile installation ! Il avait beaucoup souffert des attaques des uns et des autres, car Messaliste il était, Messaliste il était resté et se revendiquait comme avec fierté et sans peur aucune ! On finit par le licencier pour ses propos et opinions politiques. Des amis de mon père durent intervenir pour qu’il réintègre son poste à la SNCFA.

Ce qui me rapprochait le plus de Dadda Mokrane, c’est le respect et l’amour qu’il portait à nos parents. Jamais, il ne pouvait élever la voix – comme le font beaucoup d’autres fils – devant mes parents. Il arrivait que ma mère s’emportât contre lui ! Il lui répondait calmement : « Tu es ma mère ; tu peux même prendre un bâton pour me battre, je tournerai juste le dos pour mieux recevoir tes coups ! »
Quand je discutais avec lui à propos des sages de notre Arch… Il disait toujours : « Aucun d’eux n’arrive à la cheville de mon père que ce soit dans la sagesse, dans le courage ou la générosité. » Tout ce qui touchait mon père le tourmentait… Comme le fait que mon père ait été torturé et emprisonné à plusieurs reprises par les Français, sans qu’aucune reconnaissance ne lui ait été accordée. Un monsieur bien placé des Awzellaguen répondit à ma mère – qui lui disait qu’elle voulait juste que les sacrifices de mon père soit reconnus – « Je ne sais pas ce qu’il a fait ! » Normal, comme tous les planqués, il était en Tunisie pendant toute la durée de la guerre ! Ce fut les seuls moments où Dadda se mettait en colère. Il disait : « Quand je le vois dans le rue, je me retiens pour ne pas lui cracher dessus ! » C’était ce genre de personnes qui ont détruit la Kabylie, voire l’Algérie toute entière.
Dadda était juste et n’avait peur de personne. Il avait même un certain plaisir à se mesurer à ceux qui oubliaient bien souvent la bienséance et le respect. Il était vif à la fois dans son geste et dans sa parole. Il ne supportait aucun acte d’incivilité. Respectueux et affable à l’excès, il surprenait souvent ceux qui se méprenaient à son égard. Le prenant pour « un mou », ils s’en mordent bien souvent les doigts quand ils se rendent compte qu’ils se sont trompés de personne. En 1970, j’étais étudiant à Alger. Un samedi, alors que je me promenais à Hussein Dey, j’assistais à une rixe où un homme se faisait carrément rosser par cinq individus, rien que ça ! Je crus bon d’intervenir… C’est de famille ! Voilà que deux autres arrivaient et me tombent également dessus… Alors que j’allais m’affaler sous les coups, voilà que des bras secourables – des bras d’un géant – m’apportaient secours en tapant efficacement dans le tas. Ce fut grâce à la voix que je reconnus mon frère : « Celui qui touche à mon frère, je le tue ! » dit-il en arabe algérois.
Pendant qu’ils prirent la fuite, il releva d’abord le monsieur à qui j’avais porté secours avant de se pencher sur moi et de me dire : « Tu n’as pas été atteint ailleurs ? » Je saignais du nez. Il me tendit un mouchoir… J’ai toujours pensé la chose suivante : Cela faisait la seconde fois que je me faisais attaquer après avoir voulu défendre une autre personne… Et pour la seconde fois, mon grand frère surgissait comme par enchantement ! Il est vrai que la première fois, c’était près de chez lui ; je trouvais donc cela normal… Mais, la seconde fois, j’étais au boulevard de Tripoli, bien loin de la maison… Un peu comme l’aurait fait mon père, Dadda Mokrane me dit : « Je suis fier de toi… » Nous rentrâmes ensemble à la maison « comme des frères ». Une douce chaleur m’envahissait… quand je sentis son regard doux et protecteur se poser sur moi.
Dadda Mokrane ne craint pas l’adversité. Droit et juste, il était toujours prêt à porter secours à celui ou celle qui en avait besoin. Personne ne pouvait malmener quelqu’un devant lui sans qu’il ne lui porte secours, même au péril de sa vie. On en rit encore quand mes frères et mes neveux me relatent le dernier incident qui nous opposa à nos voisins qui voulaient nous interdire le chemin d’accès à notre propriété, estimant que nous n’y avons pas droit… après 80 ans d’utilisation du dit chemin ! Devant un tel comportement qui niait toutes les valeurs du voisinage, Il était tellement hors de lui qu’il disait : « Si je trouve l’un d’eux sur mon chemin, je l’écrase et je ferai marche arrière pour l’achever s’il est encore vivant ! »
Il nous raconta alors comment mon père – toujours prêt à rendre service – avait accepté d’échanger le droit de passage par ce chemin en abandonnant aux voisins l’autre chemin qui passait devant leurs portes. Dans une époque lointaine, leurs Anciens seraient venus demander à mon père de bien vouloir accepter cet échange. Avec le temps, ils avaient oublié que mon père rendit un service pour partager un droit… celui de pouvoir rentrer tranquillement chez lui. Mais à la mort de mon père, ces derniers se crurent fort en droit et « fort en force et en nombre » pour nous interdire le passage. Ils ont oublié les paroles de mon père : « Je l’ai prénommé Mohand Amokrane, car il est né au temps où les légendes soutenait l’arbre de vie de la Kabylie. »

Le géant a succombé à un cancer dans la nuit du 28 février 2015. Il a fait preuve d’un courage que peu d’hommes et de femmes pouvaient dégager face à cette maladie. Nous l’avons enterré un jour de pluie. Dès le lendemain, un soleil éblouissant vint nous réconforter. Nous nous retrouvâmes unis dans la tristesse et la douleur comme il l’aurait souhaité. Frères, enfants et petits-enfants ainsi que les proches étaient là. Et c’est à chacun de se remémorer son souvenir en racontant une anecdote… Nous étions en rires et larmes… entre la douleur et la douceur de cette tendresse de communier ensemble pour dire les mots… Les mots qu’il aurait aimé entendre… Des mots de sagesse et de fraternité… Des mots qui faisaient de nous ce chêne aux racines profondes qui tiennent encore bien qu’ayant perdu leur souche. Branches solides et solidaires, secoués par le vent mauvais de la mort, nous venions de perdre notre souche… Mais, les enfants – ses petits-enfants – jouant et criant ici et là font entendre sa voix, comme s’il venait de renaître, comme s’il était toujours parmi nous. Alors, ce sont des rires qui fusent ici et là entremêlés de larmes qui accompagnaient les mots des anecdotes que chacun et chacune racontaient à son propos.
J’aimais particulièrement entendre les témoignages de ses belles filles que Dadda Mokrane chérissait comme ses filles. Chacune d’elle racontait comment il veillait sur elle. Comment il disait en haussant la voix pour que son fils entende : « S’il t’embête, tu me le dis ! » Et il montrait sa canne !
Après l’enterrement, ma petite nièce – qui adorait son grand-père Mokrane – pleurait doucement à l’arrière de la voiture. Pour la consoler, je lui dis que Jeddi-is « son grand-père » serait très malheureux de la voir pleurer ainsi… Elle essuya ses larmes et me dit : « Je l’aime tellement que je ne voudrai en aucun cas qu’il soit malheureux à cause de moi… Il faut que je sois heureuse pour qu’il continue d’être heureux au paradis ! »
Si le paradis existe on aurait aimé que tous ceux qu’on aime et qui sont partis après avoir honoré le genre humain par leur courage, leur fidélité, leur savoir, leur fraternité, leur générosité envers les autres et notamment envers les plus faibles, leur bonne humeur qui égayait les petits enfants, leur joie de les tenir dans leurs bras… on aurait aimé que ce paradis puisse exister pour qu’ils continuent d’être heureux afin que le Dieu miséricordieux efface leur chagrin et les console de toutes les peines qu’ils avaient eues en ce bas monde.
Le géant qu’était Dadda Mokrane disait : « Un jour, je rejoindrai mes chers parents… Si le paradis existe, je voudrai que Dieu me permette de me repose à leurs côtés… Ainsi l’éternité me semblera plus courte et plus agréable à vivre. »
Mon cher grand-frère – de t’avoir connu si juste et si droit, si courageux et si modeste, si généreux et si fraternel, si bon et si respectueux envers nos parents – je suis sûr que le Souverain Suprême (Agellid Ameqqwran) exaucera tes vœux. Et si, à mon dernier jour, je pouvais vous retrouver ensemble, cela rendra ma mort beaucoup plus douce, comme un voyage… Un merveilleux voyage qui reste à faire.

Dadda

Publié par : youcefallioui | février 13, 2015

ROGER HANIN… Un Algérien des Lumières

Roger Hanin, l’Algérien…

L’Algérie a perdu beaucoup de ses enfants. Beaucoup de ceux et celles qui l’aimaient et qui continuent de l’aimer l’avaient quittée bien malgré eux/elles. La mort dans l’âme et dans la noirceur du ciel, des pas vers l’inconnu… Leur vie se brisait du jour où ils avaient quitté cette terre où le soleil donnait un éclat sans pareil aux horizons.
Ils avaient refait leur vie… En avaient-ils le choix ? Beaucoup d’entre eux/elles – tel Roger Hanin – s’étaient battus de nouveau pour se faire une autre place sous d’autres cieux, sous d’autres soleils qui n’ont pas toujours le même éclat. Cette clarté où toutes les couleurs du monde se confondent et se rassemblent pour faire le bonheur de tous ceux et toutes celles qui savaient si bien la guetter à chaque matin de leur vie. Parfois même dans leur sommeil, ils avaient hâte de troquer ce qu’ils voyaient en rêve avec la réalité, celle de la joie de voir et de pouvoir admirer encore et encore ces premières lueurs de l’aube que seule la langue berbère – langue polysynthétique et autochtone – est capable de désigner d’un seul mot chargé de tous les sens : Essxem. Et l’on comprend alors pourquoi peu de contrées peuvent émouvoir à ce point ; car nulle autre contrée – aussi belle soit-elle – ne livre dans une nudité totale sa clarté comme un enfantement dans un bonheur et une plénitude infinis que la langue berbère peut encore nommer d’un seul mot : tamradwa.
Cette terre berbère-amazighe qui les avait vus naître ne les jamais oubliés malgré le vent déchainé et violent qui les avaient emportés dans la bêtise et l’ignorance de ceux qui cultivaient et cultivent toujours le moindre effort… Celui qui détruit ce que la terre et l’homme ainsi que la femme de bonne volonté et armés d’intelligence ont mis des siècles à construire… La barbarie qui s’habille d’ignorance et de bêtise revient et essaie de régner en mettant en avant l’absence de raison.
Mais « l’Algérie des Lumières » (Lezdayer n tafat), comme l’appelaient les anciens Kabyles finit toujours par se relever, rejaillir du cœur de ses enfants – comme l’oiseau phénix renaît de ses cendres – dans un éclat encore plus beau où la mer, les montagnes, les hauts plateaux, les plaines et le désert attendent à l’unisson – dans une attente de tous les instants – unis par le même souffle où la miséricorde du Souverain Suprême les enveloppe dans son burnous sacré.
Roger Hanin était habité de ce souffle divin à travers le parfum d’une terre exaltante à laquelle il avait manqué. Il savait, lui – le Juif d’Algérie – que « son pays » le chérissait. Il savait que l’Algérie le portait dans son cœur tout comme ses enfants qui l’avaient quittée un matin très tôt bien avant l’aube ou un soir très tard dans l’obscurité qui cache les yeux brillants des braves. Roger savait que l’Algérie considère ses enfants – surtout ceux qui s’étaient exilés la mort dans l’âme – telle une sève dont elle ne pourrait jamais se passer : elle a besoin de leur amour pour continuer de vivre et de briller.
Comme chassé par le sirocco de la discorde et de la violence, Ils partirent… Ils furent nombreux à le faire. La blessure est restée ouverte… Roger le savait. L’Algérie est une terre éternelle que les Anciens avaient labourée et irriguée de leur sang et de leur amour. Elle a gardé une tendresse infinie pour tous ses enfants qui l’avaient quittée sans mots dire – car seuls savent ceux qui se turent – aveuglés par les larmes qui coulaient sur leur poitrine et qu’en vain ils essayaient de cacher.
Tant de larmes et tant de sang versés ! Tant d’années d’exil dans une solitude cachée. Il est des mots que l’on ne dit pas. Il est des pensées que l’on n’ose pas. Il est des cris que l’on étouffe et que l’on tait. Roger Hanin avait vécu ainsi. Mais il était sûr d’une chose : un jour il y retournerait. « Je reviendrai » avait-il déjà écrit dans les années sombres où des Algériens ( ?) massacraient, égorgeaient, décapitaient et immolaient femmes, enfants et vieillards : d’autres Algériens.
Mais l’Algérie n’oublie jamais ceux et celles qui l’aiment et qui continuent de l’aimer. Vaste et profonde dans l’amour et la tendresse qu’elle éprouve pour tous ses enfants et surtout pour ceux et celles qu’elle voyait, tout comme Roger, partir en silence, la tête baissée et le cœur lourd de peine et d’angoisse., l’âme blessée et la tête baissée pour mieux savourer les derniers pas dont ils la foulaient pour la dernière fois, en se disant : « Je reviendrai ! »
Une mère pleure toujours ses enfants. Elle les pleure quand ils la quittent ; elle les pleure encore plus fort quand – la tempête cessante – ils peuvent enfin se retourner vers elle… Quand ils sentaient que la mort allait leur briser les ailes, dans leur dernier souffle accompagné d’un dernier regard, ils voient en elle leur seul rêve inachevé… Un rêve qui devient éternel et à jamais renouvelé.
Roger Hanin a achevé son rêve ; celui de retourner se reposer pour l’éternité dans le sein de sa Mère-Patrie enfin retrouvée : L’Algérie.
C’est un droit noble et solennel que chaque Algérien devrait revendiquer. Il reste un privilège dont sont privés beaucoup d’autres fils et filles d’Algérie.

Un message !

Avant de te quitter, mon cher Roger, je veux te charger d’une mission très importante : celle de porter les salutations filiales à cette terre d’Algérie où tu reposeras désormais. Les salutations de ses autres fils et filles qui n’ont pas encore obtenu le privilège qui vient de t’être accordé. Dis-lui, rappelle à cette Algérie que bon nombre de ses enfants – qui lui avaient voué un attachement et un amour sans nom, toute leur vie durant, au point de tout lui sacrifier – reposent encore loin d’elle ; que l’exil qu’ils avaient connu de leur vivant continue avec leur absence.
Jean El-Mouhoub AMROUCHE, Taos AMROUCHE, Slimane AZEM, Mohammed ARKOUN… La liste est longue et je ne crains de t’imposer un lourd fardeau que tu as déjà porté avec panache et fierté… comme tout Algérien qui se respecte.
Il y a une dizaine d’années, j’ai eu le bonheur et l’honneur de te serrer la main lors d’un salon du livre juif… J’étais aux côtés du grand Marek Alter et de l’illustre Simone Weil. Nous avons effleuré cet exil auquel continue d’être condamnés ces enfants d’Algérie. Tu avais déjà remarqué qu’ils étaient pour la grande majorité d’entre eux des Amazighs, Berbères de Kabylie. C’est-à-dire des descendants des « Algériens des origines » (l’expression était de toi), des autochtones que tes ancêtres juifs avaient déjà trouvés sur cette terre qui allait devenir la leur et par la suite la tienne, quand ils adoptèrent la Berbérie comme terre d’adoption.
« Que leur reproche-t-on ? » m’avais-tu dit ? Je te répondis : « Etre des autochtones – des Imazighen – et à ce titre attachés viscéralement à la langue (tamazight) et la culture de leurs ancêtres, les Imazighen ou, selon ta formule, « Des Algériens d’origine ».
Mon père avait l’habitude de dire : « Seul le peuple juif est venu sur notre terre sans idée belliqueuses et sans intention conquérante… ».
Repose en paix auprès des tiens mon frère !

Je me dois à l’Algérie
Par Roger Hanin. Acteur.

Paris. Il fait nuit. Je suis dans mon bureau. Je pense à l’Algérie. Comme elle me paraît loin. J’ai peur de ne plus pouvoir la retrouver en pensée. Je ne veux forcer ni mon cour ni ma mémoire. Où en suis-je de l’Algérie ? J’écoute cette phrase et j’entends : » Où en suis-je de ma vie ? » Même sensation. L’Algérie, comme ma vie, m’a laissé bonheurs, souffrances, frayeurs. Et pourtant, dans le silence de mon bureau, j’ai l’impression, ce soir, que je ne la connais plus et que je n’ai ni droit ni qualité pour en parler.
Et si je me taisais tout simplement ? Ah, bien sûr ! Ce serait plus conforme à l’élégance intellectuelle, et l’intelligentsia trouverait cette esquive correcte. Mais, décidément ce soir, je ne suis pas correct !… Je n’ai jamais été correct. Ni intellectuellement correct, ni politiquement correct, ni « algériennement » correct.
J’ai honte de cet affaissement que je ressens pour mon pays. Mon pays… J’ai dit » mon pays « … Chaque fois que j’évoque l’Algérie, c’est vrai, je dis « mon pays». Est-il donc si loin cet Éden blanc de soleil, parfumé d’eucalyptus et de jasmin, orange et rouge et jaune de ses fruits, ses fleurs… Je ne me rappelle donc que cela ?… D’où vient que se télescopent l’horreur, l’OAS, les crimes, les offenses, la haine, le sang, l’exode ? Tout se mélange. Et pourtant, résiste en moi une petite pousse de refus qui s’entête. Je ne peux pas me contenter d’un constat. Même brouillé.
L’Algérie n’aurait donc plus de visage ? Difficile d’admettre l’adieu et de tirer sa révérence. Musique fade sur fond de « Vous ne me devez rien, je ne vous dois rien ». L’Algérie ne me doit rien, mais moi je dois à l’Algérie. Je dois d’y être né, d’un père d’Aïn-Beida, d’un grand-père et de toute une lignée venue de la basse Casbah. Je dois à l’Algérie d’avoir vécu de soleil, d’avoir été nourri de son amour pudique et braillard, excessif et profond, ensemencé des cris de la rue, où j’ai appris la vie, la lutte, la fraternité…
Et voilà que chaque jour, lorsque j’ouvre un journal, je lis : «Des Algériens ont assassiné lundi quarante Algériens dans le massif de l’Ouarsenis ». » Mardi : «Des Algériens ont égorgé à Médéa trente femmes algériennes, dix enfants algériens. » Mercredi : «Des Algériens ont torturé des vieillards algériens, coupés en morceaux des bébés algériens. » Jeudi… J’arrête l’horreur.
Et ces crimes seraient commis au nom de Dieu ?
Je ne crois pas que Dieu veuille ce sang. Le Coran n’a jamais imaginé des scènes aussi déshonorantes, des sacrifices aussi écœurants. Je ne suis pas musulman. J’en arrive à le regretter car aujourd’hui je pourrais parler plus haut, plus fort. Je suis juif et je dois une gratitude éternelle à l’Algérie d’avoir gardé sur sa terre et dans sa chair, des centaines de milliers de Juifs pendant des siècles et des siècles jusqu’à l’arrivée des Français, qui ont trouvé en envahissant le pays une communauté israélite intacte, heureuse et différente.
C’est cela l’Algérie… C’est cela l’islam : le respect, la tolérance, l’amour…
En dehors des analyses intelligentes et généreuses, il faut agir !

Aujourd’hui. Il y a urgence ! Chaque heure qui passe sonne notre lâcheté. Les chefs religieux de l’islam doivent parler sans craindre de porter l’anathème. Les chefs politiques doivent se déclarer en état de guerre civile car c’est bien de cela qu’il s’agit : il y a en Algérie des hommes et des femmes qui veulent vivre d’une certaine manière et il y a en face d’eux, d’autres hommes et d’autres femmes qui veulent vivre d’une autre manière.
Je forme des veux pour que le prochain président de la République d’Algérie parvienne à faire vivre ensemble tous les Algériens dans leur patrie, qu’ils ont gagnée dans le courage et la dignité, dans le sang et les larmes, mais où ils ne veulent plus vivre dans les larmes et le sang.
Il ne faut plus que l’Algérie éloigne d’elle, par la terreur qu’elle inspire, ceux qui voudraient lui dire leur amour et leur fidélité. Il faut rendre, de nouveau, l’Algérie fréquentable, en y allant ; prouver que l’Algérie n’est pas un pays de chaos, mais une terre noble qui ne refuse pas la fraternité et appelle le courage partagé.
Je viendrai bientôt.

Publié par : youcefallioui | janvier 31, 2015

MON PERE ET LES OISEAUX…

MON PERE ET LES OISEAUX…

Mon père, mon frère Tahar et les oiseaux…

Ass m’akken llan ifrax – Au temps où les oiseaux étaient nombreux et chantaient le bonheur de tout un pays… L’Algérie.

Nous sommes dans les années brûlantes de la guerre d’Algérie. Ddada Tahar descendit du maquis avec son ami Lâaziz M_Méziane. A quelques années d’intervalles, ils tombèrent tous les deux au champ d’honneur. Ils traversèrent la forêt de tamaris de la Soummam avant de venir au jardin à l’abri des arbres des nombreux vergers qui longeaient la vallée.
Ils nous trouvèrent, mon frère Mohand Rachid et moi, en train de nous baigner dans le bassin. Ddada Tahar nous aimait beaucoup. Il aimait plaisanter et nous taquiner en disant des choses sérieuses qui nous mettaient les larmes aux yeux. .. Qu’il fallait profiter de notre jeune âge, car les jeunes de leur âge finiraient tous par mourir… qu’il fallait que nous nous préparions à les remplacer au maquis pour combattre les Français. Il disait cela en riant. Lâaziz ne disait mot. Il se contentait de sourire.
A l’époque, il y avait beaucoup d’oiseaux qui vivaient dans la vallée. Toute la journée, nous étions bercés par leurs chants divers et mélodieux… La guerre, ils n’en avaient cure ! Et quand les oiseaux s’arrêtaient de chanter, et quand l’échassier qui gardait le jardin s’envola en poussant un cri, nous savions – papa nous l’avait appris – qu’un danger était éminent.
Je fis la remarque à Ddada Tahar : « A Dadda ! Ifrax hebsen ccna… D-cacu i-wi slan ! » Dadda Tahar comprit aussitôt ce que je voulais dire et il entraîna vite son ami à l’abri dans les roseaux qui entouraient le bassin et le puits.
Quelques minutes après, une section de militaire français et de harkis passait non loin. Un harki qui nous connaissait nous salua gaiement : « Alors les petits Ichivanènes, tout va bien ? Il n’y a pas de fellagas par-là ? » Terrorisés à l’idée de les voir venir vers nous, nous nous efforcions de rire pendant que mon frère lui répondit : « Nous allons bien, a Dda Hécène, et il n’y a pas de fellagas par ici ! » Dda Hécène savait-il que Dadda Tahar et son ami étaient cachés là ? Avec le recul et la façon dont il s’était comporté – en refusant aux autres harkis de venir se désaltérer – nous comprimes qu’il savait quelque chose, ou à tout le moins, il se doutait de quelque chose…
Mon père aimait dire que là où les oiseaux sont heureux, les portes de la sauvegarde s’ouvrent toujours au moment où le danger guette les hommes (et les femmes).
Nous passions la plupart de notre temps au jardin. A l’époque, notre jardin et ceux environnants étaient de véritables paradis… Tous ces magnifiques arbres fruitiers abritaient une multitude d’oiseaux qui égayaient toute la vallée de la Soummam. Un échassier gris-marron que mon père appelait « Le gruidé » (Amriji) tournait toujours autour de nous quand nous arrivions au jardin, un peu comme pour nous souhaiter la bienvenue.
Mon père passait son temps à observer la nature et notamment les oiseaux. Les oiseaux n’avaient pas peur de lui ! Je n’ai jamais compris comment il faisait… Les oiseaux se posaient sur ses épaules ; et les plus petits, comme les alouettes, elles venaient boire et picorer des graines dans la paume de ses mains.
L’échassier se posait sur ses épaules un peu comme s’ils se parlaient tous les deux… En notre absence, quand quelqu’un entrait dans le jardin, il lui tournait autour en lançant des cris stridents.
Un jour, je vis un homme venir d’un pas décidé. Ma mère avait du lui dire que mon père se trouvait au jardin.
Amriji lui tournait autour presque au niveau de sa tête, en criant terriblement. On avait l’impression qu’il allait lui crever les yeux ! Mon père s’exclama alors : « Que Dieu nous épargne du malheur ! » (A-gh imnaâ Rebbi g’lada !)
Nous étions lui et moi en train d’irriguer les mandariniers et les orangers. Le monsieur, que je ne connaissais pas, nous salua avant de dire à mon père : « Votre Tahar a été tué aux At Mlikech… »
Pétrifié, mon père le fixa quelques secondes, avant de crier : « Ô mon Tahar chéri ! Ô mon Tahar chéri ! » (A Taher amaâzuz ! A Taher amaâzuz !) Il perdit l’équilibre, partit à la renverse et tomba sur le sol en répétant : « Tahar chéri ! »
Je bondis dans sa direction en essayant de l’aider à se relever. Il se « rendit compte de mon effroi » et se ressaisit en me prenant la main : « N’aie pas peur, mon fils ! N’aie pas peur, mon fils ! »
Voir son doux père pleurer ! C’est comme si la terre se dérobait sous mes pieds… J’étais le plus malheureux des enfants ! Je venais de perdre un cousin que mon père adorait bien plus que ses propres enfants – et Dadda Tahar le lui rendait bien – et je venais de voir mon père le pleurer… Ses yeux d’un bleu sombre se remplirent d’un regard où une tristesse infinie s’y lisait… Je lui pris la main et nous restâmes longtemps au pied de l’un des peupliers qui s’élançait dans les airs près du bassin.
Quelques instants après, ma mère – connaissant l’amour que mon père portait à Dadda Tahar – vint nous rejoindre. C’est la première fois que je vis ma mère prendre la main de mon père… La société pudibonde kabyle ne le permettait plus depuis l’invasion de la France coloniale ! Comme si l’homme devait devenir dur et sec pour faire face à la barbarie que les Kabyles subissaient depuis 1830… Si seulement…
Avec la mort de Dadda Tahar, notre destinée fut bouleversée ! Des rapaces s’abattirent sur mon père. De tristes échassiers qui voulaient nuire au lion qu’était mon père… Mais, ce dernier n’était de lignée noble pour rien…
Depuis ce jour-là, où « son Tahar chéri nous avait quitté »La tristesse infinie n’avait jamais quitté les yeux bleus de mon père… Parfois il disait d’un air où le vent de la désolation soufflait : « Là où les Français avaient tué mon Tahar chéri… Il ne devait pas y avoir beaucoup d’oiseaux qui chantaient… ».
Il n’était consolé que par nos rires d’enfants… le retour de prison de mon frère Mohand Tayeb et de mon beau-frère Mohand Tahar, ami de mon frère-cousin Tahar.
Je voyais mon père s’adonner de plus en plus à l’apprivoisement des oiseaux… Je le voyais les observer en se mettant en boule dans un coin ; à leur parler comme si c’était des humains… en leur lançant des graines ici et là… Je voyais les oiseaux, de plus en plus nombreux, lui tourner autour… Ils picoraient dans ses mains et se posaient sur ses épaules…
Mon père était un fou-amoureux de la nature… L’oiseau symbolisait sans doute pour lui la fragilité du monde… Et je compris pourquoi il disait : « Vos rires, mes enfants, et le chant des oiseaux, enfants de la nature (tarwa n terwest) me consolent de toutes mes peines… Et rien de ce qui est précieux ici bas n’aurait de l’importance si les enfants ne riaient pas aux éclats et si les oiseaux ne chantaient pas le bonheur et l’insouciance d’une vie où les hommes sont capables de comprendre les larmes de la terre… Si seulement…
Mon père aimait dire et répéter : « Quand un oiseau chante, il y a un arbre chargé de fruits et une source ou une rivière non loin où il pourra se désaltérer… Tahar chéri et bien d’autres lions qui ont libéré l’Algérie auraient aimé – du paradis d’où ils nous regardent – entendre le chant des oiseaux dans un pays où l’arbre et l’eau demeurent sacrés comme le bonheur des enfants par le rêve emporté… »… Si seulement…
Et quand il voyait un oiseau chanter gaiement dans les airs, il me disait : « Ecoute, mon fils, c’est Tahar chéri qui nous dit bonjour ! »… Si seulement…
J’ai gardé cet amour de la nature, des cours d’eau, des arbres et des oiseaux… qui donnent tout son sens à la vie… où la terre vous invite comme une mère invite son enfant à prendre part à un repas qu’elle avait préparé avec attention et amour… Les anciens Kabyles disaient : « C’est sur la nature que toute la vie repose ! » (Af terwest tudert i-tress !)
Si seulement l’Algérie avait tenu ses promesses… promesse d’un regard enchanté par l’environnement et la nature, par la culture et l’éducation, par l’enseignement de l’histoire des hommes qui sont tombés pour que la liberté et la démocratie puissent régner… régner un peu comme les oiseaux chantent sur les arbres chargés de fruits doux et sucrés… près d’une rivière à l’eau douce et claire.

A-wi ddan d wi ruhen ! Xas deg’id mi zzin yitran…

Publié par : youcefallioui | janvier 16, 2015

Yennayer 2965 – Nouvel an berbère fête de la lumière et de la paix

Yennayer Berbère ou le nouvel an des lumières et de la paix

« Qui multiplierait les fêtes pour qu’on continue de vivre unis et dans la paix ! » (a-wi sigwtent laâwacer ; i-wakken anezg a-nâacer !) (Dicton extrait d’un chant sacré de Yennayer : « Jours divins » Laâwacer)

Jour de fête, Yennayer est chanté par les Anciens comme un jour sacré et divin. En voici un extrait de ce chant (la traduction est très « approximative ») :

 

….

Savez-vous que « la voie lactée » se dit « La poutre du ciel » chez les anciens Kabyles ?
On l’appelle aussi « Le chemin de paille », dit notre mytholie dans un mythe (Izri) dont le titre est « Le voleur de paille » (Amakur n walim).

Toutes les histoires et les mythes racontés pendant Yennayer font référence à la lumière qui symbolise la paix, la non-violence, la sagesse, la connaissance et l’entente et la solidarité entre les hommes et les femmes.

Yennayer est une fête divine à bien des titres ou la femme révèle toute sa place, où l’homme s’incline devant la sagesse et où l’enfant profite de tous les enseignements. Dans la mythologie kabyle, c’est aussi un personnage très important. Il est singulier à plus d’un trait, car il est à fois masculin et féminin : on parle aussi de « Mère Yennayer » (Yemma Yennayer). La femme kabyle voulait ainsi marquer de son empreinte cette grande fête en se l’appropriant au même titre que toutes les autres fêtes. Car, ce n’est rien de le dire, mais la fête en Kabylie, passe d’abord par la femme. C’est elle qui organise et c’est autour d’elle que tournent toutes les manifestations ; même quand les choses ne tournaient pas toujours à l’avantage de certaines : celles qui s’étaient mal conduites et dont les enfants révélaient les défauts et les méfaits à travers le carnaval de Yennayer.
Selon ma mère, ce fut la même période que les poétesses kabyles mettaient à profit pour investir l’Assemblée des hommes et dire à ces derniers (en s’attaquant nommément à certains) les quatre vérités. J’ai pu ainsi recueillir quelques poèmes de Tawes de Ijaâd (ce n’est pas ma mère, c’est son homonyme) et Djouhra Helloufa qui avaient marqué notre village par leur poésie cinglante et anti-machiste ! Chose paradoxale (voire extraordinaire), les hommes en étaient friands ! Selon ma mère, c’était le Mezwer – chef du village d’Ibouziden – qui les invitait à dire leurs poèmes en pleine Assemblée des hommes. Yennayer était donc une fête propice à la vérification des principes démocratiques dans la cité kabyle. On le retrouve à travers certaines expressions et dictons : « Celui qui craint Yennayer, il a quelque chose à se reprocher ! » (Win yugaden Yennayer yella kra i-gessexser) ; « Celui qui prend garde à ce qu’il fait, il n’a pas peur de Yennayer » (Wi’ddan s lehder, ur ittaggwad Yennayer !) Plus explicite est l’expression suivante : « Yennayer n’aime pas les conflits ! » (Amdegger, ur t-ihemmel Yennayer !)
« Yennayer aime la rosée et la paix ! » Yennayer ihemmel nnda d lehna ! Car la mère du monde (yemma-s n ddunnit) s’appelle « Rosée-du-Matin » (Nnda-n-Wesru)

 

Pour revenir à « Mère Yennayer », ma grand-mère disait qu’une femme qui s’est distinguée par son aura et sa sagesse portait le titre de Yemma Yennayer.
Yemma Yennayer est fêtée au cours d’un rituel sacré qui se passait selon les cas – sans doute collé aux événements sociaux de chaque cité kabyle – soit le premier jour de Yennayer (Ixf n Yennayer) ou le septième jour (Ccebâa n Yennayer – nagh tuttla n Yennayer). Les femmes entouraient celle qui était ainsi l’élue (Yemma Yennayer) qui faisait la morte par terre. Et elles chantaient jusqu’à ce que Yemma Yennayer soit ressuscitée ! Alors, elle se relevait et embrassait chacune des femmes présentes qui faisaient partie de cette noble assemblée en disant : « Par la protection de Yennayer et le grain qui germe et l’étoile qui se voit le jour !… » (Aheqq ccbak n Yennayer d-uâeqqa ad yekker d-itri yettbanen deg’wzal… !)

 

 

Pour ce faire, les parents mettent souvent en scène les enfants comme acteurs principaux de leur mythologie. C’est pour cela que les enfants assistaient leurs parents dans tous les travaux et dans la mesure de leur force.
Il en ainsi lorsque enfant, mon père me demandait d’aller remplir le sac de céréales qu’il portait sur l’épaule avant de commencer les semaisons. Avant cela, il commençait par les labours. Avant de commencer à labourer à l’aide des bœufs, je l’entendais toujours dire à la terre la prière suivante : « Pardonne-moi de te déranger ainsi, c’est pour mettre le grain en toi et pour nourrir mes enfants et donner sa part au pauvre ! Terre, fais que mes efforts et ceux de mes bœufs ne soient pas vains ; Donne-nous une bonne récolte, que Yennayer te soit doux par la puissance du Souverain Suprême ! »

Enfin, pour terminer, car il faudrait plusieurs ouvrages pour en terminer avec Yennayer, je dédie à toutes mes sœurs et mes frères kabyles et Imazighen ce poème de Yennayer que les mères et les grands-mères kabyles chantaient. Je vous le chanterai bientôt en vous donnant d’autres récits et d’autres choses encore sur cette fête sacrée léguée par nos ancêtres, les Imazighen.

Les textes en kabyles et les traductions complètes seront données dans un ouvrage à paraître : « Mythes et pensées chez les anciens Kabyles ».

 

Que la lumière et la paix de Yennayer soit sur tous les Imazighen !
Que la lumière et la paix de Yennayer soit sur tous les peuples !

Que la lumière et la paix de Yennayer bannisse la violence de la terre et sème la paix à travers le monde !

Publié par : youcefallioui | décembre 30, 2014

2014 en révision

Les lutins statisticiens de WordPress.com ont préparé le rapport annuel 2014 de ce blog.

En voici un extrait :

Le Concert Hall de l’Opéra de Sydney peut contenir 2 700 personnes. Ce blog a été vu 12 000 fois en 2014. S’il était un concert à l’Opéra de Sydney, il faudrait environ 4 spectacles pour accueillir tout le monde.

Cliquez ici pour voir le rapport complet.

Publié par : youcefallioui | décembre 25, 2014

Il était une fois la gare d’Ighzer Amokrane…

Il était une fois la gare d’Ighzer Amokrane… et monsieur David

Il y avait un parc. Il y avait des oiseaux. Il y avait deux puits. Il y avait de l’eau. Des fleurs à foison et des arbres fruitiers. Plusieurs petits jardins où sentait la lavande. Deux grandes maisons avec des cheminées. Il y avait des familles qui avaient l’œil sur tout. Il y avait la vallée qui riait qui riait. La Soummam, non loin, bourdonnait jour et nuit. Les vergers étaient grands, un vrai paradis. Dans ce parc où nous jouions, il y avait un monsieur gentil et souriant. Il s’appelait monsieur David. Dans ce parc si beau comme un paradis, il y avait une gare, une grande gare, une magnifique gare ! Une belle bâtisse à deux étages. Quand monsieur David avait fini de laisser partir le train, grâce à son coup de sifflet, il se tournait vers moi pour mettre sa main dans la poche avant de la ressortir avec un ou plusieurs bonbons. Monsieur David était toujours souriant. Il parlait français et un peu kabyle avec un accent qui nous faisait rire. Nous l’aimions beaucoup. De temps en temps, maman me demandait de lui porter un peut de couscous. Il adorait le couscous de maman. Comme les Kabyles font, il rendait toujours des bonbons ou des friandises dans le plat de maman. Les oiseaux chantaient et les oies gardaient bien ce petit coin de paradis où les voyageurs aimaient venir prendre le train. Ils venaient toujours en avance pour pouvoir profiter de ce petit paradis embaumé par toutes sortes de fleurs et les arbres chargés de fruits. Non loin, le long de la voie ferrée il y avait les eucalyptus. Monsieur David y avait installé quelques bancs pour les personnes âgées. Quand il faisait beau, et il faisait toujours beau, Tahar, Madjid, Mohand, Yamina, Cherifa, Rékia et moi jouions sous le regard affectueux de monsieur David. On ne disait pas de monsieur David qu’il était juif. On disait simplement : monsieur David. Et Papa arrêtait souvent son vis à vis par ses mots : « Il est des nôtres ! » Et cela coupait court à toutes les spéculations. Maman disait en parlant de lui : « Il n’est pas chef de gare, il est le gardien d’un petit paradis ! » Quand nous prenions le train pour descendre à Bougie (Bgayet) Maman s’empressait toujours de venir beaucoup plus tôt dans ce petit coin de paradis. Et dans un morceau de tissu bien propre, elle mettait quelques gâteaux pour «son gardien de petit paradis ». Elle appréciait quand monsieur David enlevait sa casquette pour la saluer. Il inclinait légèrement la tête dans sa direction avant de lui dire bonjour, Sbah l-lxir, dans un accent que tout le monde aimait entendre. Cet accent était une sorte de référence. On disait de certains qu’ils parlaient comme monsieur David. N’allez pas croire encore à des spéculations ! C’était plutôt un beau compliment ! En effet, comment ne pas se sentir fier quand l’accent de quelqu’un est comparé à celui de monsieur David ? Ce dernier disait que ses ancêtres s’étaient installés en Kabylie il y a plus de deux mille ans ! Ce sont donc des autochtones, ou presque, comme nous les Berbères, les Imazighen. Gardien du paradis, il fallait beaucoup d’autochtonie dans l’âme, beaucoup d’amour de cette terre berbère de Kabylie pour veiller avec autant d’attention sur une gare qui était comme un joyau de la vallée. Une gare bien plus belle que toutes les autres ! Pas même celle de Bougie ne pouvait rivaliser avec la nôtre ! Et puis il n’y a pas que le bâtiment imposant et spacieux. Il y avait aussi « la salle des voyageurs » qui nous servait de lieu de jeu quand il pleuvait ou faisait froid. Mes amis et moi gesticulions et criions sous l’œil attentif de monsieur David. Car entre les garçons montaient souvent des étincelles, surtout entre et moi-même et mon meilleur ami Smaïl ! Je me rappelle du jour où monsieur David me gronda sévèrement : je venais de couper le menton de mon ami Smaïl avec une pierre. « D’accord dit-il il t’a frappé le premier, mais de là à lui couper le menton, quand même ! » Je promis de ne plus recommencer… Et nos parents durent écouter nos explications ; et quel soulagement d’entendre mon père me dire devant toute l’assistance : « Tu as bien fait de te défendre ! » Cela clôturait le débat, car comme disait monsieur David, la parole de mon père valait de l’or et de l’argent. Le calme de l’amitié l’emportait très vite sur nos disputes. Nous profitions alors de ce petit coin de paradis en veillant à ce que personne ne nous en prive. Nous tenions à ces rigoles d’eau écarlates où nous y buvions sans prendre le temps d’aller jusqu’aux quatre fontaines du parc. Quatre fontaines vraiment magiques ! C’étaient des fontaines avec lesquelles nous aimions beaucoup jouer : il suffisait d’actionner un bras et aussitôt l’eau jaillissait du puits, comme par magie ! Monsieur David nous grondait : « ne gaspillez pas l’eau !» Alors nous faisions mine de suivre la rigole comme si nous irriguions les arbres et les fleurs. Mais monsieur David n’était pas dupe. Quand nous étions bien sages, monsieur David nous faisait monter au deuxième étage de la gare. De là, à travers les immenses fenêtres nous pouvions admirer la vallée et la Soummam dont les torrents brillés au soleil. Quand le train arrivait, monsieur David accueillait toujours les voyageurs. Il ne vérifiait pas toujours si ces derniers avaient tous un billet. Aux hommes, il disait simplement  « Bonjour » ! Aux femmes, il se faisait un devoir de le dire en kabyle dans « son accent  paradis » : Sbah l-lxir ! La gare d’Ighzer Amokrane n’était pas simplement une gare. C’était un lieu de villégiature dont tous les Ighzérois étaient fiers. Chacun y mettait du sien pour que ce petit coin de paradis profite à tous…Si certains donnaient de petites graines à semer ou les semer eux-mêmes dans le parc de la gare, d’autres se proposaient pour tailler les arbres. Comme cela personne n’avait honte d’en cueillir les fruits …quand nous en laissions à même les branches. Je me rappelle des amis de mon père qui parlaient français aussi bien que monsieur David. Monsieur Bouguermouh Mahmoud, monsieur Ouahrouche Amar (directeur d’école) et monsieur Iberraken Saïd, qui venaient de temps en temps saluer le chef de gare exceptionnel qu’il était. C’était la manière kabyle de lui faire comprendre qu’il faisait partie du village, de la tribu. Mais monsieur David préférait de loin les visites éclairs de mon père dont il se sentait très proche, on verra plus loin pourquoi. Chacun était conscient de ce coin de paradis et de son gardien originaire de Bougie depuis l’Antiquité. Quand il coupait les fleurs de son paradis, c’était pour en faire profiter tout le monde : il les mettait dans la salle des voyageurs où chacun pouvait les admirer et en sentir le parfum. La gare d’Ighzer Amokrane, ce n’était pas une simple gare où les voyageurs passaient et repassaient indifférents au gré des allées et venues des trains ; oh que non ! C’était un jardin où chacun pensait qu’il y avait une fleur, un oiseau ou un arbre qui lui appartenait un peu. Monsieur David avait compris ce qu’était le bien collectif dans l’ancienne Kabylie (ssbel), bien commun à partager par tous. C’est pour cela qu’il nous disait : « faites attention au jardin, tout cela est à vous, ce n’est pas à moi ! » nous n’étions pas peu fiers de nous savoir propriétaires d’une gare si magnifique qui ressemblait à un petit paradis. Un jour … une nuit … on frappait à notre porte en criant. J’entendis mon père qui bondit de son lit en disant à maman : « c’est la voix de monsieur David ! » Mon père alluma une lampe, sortit dans la cour pour ouvrir la porte. Face à nous, le visage de monsieur David, apeuré, terrorisé qui répétait en bégayant : « La gare brûle ! La gare brûle ! » Mon père traduisit à ma mère : « ils ont brûlé la gare ! » Nous sortîmes dehors pour assister à un spectacle déchirant : un énorme incendie était en train de dévorer, d’anéantir notre petit paradis, la gare d’Ighzer Amokrane ! Cela fait maintenant plus d’un demi-siècle… Ighzer Amokrane n’a toujours pas de gare… A la place du parc – du petit coin de paradis – un amas d’ordures, une décharge de bouteilles de vin et de canettes de bière : un endroit de désolation !

Ne restent plus – mais pour sûr, pas pour longtemps ! – que trois malheureux eucalyptus qui se souviennent – oui ! Les arbres ont une mémoire ! – de ce coin de paradis qui a laissé place à un coin d’enfer où même les trains ne s’arrêtent plus !

Trois grands arbres majestueux que certains se dépêcheront d’abattre … pour les revendre, une fois morts, sous forme de bois secs et de planches sans souvenir ni mémoire.

Et personne ne sait ce que monsieur David est devenu… Joyeux Noël, monsieur David ! Nous ne vous avions jamais oublié !

Publié par : youcefallioui | décembre 18, 2014

Hommage à Myriem – Urawen i Meriem – De la vie au conte…

Azul a Myriem !

De la vie au conte et du conte à la vie

Votre témoignage m’a touché au plus profond de moi-même. Je le reçois comme l’hommage des hommages – Urawen n Wurawen, akken qqaren Imgharen. Je vous remercie pour tous ces mots justes et cette recherche certaine, déterminée et juste que vous menez aussi bien en Kabylie qu’en France. Vous ne pouvez savoir ô combien je me suis retrouvé dans tout ce que vous avez dit. Je me revoyais – image après image – dans le cheminement que vous aviez mené au cours de votre vie. Le même chemin semble avoir été emprunté par nos petites jambes d’enfants. En vous lisant, je me suis surpris à me dire qu’il fallait peut-être que j’écrive quelque chose sur cette enfance brimée et déchirée par certains événements comme la guerre d’Algérie ; mais à côté de ces souvenirs de guerre – mon père nous appelait « les enfants de la guerre » – à côté de ces années où la peur m’était chevillée au corps, car j’étais un enfant très sensible, qui avait peur face à la mort que je voyais tous les jours ; mais à côté, disais-je, il y avait ces veillées autour du kanoune ; ces veillées magiques où mon doux père me prenait dans ses bras quand mes tantes ou ma mère racontaient… Je me réveillais toujours dans mon lit en m’étonnant de ne pas me souvenir du moment où – emporté par la voix douce et merveilleuse de la conteuse, souvent celle de ma mère – je m’étais endormi. Je me réveillai un peu frustré de ne pas avoir tenu les yeux ouverts pour entendre le conte dans sa totalité. Alors, la première chose que je demandai à ma mère ou à Nnana Wnissa ou à ma grand-mère c’était de revenir sur le conte et de nous le raconter de nouveau… Ma grand-mère disait : « Toi, tu n’es pas comme les autres enfants : tu n’écoutes pas les contes mais tu les bois ! » Sur le moment, je ne comprenais pas ; il a fallu que j’avance dans l’âge, que je fasse des études en sciences sociales, que je fasse des recherches sur ma langue et ma culture – surtout sur le conte, les mythes et les énigmes – pour que je saisisse enfin le sens que ma grand-mère voulait donner au verbe « boire les contes ». Je les ai bus comme jamais un enfant ne les avait bus : je m’en étais imprégné au point de faire face aux horreurs de la guerre et aux injustices que cette Algérie – qui a manqué toutes ses promesses – m’avait faites ainsi que la jeunesse kabyle et notamment à ses filles et ses femmes. Bien des années après, je m’étais rendu compte que l’enfant très sensible que j’étais – ma mère me grondait en disant : « Tu pleures comme une petite fille ! » Heureusement que mon père était là ! Il me disait : « Tu es très intelligent et courageux ; il est normal que tu sois si sensible ! » Il avait su me dire les mots qu’il fallait à chaque fois, des mots qui me consolaient et qui me permettaient de ne pas trop souffrir de ma sensibilité que beaucoup autour de moi considéraient comme de la sensiblerie qui n’a pas lieu d’être surtout pendant la guerre où des hommes étaient torturés, étaient massacrés, dans les corps étaient exposés au stade comme si c’étaient simplement des animaux sauvages. Alors que c’étaient le fleuron de la jeunesse kabyle qui se sacrifiait pour que l’Algérie devienne libre ; une Algérie qui était tellement kabyle à l’époque, car la Kabylie était le fer de lance de la révolution algérienne. Je me souviens quand ma grande soeur Zahra s’habillait comme un homme et partait la nuit à la recherche de son mari et de me frères qui étaient au maquis pour leur apporter à manger. Elle chaussait des chaussures qu’on appelait « les palladiums » et elle mettait sur elle un manteau qu’on appelait « Le cache-poussière » et elle changeait sa coiffe en mettant son foulard comme les bandas de maintenant… avant de disparaître dans la nuit… Je me souviens du jour – où du haut de mes 8 ans – ma mère me demanda de faire la même chose : apporter à manger à mes frères en zone interdite – Arch des Awzellaguen et une partie de l’Akfadou – alors que nous étions réfugiés dans l’arche des Illoulènes. J’étais paralysé ! Ma mère me dit alors sévèrement : « Tu veux qu’ils meurent de faim ! » Je me souviens avoir fait le parcours en me racontant le conte de l’ogresse qui avait inventé la guerre ! Je n’en reviens toujours pas que le petit garçon si sensible et si peureux ait pu faire certaines choses alors que les bombes tombaient, les avions bombardaient… Je suis incapable de l’expliquer aujourd’hui, sinon par l’amour et la tendresse dont nous étions couverts pendant la prime enfance… ce qu’on appelle en psychologie « la sécurité psychique ». C’est cela ! Grâce aux contes, j’ai eu en moi la sécurité psychique qui remplaçait ma sensibilité par un courage qui m’étonnait moi-même !

Quand j’ai vu mon père se faire torturer… Quand j’ai vu mes frères – mes cousins – et mes oncles morts au champ d’honneur pour que l’Algérie vive libre, indépendante et démocratique… je ne pensais pas que les Kabyles seraient mis à l’écart… Quand je visite mon village – Ibouzidène – encore en ruines comme les 15 villages des Awzellaguènes – je me dis que ce n’est pas juste… que les Kabyles ont vécu la plus grande injustice qui soit, surtout ses filles et ses femmes… Aujourd’hui, ce qui nous fait, ce qui fait de nous un peuple – notre langue – est malmenée. Certains parents refusent de donner l’autorisation à leurs enfants de fréquenter les cours de tamazight… Ils oublient que des centaines et des centaines de jeunes sont tombés pour cela… Quand en 1962, nous fumes envahis par des Arabes d’Orient – Egyptiens et Syriens et Palestiniens – nous n’avions pas le droit de parler notre langue à l’école – le Kabyle était interdit : j’ai été sauvagement battu pour avoir oser tenu tête aux instituteurs français… Mais j’ai été battu par un Arabe – après l’indépendance de l’Algérie ! – pour les mêmes raisons : avoir parler en kabyle en classe !! Vous voyez, tout est dans les contes ! A chaque fois qu’une injustice m’arrivait, je me revois aussitôt dans un conte où nos grands-mères avaient raconté un sujet analogue… C’est la magie du conte que de permettre à l’enfant kabyle de se surpasser, de se battre de voir l’avenir éclairé malgré l’arabisation bête et méchante qui mène vers le stade le plus bas ou le plus haut de l’aliénation : la réification. On veut nous tuer en nous faisant disparaître imperceptiblement… et les Kabyles glissent doucement vers la fin, car ils ne savent pas l’importance de leur langue et de leur culture… Mon père disait : « Un seul conte kabyle vaut tous les livres du monde ! » A l’époque, je pensais qu’il exagérait. Aujourd’hui, je me rends compte ô combien il avait raison ! Sans sa langue, le peuple kabyle va disparaitre. Et nos enfants se diront Arabes d’ici 50 ans ! Car quand une langue se meurt, son peuple disparaît. Voilà, ma chère Myriem, pourquoi j’ai mis toutes mes forces dans la culture orale de nos mères et nos pères, car notre langue est dedans, notre vie est dedans et tout notre sens et nos rêves sont dedans… « Un seul conte et vous vivez tous les mondes à la fois ! » Me disait mon ami et défunt maître le docteur Joseph Gabel, grand spécialiste de l’aliénation.

Je me souvient de ce conte de ma mère qui parle d’une petite fille qui voulait aller à l’école. Dans le conte, il est dit : »Elle allait au temple ». C’est d’ailleurs le seul conte que j’ai recueilli auprès de mes parents où il est question de filles qui vont à l’école. Cette petite fille qui s’appelait Nnda  » La Rosée » devait payer très cher sa volonté de chercher le savoir. Un corbeau n’arrêtait pas de la suivre : c’est le visage de la mort. Elle perdit ses parents et la mort ne cessa de la tourmenter du seul fait qu’elle veuille se libérer, savoir et acquérir sa liberté de jeune fille pleine et entière. Dans mes moments de doute et de peur, je pense souvent aussi à ce conte. Bien que je sois un garçon, je me suis souvent identifié à cette petite fille qui s’était battue pour que la vie lui cède et lui accorde sa chance. J’ai raconté ce conte dans l’un de mes plus beaux livres sur la condition de la femme – à travers le conte – qui a pour titre « L’oiseau de l’orage » – Afrux U-bandu.

Aujourd’hui, j’en suis encore aux contes – je suis en train d’écrire la vache des orphelins qu’une dame me demande en me faisant le reproche suivant : « Vous avez oublié « La vache des orphelins ! » Tettud Tafunast Igugilen ! » C’est un peu pour elle, pour vous, pour ces enfants kabyles qui me sourient parfois dans la rue en plein Paris que j’écris mon 5ème livre sur les Enigmes tant ce genre littéraire nous éclaire sur tous les autres genres littéraires kabyles. J’en veux pour preuve le message d’un jeune prénommé Yanni dont la grand-mère m’avait envoyé une énigme en signe d’hommage pour tout ce que j’ai écrit sur notre culture… Mourrons-nous bêtement, après cela ? Je crois que les kabyles et les Imazighen en général finiront par s’emparer de leur langue et de leur culture comme le trésor infini qui vient de la nuit des temps, du temps du grand Massinissa – Masensen – et du résistant Yugurten… D’autres ont suivi, d’autres se sont sacrifiés ; et quand ils ne sont pas assassinés, ils sont voués à l’exil… Je n’oublierai jamais ma rencontre avec le professeur Mohammed ARKOUN – philosophe kabyle – mort en exil tout comme Slimane Azem et bien d’autres encore – Cette rencontre m’avait transformé : je sentais comme une lumière me saisir au coeur à chaque que je le voyais… Et le professeur Arkoun est enterré au Maroc !

Il faut que les Kabyles se réveillent et prennent conscience en tant que peuple… Commencer par acheter une bibliothèque et y mettre chaque mois un livre qui parle de nous, de notre langue, de notre culture, de nos mères qui ont permis que nous puissions encore aujourd’hui puiser dans ce trésor infini qu’est la culture kabyle… Un peu comme cette métaphore qui fait référence à l’énigme : une braise qui éclaire toute la maison : Yiwet tirgit teccur axxam ! Comme c’est beau ! Sommes-nous capables de telles créations aujourd’hui ? Il s’en faut de beaucoup tant la langue kabyle est blessée car on ne la parle plus : je veux dire on ne fait plus attention à elle… Un trésor vivant qui souffre de se sentir chaque jour délaissé au profit de mots étrangers qui ne veulent souvent rien dire… Notre langue recèle en son essence tellement de racines vivifiantes. Je me  rappelle notamment de cette facilité avec laquelle mes enfants ont parlé une langue si difficile comme l’allemand : c’est la langue kabyle qui leur a permis cela. Que les parents kabyles se réveillent un peu et se disent que s’ils veulent que leurs enfants réussissent, il suffit d’un peu de mots  de la langue de leurs ancêtres : tamazight.

J’espère vous avoir rendu un hommage un peu à la mesure du vôtre. Avec tout le respect fraternel qui m’habite. Ar tufat, lehna tafat fell-am de wid aâzizen fell-am. YA

Publié par : youcefallioui | novembre 15, 2014

DE QUELQUES JEUX DANS LA CITE KABYLE – TURART DEG IGHREM N TMAWYA

NB : Plusieurs articles sur mon blog ont été écourtés ou supprimés par moi. D’aucuns se permettent de me « pomper », sans même avoir la délicatesse de me citer. Je sais que, comme disait si bien Louis-Jean Calvet, « C’est comme ça que les hommes et la science avancent » ; mais il y a des limites ! Quand de petits étudiants s’érigent en historiens et en spécialistes de la culture berbère, alors qu’ils n’y connaissent rien ni à l’histoire et encore moins à la culture… Ne reculant devant rien, c’est avec le « Nous de majesté » qu’ils aranguent les foules…

Pour les lecteurs qui ont besoin d’informations, je suis prêt à leur donner ce qu’ils veulent.

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Publié par : youcefallioui | novembre 6, 2014

AKFADOU OU LE MAL DE VOIR

AKFADOU ou le mal de voir – Akeffadu d wadhu…

Comme je me suis engagé, je reviens sur les propos de Mohand Waâli ou Massine (dans le courriel) à propos de mon absence à la manifestation d’Akfadou.

Résumé des faits :
Je suis en vacances en Kabylie. J’étais au jardin. Voilà que quelqu’un m’appelle. Je décroche. C’est l’adjoint au maire d’Ighzer Amokrane. Il me dit que le maire, en personne, souhaitait me voir. C’est assez urgent, ajoute-t-il. J’avoue avoir cru qu’il s’agissait de quelque chose de grave qui touchait mon village, un ami ou ma famille.
Je lui dis que j’étais libre et que je les attendais chez moi. Ils viennent en compagnie de mon ami Hakim Iberraken qui connaît bien la maison. Je les accueille. Je les fais entrer.
Je leur prépare un café et un jus. Une fois bien assis, Rachid, le maire, prend la parole et me dit : « Je suis contacté par l’Association d’Akfadou qui organise une grande manifestation et ils voudraient te voir parmi pour faire une conférence. »
Ma réponse : « Je ne connais pas les responsables de cette Association, mais comme ils passent par toi, je ne puis dire que oui ! » Je le vois soulagé.
Je lui dis : « Je vais réfléchir à quelques thèmes et je te les communiquerai demain. »
Le lendemain, je lui communique trois thèmes : « Les problèmes économiques en Kabylie à l’heure de la mondialisation », « Les Institutions traditionnelles kabyles et le Mode de Production Kabyle (MPK) », thème qui a fait l’objet de mon doctorat d’économie.
Et comme troisième thème, je propose « Le conte kabyle comme élément constructif de la sécurité psychique de l’enfant (kabyle). »
Le lendemain, le maire m’appelle pour me dire : « Les responsables de l’Association d’Akfadou souhaitent que tu fasses une conférence sur ton itinéraire de militant amazigh ».
La veille, j’ai déjà dit à mes trois amis qu’un thème pareil – récurrent chez les Kabyles – m’intéressait peu. Mais, qu’à cela ne tienne, on va aller dans le sens des responsables de cette Association !
Comme je n’ai pas d’ordinateur ni d’imprimante, Arezki – monsieur Bakhouche – me fait l’honneur de m’accueillir dans un bureau de la bibliothèque municipale où je dispose du matériel nécessaire pour écrire et imprimer ma conférence. Cela me prend presque toute la journée. A cause de cela, nous sommes arrivés en retard à l’invitation de notre ami Ouali Zahir.
L’Association d’Akfadou m’indique dit que j’interviendrais à 15h. Ce que je souhaitais également. C’est l’heure à laquelle les gens peuvent se rendre aisément sur les lieux.
Deux jours avant la rencontre, voilà que le maire m’appelle. Sa voix est « en reculade ». Il paraît bien gêné. Patatras ! Les responsables de l’Association veulent que tu interviennes tôt le matin : à 10h ! »
Je lui réponds : « Qui m’écoutera à 10h, puisque les gens seront en train de dormir !?
Je compris – et lui aussi – que l’Association nous (me) fait comprendre « maladroitement » qu’elle ne souhaite plus que j’intervienne ! Sans donner les raisons !
Le lendemain, le maire m’appelle quand même pour me dire ce que je pensais de cette invitation à 10h. Je lui réponds que cela m’a permis de penser que je ferai une grasse matinée ! Il est soulagé ! Je suis calme car il s’attendait à quelque chose d’autre, connaissant mon caractère.
Pourquoi m’ont-ils invité ? Je comprends mieux alors puisque vous parlez de « pressions » qu’on aurait exercées sur les responsables de l’Association pour que je n’y assiste pas. Je pensais pourtant avoir à faire à des gens d’Akfadou, avec tout ce que ce nom représente pour moi et les miens. Mais, je me suis trompé et ce n’est pas la première fois que je me trompe sur certains Kabyles.
Nous nous sommes arrêtés là.
Mais, l’Association – je veux dire ses responsables – n’ont pas eu l’honnêteté de signaler que je ne participe plus à leur manifestation. Ils ont maintenu mon nom parmi ceux des participants. Et moi, par délicatesse, je n’osais dire aux gens qui voyaient ainsi mon nom, que je n’étais pas intervenu ! Faire preuve de délicatesse avec des gens sans savoir-vivre est une erreur, que malheureusement il m’arrive souvent de faire !
Qu’ont pensé certains invités et intervenants ? Que j’ai peur de les rencontrer ! J’ai donc peur de la confrontation (selon vous) et je ne vois pas avec qui me confronter ! Et quand bien même, s’il y avait confrontation, les gens qui me connaissent savent plutôt que j’aime cela ! Et que ayant le respect de chacun, je n’ai jamais peur de personne ! C’est de famille ! Dans ma famille, seules la gentillesse, le respect et la modestie nous impressionnent ! Vous pouvez le dire à ceux qui me déjugent avant de me connaître.
Peur de la confrontation ? Avec qui ? Je pense – dusse ma modestie en souffrir – que personne ne peut me faire peur tant du point de vue linguistique que scientifique ! Bien au contraire, rompu à la joute oratoire depuis mon enfance, j’aurais été heureux d’avoir quelqu’un qui veuille « se frotter » à moi et notamment dans notre belle langue, puisque vous dites que c’est à cause de cela que vous regrettiez que je ne sois pas parmi vous !
Je pense donc que les responsables de votre Association manquent non seulement de courage, mais également d’élégance et j’oserai dire d’honnêteté. Pour moi, ce sont des gens malhonnêtes et sans paroles ! Pire encore, en faisant croire que j’ai refusé d’intervenir, ils me font passer pour quelqu’un qui ne ressemble en rien à ma personne. ! Qu’ils descendent un peu vers Awzellaguen et qu’ils questionnent les gens sur ma famille, mon père, mes frères et ils sauront de quel bois kabyle nous sommes faits ! Autrefois, nous allions le chercher dans Zen – forêt d’Akfadou – ce nom prestigieux auquel les responsables de « votre Association » ne font aucunement honneur !
Quant à l’animateur que vous citez – et dont je tairai le nom par délicatesse – s’il me connaissait un tant soit peu, il n’aurait jamais cru que je me suis « défilé ». Akken qqaren s teqvaylit : « Ammer yi-ssin ad yissin ! « D-acu ur yessin ara… D-ayen is fkan, macci di lgherdh-is, ur yuksan ara ! Axxi kan ad yizmir i yman-is ! Comme il est limité, il pense que je lui ressemble. Comme vous dites le connaître, vous pouvez également l’inviter de ma part à une confrontation avec moi. Et s’il dispose de quelqu’un de mieux placé que lui, j’oserai dire : « Je leur laisse le choix des armes ! » S’agissant de lui personnellement, il ne connaît rien de la science pour qu’il puisse en parler. Vous dites, à ses propos, qu’il se veut garant et prend la défense de gens que j’aurai offensés !
D’abord, de ma vie, je n’ai offensé personne !
Ceux qui me connaissent savent ô combien j’aime les gens et ô combien je les respecte ! Jamais je n’ai offensé quelqu’un de ma vie, s’il ne le mérite pas : s’il ne m’a pas manqué de respect ! J’ai un amour et un respect tellement profond pour ma langue, ma culture et mon peuple, c’est-à-dire tous les Algériens ! D’où mon absence de peur des imbéciles et des ahuris, fussent-ils des animateurs qui se croient (si je vous ai bien compris) en droit de « protéger ceux que j’aurai offensés ». Mais, en revenant à notre chère langue kabyle : « Un chat ne peut donner l’asile ou protéger un lion ! » (Amcic ur ittak laânaya i yizem !) Donc, cet animateur est mal placé à tout point de vue. Son rôle est d’animer et non pas de se mêler de ce qui ne le regarde ni de près ni de loin ! Akken neqqar s teqvaylit : « Teghli teslent g’Illulen thuz yiwen d-Amlikec !

Maintenant, s’il m’est arrivé de dire quelque chose d’inconvenant qui aurait touché quelqu’un, je dispose d’assez de sagesse et de force de caractère pour présenter mes excuses les plus sincères à cette ou ces personne(s). Je parle de personne qui n’ont pas dit ou écrit de contrevérité sur la Kabylie et les Kabyles. Pour les autres, je maintiens ce que j’ai dit à propos, notamment, de l’ethnologie coloniale. L’Algérie est indépendante depuis plus d’un demi-siècle, il faut que ces gens le sachent une fois pour toutes. Que la Kabylie qui a payé chèrement sa participation à cette indépendance n’a pas besoin d’eux !
Je ne pense pas avoir un jour manqué de respect à quelqu’un. Car dans ma famille le respect est la pierre angulaire sur laquelle nos parents nous ont éduqués, filles et garçons. A ce titre, nous n’avons peur de personne et à plus forte raison quand il s’agit de se confronter à quelqu’un dans notre chère et douce langue que mes parents et notamment la sommité qu’était Mohand Améziane Ouchivane, mon père, avaient fait en sorte que nous en possédions une parfaite maîtrise dont les exemples sont fort rares à travers la Kabylie et le monde !
Des gens m’arrêtent souvent dans la rue pour me féliciter de mon travail et de mes interventions sur BRTV ou Youtube… ou en public aussi bien en France qu’à l’étranger. Je pense souvent à ceux et celles qui me congratulent avec gentillesse et respect… Je pense qu’ils savent ô combien je les respecte et ô combien mon amour pour eux et pour ce trésor qui nous réussit et qui est notre langue maternelle est sincère et puissant. A tous ceux-là et tous les autres, s’il m’est arrivé de dire quelque chose qui ne leur convienne pas (à mon insu : je ne suis pas infaillible, il m’arrive de me tromper comme tous les hommes), je les prie humblement de me pardonner.
J’ajouterai que je suis père de famille et que j’élève mes enfants dans la dignité et la probité ; dans la droiture que mes parents et mes ancêtres nous ont léguées. Si tout cela ne suffit pas à ceux qui m’en veulent injustement – ou par maladresse – alors je puis dire qu’ils n’ont rien compris à la personne que je suis.
Voilà, mon cher Mohand Ouali At Moussa (si c’est votre véritable nom) tout ce que je peux vous dire à propos de ma non-venue à la manifestation d’Akfadou.
Je n’ai rien voulu écrire avant que vous ne m’ayez incité à le faire par respect pour mes amis… dont le maire et son adjoint qui croyaient faire œuvre utile en répondant avec toute la limpidité et la transparence ainsi que le respect qui les habitent en me transmettant l’invitation de l’Association d’Akfadou, laquelle Association (je veux dire ses responsables) avait manqué beaucoup de considération à leurs égards. Des responsables malhonnêtes, peut-être pas ! Mais maladroits et inconsidérés, oui ! Manquant de courage ? Doublement oui !
Au-delà de ma personne, c’est toute-là ma déception et elle est profonde ! Mais comme disaient les Anciens : « C’est le manque de kabyle qui tue la kabylité » (D lqella n teqvaylit i’gneqqen taqvaylit !)
PS : Dusse (encore une autre fois ma modestie en souffrir), puisque votre frère me connaît, il vous dira aussi ceci : « Quand j’arrivais dans le couloir de l’Institut, à ma vue les étudiants se taisaient par respect… parce que j’étais non seulement un bon enseignant, mais un enseignant respectueux.»

Publié par : youcefallioui | octobre 26, 2014

Mon père… Quand l’amour et la gratitude l’emportent sur la mort !

DES FEMMES DE MA TRIBU… APRES LA MORT DE MON PERE

Il est étonnant comment après la mort de mon père, je m’étais mis à analyser (presque inconsciemment) les caractères de tous ces hommes ingrats proches ou éloignés qui léchaient la main de mon père afin de mieux nous mordre une fois sa disparition.
Mais dans leur majorité, les gens de ma tribu – Awzellaguen – se montrèrent exemplaires. Ils étaient et continuent d’être reconnaissants.
Les plus braves sont sans aucun doute les femmes. Mon Dieu, quelles femmes ! Tant de sagesse, de savoir, de modestie et d’abnégation ! Tant de beauté accompagnée de rires sonores ! Tant de courage et de reconnaissance ! Tant d’amour que seule mes parents pouvaient me témoigner ! Je découvrais enfin pourquoi mon arrière-grand-mère disait de la femme : « Elle est le soc de la terre qui creuse les sillons qui enfantent et nourrissent les hommes ! » ; « Un pays ne connaîtra jamais le printemps, si la femme ne vit pas dans le bonheur et le respect. » Autant de formules où l’avenir d’un pays ne se lisent que dans le regard de la Femme !

Quand, ma mère et moi, étions face aux travaux des champs, les voilà qui arrivaient chaque matin aux aurores, avec leur bonne humeur et leur fraîcheur, pour se mettre à l’ouvrage à nos côtés. Elles faisaient tout pour que je fasse le minimum… L’une d’elle, notamment Nna Jedjiga Ihaddadène, me demandait toujours d’aller chercher de l’eau ou quelque chose d’autre… pour me laisser me reposer ! J’en avais tellement besoin ! J’avais besoin d’entendre de nouveau leurs voix, leurs rires à gorge déployée tout en parlant de papa et en racontant mille et une anecdotes à son propos, surtout les plus drôles.

En voici une qui resta dans les annales !

Na Jedjiga racontait sans cesse le jour où mon père la surprit en train de se laver au jardin. Ne sachant pas comment se cacher et dans sa panique, elle plongea au contraire dans sa direction pour se mettre dans ses bras. Et mon père qui lui disait : « Ce n’est rien ma fille ! Ce n’est rien ! Tu as l’âge de ma fille Zahra. Je vais retourner d’où je suis venu et je te laisse continuer à te laver ! »
Alors qu’il voulait se retourner pour s’en aller et la laisser seule, elle s’accrochait à lui et ne voulait plus le lâcher ! Alors, mon père se mit en colère et lui dit : « Tu vas me lâcher où je te plonge dans le bassin ! » Rien n’y fit ! Il fallut qu’il laissât sa veste – à laquelle Nna Jedjiga s’accrochait – pour qu’il pût se dégager et s’enfuir d’un pas rapide vers la maison !
Nna Jedjiga ajoutait : « Quand Nna Tawes (ma mère) vit la chemise déchirée de Ddadda Méziane, j’eus peur qu’elle pense qu’il avait essayé d’abuser de moi ! »
En effet, quand ma mère vit cela, elle descendit aussitôt au jardin, car mon père répétait : « Jedjiga Ihaddadène est devenue folle ! »
Elle trouva Nna Jedjiga en train de pleurer de honte ne sachant plus comment oser revoir mon père. Ma mère la rassura en lui disant que papa était un homme pas comme les autres et que lorsqu’il disait que « Jedjiga Ihaddadène est folle », c’était simplement pour signifier qu’elle avait perdu contenance quand il la surprit en train de se laver sur la plate-forme du bassin.
Nna Jedjiga faisait tout pour éviter mon père pendant plusieurs semaines. Mais un matin, elle tomba nez à nez sur lui ! Mon père l’apostropha en plaisantant : « Ô Jedjiga, ma fille !Tu as volé quelque chose ou quoi !? Va prendre un café, va ! Cela te remettra les idées en place ! »

C’étaient autant d’anecdotes qui me faisaient rire et qui me faisaient penser que papa ne nous quitterait jamais, ne me quitterait jamais. Quand je rencontrai quelqu’un de ma tribu, c’était pour faire son éloge… « Il m’avait donné de quoi nourrir mes enfants… » Il est vrai que mon père – au moment où certains profitaient de la guerre pour s’enrichir – donnait tout ce qu’il pouvait donner ! Un jour, ma mère s’aperçut que même la réserve de céréales que nous laissions pour les semaisons n’étaient plus là… Aujourd’hui encore, les gens de ma tribu et notamment les femmes – veuves de guerre que mon père avait traitées comme ses filles – viennent se recueillir sur sa tombe et celle de ma mère, enterrée à ses côtés… Les gens leur témoignent toujours respect et reconnaissance…

J’en aurai la preuve bien des années après, lorsque je quittai l’Algérie pour la France, car je ne supportais plus l’absence de mon père.

Beaucoup de gens – Kabyles ou pas – m’ont soutenu où que je pose mes pieds… Je finis par comprendre (enfin !) une pensée que mon père ne cessait de répéter : « Chaque pays à ses visages, mais Dieu EST partout le même ! » (Yal tamurt s wudmawen-is, ma d Rebbi yiwen i’gellan ! »

J’ai fini par comprendre qu’il me signifiait que partout à travers la terre, je trouverai des hommes et des femmes qui portent au plus haut les valeurs humaines de soutien, de tolérance, de respect et de fraternité !

Nna Jedjiga disait de lui : « C’est bien plus qu’un prophète… il donnait de l’orge et du blé à ceux qui en avaient besoin… ».

Publié par : youcefallioui | septembre 30, 2014

HYMNE A DAMIA – AZDA I DAMYA

AZDA I DAMYA – HYMNE A DAMIA

HYMN HAS DAMIA – HIMNO TIENE DAMIA

 

Lunja ynu tamazight !

Ufigh ablug-ynem ackit ! Ttwaligh d’gem mellihedh yerna t-taddehrant ! Ttwaligh d’gem ttafehhamt yerna t-tamezlit ! Ttwaligh d’gem tellidh iman-iw af ddunnit d wemdhal amzun akken d-itij m’ara d-icreq idhwa ddunnit s yiwen « utilli » ! Kemmi d taqeldunt-ynu tafejjdant i hemmlegh deg’fud n wul-iw – ikkatten fell-am yal ardeqal seg wassmi i d-tluledh ar ddunnit. Hemlegh-kem s lqid n tasa-w – i ggaren di nnefs am uzuzbu n rrhuh d lehcaca n tudert-im i tebghidh a-t neqqredh yess yal ass i ttnunuten. Wlac awal izemren a d-yessufegh nagh a d-yini lehmala d zznaf i ggaregh fell-am.

A-kem Ig Ugellid Ameqqwran – Illu n Imazighen – di tegwnitt wessiên yernu-yam tazmert d lehcaca yessefrahen yakw t-tefrawsa nagh tilelli ara kem igen t-tamettut ihcan mebla zzerb d cckal !

Kemmi d-asefru u-wur izmir yiles !

Aqvayli amnekri. I Tamawya n tafat IS I HEDDRENT TEQCICIN D LXALAT !

 

HYMNE A DAMIA

Ma Princesse amazighe !

Je trouve ton blog génial ! Je te trouve belle et courageuse ! Je te trouve intelligente et subtile ! Je te trouve ouverte sur le monde comme le soleil qui éblouie la terre d’un seul « regard ». Tu es ma princesse adorée et je t’aime de tout mon coeur – qui bat pour toi à chaque instant depuis que tu es venue au monde – et de toute mon âme – qui respire ta joie de vivre et ton envie de marquer de ton empreinte chaque jour qui passe. Rien de tout ce qui peut être dit ne sera suffisant pour signifier l’amour et la tendresse que je te porte.

Je voudrai tellement que toutes les filles kabyles soient libres et heureuses comme toi.

Que le Souverain Suprême – Dieu des Kabyles – te protège et te garde en bonne santé dans le bonheur, la santé et la liberté d’être Femme heureuse et sans entraves !

Tu es le poème qui surprend la langue !

Le Kabyle révolté. Pour une Kabylie des Lumières portée par les filles et les femmes libres et indépendantes !

HYMN HAS DAMIA

My Princess amazighe!
I find your brilliant blog! I find you beautiful and brave! I find you intelligent and subtle! I find you open on the world as the sun which dazzled the earth(ground) of a single « look ». You are my adored princess and I love you with all my heart – which(who) beats for you all the time since you came into the world – and with all my soul – which(who) inhales your joy of life(living) and your desire(envy) to stand out with your imprint every day which passes. Nothing of all which can be said will not be sufficient(self-important) to mean love and tenderness which I carry(wear) you.

I shall want so much that all the Kabyle girls are free and happy as you.

That the Supreme Sovereign – God of the kabyles – protects you and keeps(guards) you healthy in the happiness, the health and the freedom to be happy Woman and freely!

You are the poem which surprises the language !

The rebel kabyle. For Kabylia of the Lights carried by the girls and the free and independent women!

 

 

HIMNO TIENE DAMIA

¡ Mi Princesa amazighe!
¡ Encuentro tu blog genial! ¡ Te encuentro bella y valiente! ¡ Te encuentro inteligente y sutil! Te encuentro abierta sobre el mundo como el sol que deslumbrada la tierra de una sola « mirada ». Eres mi princesa adorada y te quiero de todo mi corazón – que late para ti a cada instante desde que naciste – y de toda mi alma – que respira tu alegría de vivir y tu envidia(ganas) de señalarse con tu huella cada día que pasa. Nada de todo esto que puede ser dicho será suficiente para significar el amor y la ternura que te llevo.

¡ Qué el Soberano Supremo – Dios de los cabilos – te proteja y te guarde en buena salud en la felicidad, la salud y la libertad de ser Mujer feliz y sin obstáculos!

¡ Qué el Soberano Supremo – Dios de los cabilos – te proteja y te guarde en buena salud en la felicidad, la salud y la libertad de ser Mujer feliz y sin obstáculos!

¡ Eres el poema qué sorprende la lengua!

El cabilo rebelde. ¡ Para Cabilia de las Luces llevada por las chicas y las mujeres libres e independientes !

 

Yemma Aâwicha : « Tafsut n tmurt d llwi n tmettut ! »

Mon arrière grand-mère Awicha : « Le printemps d’un pays, c’est la liberté de la femme ! »

My back grandmother Awicha : « The spring of a country, it is the freedom of the woman! »

Mi trasera abuela Awicha : « ¡ La primavera de un país, es la libertad de la mujer! »

 

 

 

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